Chapitre 13

11 4 0
                                    

Les paupières terminées de longs cils de Tomaze, battaient lentement au-dessus de ses yeux marron. Le vampire, étendu sur les froides dalles de pierres, reprenait peu à peu conscience. La forme flou d'un visage se dessinait devant ses yeux encore embrouillés, avant de devenir parfaitement claire. C'était un jeune homme, probablement pas plus âgé qu'une vingtaine d'années. Il était accroupi à ses côtés, le regard perdu dans le vide. Il ne ressemblait à personne qu'il avait déjà rencontré.

Sa peau était légèrement foncée, à la manière des méditerranéens, mais ses yeux étaient bridés. Sa chevelure noire était ébouriffée sur le dessus de son crâne, tandis que ses tempes et l'arrière de sa tête était rasé. Le regard de Tomaze descendit sur le corps de l'inconnu. Ses épaules étaient larges, l'on pouvait percevoir le dessin de muscles secs et fins sous la chemise usée qu'il portait.

— Qui es-tu, souffla le vampire après quelques instants.

Le jeune homme tourna soudain de grands yeux incrédules vers Tomaze.
— Vous... vous êtes en vie ? s'exclama-t-il. Mais votre peau était glacée, votre coeur ne battait plus dans votre poitrine !
— Tu ne peux pas tuer quelqu'un qui est déjà mort, du moins, pas de cette façon.
— Co... comment est-ce possible ?
— C'est une trop longue histoire pour être racontée maintenant, je dois prévenir Éléonore, la femme qui s'est attaquée à moi va certainement s'en prendre à elle.

Tomaze se releva et couru vers la chambre de la vampire, suivit du jeune inconnu qu'il venait de rencontrer. Il poussa vivement la porte, immédiatement éblouie par la lumière qui pénétrait dans la pièce, par le large orifice perçant le mur de pierre et de terre séchée. Se dessinant en ombre chinoise, la silhouette d'Éléonore s'approcha de son serviteur.

— Maîtresse, il y'a une femme dans la ferme. Elle a brisé ma nuque et...
— Je sais Tomaze, le coupa-t-elle sèchement. Je me suis déjà occupé d'elle, son corps gît inconscient dans l'écurie, s'exclama-t-elle en dévoilant à ses yeux, sa robe en lambeaux et maculée de boue. Je vois que tu as un nouvel ami, qu'elle est ton nom ?
— Je m'appelle Thaïs, répondit-il d'une voix peu assurée.
— Tu ne viens pas notre contrée, n'est-ce pas ?
— Euh... Je sais que je ne ressemble pas aux gens d'ici, mais je ne sais pas d'où je viens. Mes parents m'ont trouvé par hasard, abandonner dans un panier au sommet de l'une des collines qui entourent le village.

Le regard d'Éléonore se plissa.
— J'ai déjà vu des gens comme toi ! C'était il y a très longtemps, je n'étais qu'une enfant. Père recevait des dignitaires d'un royaume lointain, une terre au confins du monde connue. Il avait le même regard que toi, la même couleur de peau. En revanche, je ne peux m'expliquer ta présence bébé ici.
— Je ne le peux non plus, souffla-t-il.
— Tu as eu de la chance, tes parents t'ont sauvé la vie, sans eux, tu serais mort de faim ou dévoré par les loups... souffla Tomaze.

Thaïs baissa la tête, son regard s'assombrit et une larme roula sur sa joue.
— Je ne sais pas si je n'aurais pas préféré ne pas être trouvé...
— Pour... pourquoi dis-tu ça ? demanda Tomaze en voyant sa tristesse.
— Ils me forcent à travailler pour eux, ne me paye pas et ne me donne que des miettes à manger... La mort aurait été bien plus douce envers moi.

Une grande émotion s'empara du cœur de Tomaze. Sans qu'il ne réfléchisse, il prit la main de Thaïs entre ses doigts.
— Ils ne te ferons plus de mal et jamais, tu ne manqueras à nouveau de quelques choses, lui promit-il en plongeant son regard dans les yeux du jeune homme.
— Sais-tu conduire une calèche ? demanda Éléonore.
— Je ne sais pas, je ne l'ai jamais fait, mais je sais conduire une charrette à bœufs.
— Ça fera l'affaire. Tomaze, montre lui la berline pour qu'il la prépare, nous partons dès qu'elle sera prête et ramène-moi une nouvelle robe.

Eleonore's SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant