Chapitre 42

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— C'est impossible... tu ne peux être en là, tu ne peux pas être en vie !
— Je ne le suis plus, par ta faute ! gronda l'ancienne domestique de la famille Aragon. Tu m'as tuée et désormais je te hante !
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Je ne veux que te faire souffrir, je veux me venger de ce que tu m'as fais ! hurla Adrastée. Je tuerai tous ceux qui t'approchent jusqu'à ce que tu mettes toi-même fin à tes jours !
— Je ne te laisserais pas faire ! cria la louve.

Olenne se saisit de son poignard et le lança sur l'apparition d'outre-tombe. L'arme virevolta dans la clarté de l'aurore, tout droit dirigé vers Adrastée, mais alors que la lame allait se plonger dans le corps de la jeune femme, l'apparition disparue. Se dévoila alors juste derrière elle, Asterios. Le poignard atteignit le jeune homme aux longs cheveux bruns en pleine poitrine, à l'endroit même où Adrastée avait été mortellement blessé.

— Non ! hurla Olenne du cri le plus déchirant qu'elle n'avait jamais poussé.

La louve se rua au côté de son compagnon.
— Tu ne devrais pas être ici, pourquoi es-tu là ! gémissait-elle.
— Je... je m'inquiétais pour toi... tu ne nous as plus envoyé personne depuis des jours... alors j'ai pisté ta trace... j'avais peur qu'il te soit arrivé quelque chose... articula Asterios avec peine.
— Ça va aller, on va te soigner, tu vas guérir, tenta de se convaincre Olenne.

Malgré ses paroles rassurantes, les paupières du nomade se refermèrent sur ses yeux bruns pour ne jamais s'ouvrirent à nouveau. Alors que les larmes inondaient déjà ses joues, les rires d'Adrastée résonnaient dans l'aurore.

Olenne n'avait pas bougé depuis plusieurs heures, elle était restée là, prostrée aux chevets de l'homme qui partageait sa vie depuis plusieurs années. Ses larmes n'avaient toujours pas séché, lorsqu'elle sentit une présence derrière elle.
— Adrastée... se souffla-t-elle à elle-même. Elle est venue se moquer de mon malheur...

Les poings de la louve se serrèrent, elle se redressa lentement et se jeta sur celle qu'elle pensait être Adrastée. La jeune femme bondit bien sur quelqu'un, mais ce n'était pas la fille de Ludolphe, mais la projection astrale de Lilith. Olenne traversa l'apparition et s'écrasa par terre.

— Je ne m'attendais pas à un tel accueil ! s'exclama Lilith.
— Vous n'êtes pas... vous êtes la femme du cimetière ! Vous aussi vous m'avez suivie de votre village maudit ! s'exclama sèchement la jeune femme.

Olenne se releva douloureusement, ses muscles étaient endoloris par ses longues heures d'immobilité.

— Je ne vous ai pas suivis, je comprends que ce n'ai peut-être pas le meilleur moment, fit-elle avec un regard sur le dépouille d'Asterios. Mais j'ai besoin de vous ! J'ai fait un pacte avec Éléonore, malheureusement je ne suis pas en mesure d'honorer ma part de notre marché...
— Ne vous fatiguez pas plus, je ne retournerais pas dans ce village, pas tant que mon peuple ne sera pas suffisamment puissant pour anéantir cette femme !
— Je ne vous demande pas de venir avec moi, lors de notre dernière rencontre vous avez dit que votre peuple avait déjà réussi à l'affaiblir ! Dites-moi comment vous avez fait !

Olenne fixa la jeune femme à la chevelure de la couleur du sang qui lui faisait face.
— Je ne dévoile pas mes secrets si facilement d'habitude, mais je pourrais avoir besoin de votre aide moi aussi, vous êtes une sorcière n'est-ce pas ?
— Je serais ravie de vous aider si vous donnez ce que je veux.
— Depuis que j'ai quitté votre village, une jeune femme me suit et me tourmente.
— Cela ressemble à une dame blanche, savez-vous qui elle est ?
— Oui, c'est Adrastée, la domestique de la famille Aragon, elle était devenue incontrôlable, je n'ai pas eu d'autre choix que la tuer... Avant de mourir, son père, qui lui était un loup-garou, m'a dit que la mère de sa fille était une sorcière.

Eleonore's SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant