Chapitre 45

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Les paupières teintées d'un fard bordeaux d'Éléonore s'animèrent d'un faible battement au-dessus de ses iris de la couleur de l'émeraude. La vampire ne s'attendait qu'à découvrirent l'épaisse obscurité froide et irrespirable de sa tombe de pierre, mais fut surprise par un éblouissement intense qui l'a rendit aveugle durant de longues minutes.

L'ancienne reine se redressa brusquement, peu à peu, ses yeux s'habituèrent à la clarté et sa vision se fit nette. Elle était étendue sur un lit de feuille morte, rouge et orangée, toujours vêtue de sa poussiéreuse robe bordeaux. Autour d'elle, se dressait de hauts arbres encore parés de nombreuses feuilles aux somptueuses couleurs chaudes de l'automne.

— Où suis-je ? souffla-t-elle tout bas, sans reconnaître ce qui l'entourait.

Éléonore voulut se lever, mais ses muscles encore enlacés par la froide paralysie, l'empêchèrent de se mettre sur ses pieds. Elle tomba à genoux sur les feuilles mortes, essaya de se rattraper à l'arbre le plus proche d'elle, mais sa main s'écorcha contre l'écorce rugueuse du tronc. La femme à la chevelure incandescente serra vivement sa main blessée contre elle. Un frisson la parcourut lorsqu'elle sentit son sang ruisseler sur sa peau. Il n'était pas froid, il n'était pas mort, son sang était chaud.

Éléonore fixa la blessure superficielle du regard, quelques perles vermeilles paraient la fine plaie, mais elle avait beau attendre, celle-ci ne se refermait pas.
— Je suis humaine à nouveau, souffla-t-elle tout bas. Comment est-ce possible...

La reine déchue se leva cette fois avec succès sur ses jambes.
— Si je suis humaine, cela veut dire que je peux mourir... mais peut-être le suis déjà, morte, chuchotait-elle confuse.

Éléonore tourna sur elle-même dans cette forêt sauvage et inconnue, à la recherche du moindre indice sur sa position, mais elle ne trouva rien d'autre que la végétation automnale. La femme à la chevelure enflammée, sentit alors un regard belliqueux peser sur sa peau et fit remonter à sa mémoire une sensation depuis longtemps oubliée, la peur de mourir.

Elle ne pouvait plus compter sur son immortalité pour la sauver, ni sur sa force ou sa vitesse. Avant de savoir qui l'observait dissimulé derrière les hauts arbres, Éléonore se mit en marche dans la direction du soleil. Celui-ci était bas dans l'horizon, il ne tarderait pas à se coucher, mais pour l'heure, ses rayons dorés se frayaient un chemin entre les troncs d'arbres et éclairaient la peau ivoire de la femme, pour première fois depuis si longtemps.

Cette scène avait beau être merveilleuse, l'ancienne reine n'en oubliait pas la présence dans son dos et ne ralentissait pas le pas. Sur son chemin, elle remarquait que les buissons étaient de plus en plus paré d'épine acérées, les arbres possédaient des branches basses qui compliquaient sa progression, le sol se retrouvait percé de racines sèches.

Éléonore n'était pas la bienvenue dans ses bois, cela ne faisait aucun doute. Sa marche rapide se transforma en course, malgré la robe inadaptée et la forêt récalcitrante. Elle courait, sans se soucier des branches basses qui fouettait son visage, ou du terrain accidenté qui semblait se mouvoir sous ses pieds pour la faire tomber.

Inévitablement, ses petites mules en satins et aux hauts talons courbés, se fichèrent dans la terre nouée de racines et la firent chuter lourdement sur le sol broussailleux. Éléonore, face contre terre, pouvait entendre des pas faire craquer, feuilles mortes et brindilles autour d'elle. Elle se retourna vivement sur le dos pour faire face au responsable de tout cela.

La femme à la chevelure flamboyante, comprit alors que ce n'était pas un seul regard belliqueux qui se posait sur elle, mais deux, ceux de Florélia et d'Astra, dressée devant elle. Les deux nymphes s'approchaient d'un pas lent.

Eleonore's SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant