Chapitre 41

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La vieille porte de la minuscule chambre de Lilith se referma avec fracas dans le dos de la sorcière. La jeune femme se hâta dans le petit espace horriblement nauséabond en raison des nombreuses carcasses animales pendues au plafond pentu. Elle alluma une chandelle et s'installa avec le vieux grimoire malfaisant sous son halo rougeoyant. Elle tourna les pages une à une à la recherche d'un moyen de tuer Éléonore.

Lilith savait ses heures comptés, dès que la nuit ensevelirait le village de son obscurité, la vampire la tuerait sans hésiter, elle devait être prête à la recevoir, elle devait frapper la première. Cependant rien de ce que contenait ce livre lui était d'un quelconque secours. La sorcière leva soudain la tête, l'esprit illuminée d'une révélation. Depuis sa découverte du coffre, elle avait parcouru les pages d'un seul livre, combien de sombres savoirs occultes contenait les autres ouvrages entassés dans le coffre.

La jeune femme à la chevelure de la couleur du sang s'élança dans la cave de la ferme miteuse de ses parents, elle souleva la tenture et approcha ses mains pour se saisir du coffre, mais ses doigts ne touchèrent jamais sa surface sculptée. Le renfoncement dans l'épais mur était vide de tout coffre, de tout ouvrage, il n'y avait rien d'autre que l'obscurité.

— Tu as perdu quelque chose ? railla dans son dos la voix de Régine.
— Où est le coffre ? hurla Lilith.

La sorcière traversa la pièce où ses sœurs avaient pour habitudes de recevoir leur clients, en un instant et serra ses doigts autour de la gorge de sa propre mère.

— Alors c'est vraiment toi, c'est toi qui a tué tes sœurs, tout ça pour voler leurs pouvoirs... dit-elle malgré la pression sur son cou.
— Oui chère mère, c'est moi. Je suis puissante désormais, la plus puissante de tes filles !
— J'ai toujours su que tu étais remplie de noirceur, que le mal vivait en toi ! En même temps avec le père que tu as il ne pouvait en être autrement !

— Yvon n'est ivrogne abruti, rétorqua sèchement Lilith.
— Ce n'est pas d'Yvon dont je parle, lui n'a pas plus à voir avec ta conception qu'avec ton éducation.
— Comment ? s'exclama la sorcière prise d'un vif intérêt et de questions. Si Yvon n'est pas mon père, qui est-ce ?

Régine avala sa salive et fixa son regard dans les yeux de sa fille.
— Ton père, c'est le diable, c'est Satan, c'est un démon, c'est un incube ! Il est venu visiter mon sommeil, une nuit pendant laquelle Yvon était absent pour un marché en ville. Je ne l'ai revu qu'une seule fois après ça, quelques jours après ta naissance. Il s'est penché sur toi et a laisser un coffre avant de partir. Je n'ai même pas eu besoin d'ouvrir ces livres pour savoir qu'il contenait d'abjectes incantations, tant leur noirceurs émanaient au travers de leur couverture et du coffre. J'ai immédiatement mis le feu à ces textes diaboliques, je pensais les avoir détruits jusqu'à ce je les retrouve dans le mur.

— Mon père, mon véritable père a laissé ces livres pour moi ? Dis-moi ce que tu en as fais si tu ne veux pas rejoindre Rosaline et Ernestine dans les mains froides de la mort ! menaça Lilith dans un hurlement.
— Je les ai caché quelque part où tu ne pourras jamais les trouver, ce qu'il contienne est bien trop diabolique pour tomber entre les mains de qui que ce soit et toi en particulier ! cracha Régine loin d'être émue par les menaces de sa fille.

Un grognement à peine humain jaillit de la gorge de la sorcière, celle-ci serra un peu plus encore ses doigts autour du cou de sa mère et la pressa contre le mur de la cave.

— Je n'ai pas le temps de jouer à tes petites devinettes, si je n'ai pas ces livres je vais mourir cette nuit !

Un éclat de rire s'empara de Régine.
— Tu n'as plus que quelques semaines à vivre de toute façon, cela ne fera que rendre tes souffrances moins pénibles !
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Tu te prétends sorcière, mais tu ne connais rien à la sorcellerie ! Tu crois que le pouvoir est quelque chose dont on peut se servir à notre guise ? Tu te trompes, plus tu uses de tes pouvoirs, plus tu affaiblis ton corps. Regarde tes veines, ton corps meurt petit à petit, si tu continues à ce rythme tes cheveux vont tomber, tes dents vont se déchausser et ta peau va se rider à tel point que tu ressembleras à une vieillarde avant même d'avoir fêter ton prochaine anniversaire !

Eleonore's SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant