Chapitre 8

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Les rayons argentés de la lune, perçant à peine les épais nuages orageux, éclairaient les faces déformé par une terreur sans nom, des quatre chasseurs en vie. Éléonore se délecta de cette peur qu'elle inspirait à ses ennemis, qu'elle insinuant au plus profond de leurs tripes et qui teintaient leurs sueurs. Les balles fusèrent autour d'elle, mais sans jamais parvenir à l'atteindre.

Elle virevolta avec grâce et rapidité entre les projectiles de plomb que les soldats tentaient de tirer sur elle. Ses mâchoires se refermèrent dans la chair de l'un des chasseurs, ses longs ongles tranchèrent la gorge du second, avant qu'elle ne saisisse le troisième par le col et l'envoi se fracasser le crâne contre le mur de pierre du moulin. Mais alors qu'elle s'apprêtait à supprimer le dernier, un poignard vola devant ses yeux et se planta dans le cœur du chasseur.

Éléonore tourna un regard interrogateur sur l'inconnue. Cette femme, aux courts cheveux argentés et au visage sec, était vêtu d'une longue et légère robe fendue blanche, ajourée de quelques broderies, laissant ressortir la belle couleur caramel de sa peau.

— Merci de votre aide, mais j'avais la situation en main ! s'exclama Olenne en retirant sèchement sa lame du corps du chasseur.
— Je le vois à présent, mais je ne peux résister à l'envie de te tuer des chasseurs lorsque j'en croise !
— Vous... vous êtes une vampire, n'est-ce pas ? fit-elle, ses poings se serrant et ses mâchoires se crispant.
— En effet et j'ai l'impression que cela ne vous enchante guère, répondit l'ancienne reine, méfiante.
— Mon peuple garde un très mauvais souvenir de leur rencontre avec une femme de votre espèce.
— Laissez-moi devinez, vous êtes une louve, comprit Éléonore.

La vampire dissimula son visage derrière un masque impassible. Elle ne savait pas si cette nomade savait qui elle était, mais elle devait être prête à ce défendre si cela était le cas.

— Je suis bien plus qu'une nomade, s'exclama la jeune femme. Je suis Olenne, la sauveuse de mon peuple et sa chef depuis des siècles.
— Vous êtes une sorte d'alpha suprême !
— De telle chose n'existe pas, je laisse cette hiérarchie archaïque aux véritables loups.

Sans prévenir, le cheval d'Olenne hennit bruyamment et coupa les deux femmes dans leur conversation. Le regard d'Éléonore se tourna vers l'animal, il frottait le sol de son sabot.
— J'ai l'impression que votre monture est épuisée, il serait peut-être plus prudent de rester en notre compagnie pour la nuit !

Olenne voulait refuser, mais elle savait que cette vampire avait raison. Elle n'irait pas très loin avec un cheval affamé.
— Très bien, mais que faisons-nous de ces hommes ? Si on laisse leurs corps ici, cela va attirer l'attention sur nous, dit-elle en désignant les cadavres des chasseurs.
— Ne vous en faites pas pour cela, Tomaze va s'en occuper.

La nomade confia les brides de son cheval à Albéric et suivit la femme à la chevelure enflammée dans les ruines du moulin. La lumière rougeoyante des torches éclairait l'intérieur du vieux moulin à eau, sans toutefois nuire à son agréable fraîcheur qui contrastait avec l'atmosphère lourde et humide de la nuit orageuse.

— Qu'est-ce qu'une femme si importante que vous fait ici, si loin de son peuple ? demanda Éléonore, les flammes dansant avec les ombres sur son beau visage ivoire.
— Il y a deux siècles, mon peuple s'est déchiré à cause de la malédiction qui nous a été jeté. Certain on suivit l'un de mes fils dans le nord du continent et s'y sont installés, mais d'autre sont restés dans le royaume et vivent en ermites dans les forêts, ou mélangées aux humains. C'est pour leurs descendants que j'ai pris la route seule, pour les ramener avec les leurs. Ils sont en danger avec les hommes, les chasseurs sont partout et nous traquent.
— Il fait nuit, comment pouvez-vous ne pas vous transformer ?
— Cela m'a demandé trois vies pour parvenir à contrôler ma propre transformation, grâce à de la méditation et des décoctions de plantes et il m'en fallut dix ans de plus pour l'enseigner à mon peuple. C'est également pour cela que je veux retrouver les miens, pour leurs apprendre à se maîtriser.
— C'est une démarche très noble, mais aussi extrêmement laborieuse.
— J'en ai conscience, mais c'est ma destinée, expliqua-t-elle. La fatigue me prends et j'ai une longue route qui m'attends demain, je vais aller me reposer.
— Je vous en pris, souffla Éléonore.

Eleonore's SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant