Chapitre 21

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Le soleil brillait encore de tous ses rayons brûlants dans le ciel, mais entamait sa lente disparition dans l'horizon bosselé de collines. Dans la ferme miteuse, Régine, son mari Yvon et les deux sœurs sorcières terminaient leur repas sous le froid regard envieux de Lilith. Dès qu'ils eurent finit leur assiettes, cette dernière s'empressa de débarrasser la table avant que la vieille femme ne lui reproche de ne pas être assez rapide.

Sans prêter attention au désobligeante remarque que faisait ses deux parents sur elle, la jeune femme à la chevelure de la couleur du sang réfléchissait encore au moyen le plus sûr d'attirer l'une de ses sœurs loin du village. Ensembles, elles étaient trop puissantes pour qu'elle puisse tenter quoi que ce soit, même avec le soutient d'Éléonore et il lui fallait un endroit éloigné de toutes habitations.

Le lac lui avait paru être l'endroit parfait, il était entouré de forêt, il n'y avait aucune maison sur ses rives et personne ne s'y risquait à la nuit tombée, mais comment faire pour que Rosaline ou Ernestine s'y rende seule.

— Lilith, lorsque tu auras fini de débarrasser tu iras chercher de l'eau à la fontaine ! lui ordonna sèchement Régine.

La jeune femme hocha la tête, une petite marche l'inspirerait peut-être. La sorcière sans pouvoir prit un seau en bois et descendit le petit chemin terre jusqu'à la rue principale. La fontaine se tenait juste à côté de l'embouchure du passage. Alors qu'elle attendait que le récipient se remplisse sous le faible débit du robinet public, elle observa les quelques villageois arpentant la rue.

Son regard se posa sur les tenanciers de l'auberge du village, un jeune couple au teint rougeaud, passa ensuite sur les deux prétentieuses sœurs Rivier aux cheveux d'or qui habitaient la demeure face à la place de l'église, mais après leurs disparitions la réponse à sa question lui apparut. Ses yeux noirs fixèrent la démarche brusque du fils du meunier.

Ce jeune homme avait le même âge qu'Ernestine et avait toujours plut à sa sœur, bien qu'elle n'avait jamais osé lui faire part de ses sentiments, elle avait toujours rêvé qu'il la demande en mariage.

Lilith reprit vivement le seau débordant d'eau et remonta chez elle à la hâte. Alors que Rosaline et sa mère vaquaient à quelques occupations, elle trouva Ernestine seule dans la pièce à vivre affairée à la broderie d'un napperon.

— Ma chère sœur, entonna-t-elle d'une voix doucereuse qui n'inspirait rien de bon.
— Qu'est-ce que tu veux Lilith, répondit-elle sèchement.
— Oh rien, je voulais juste te dire que j'avais croiser le fils du meunier à la fontaine, mais si tu es occupée...
— Non ! s'exclama-t-elle d'un coup en abandonnant ses aiguilles. Que t'a-t-il dit ? Il a parler de moi ?
— Il a quelque chose à te demander, il aimerait te retrouver au lac au coucher du soleil. Je crois qu'il veut te demander en mariage, continua-t-elle plus bas.

Le visage rond d'Ernestine s'illumina d'un large sourire, mais celui-ci disparut en quelques instants.
— Pourquoi est-ce que tu fais ça, tu aurais pu ne rien dire et me faire rater cette occasion.
— Mais enfin, je ne veux que ton bonheur, répondit-elle d'une mine attristée par ce manque de confiance. Puis si tu te maries, tu iras vivre avec lui et cela me fera moins de travail dans la maison, continua-t-elle plus sérieusement.
— Je ne te reconnais bien là Lilith, tu ne fais jamais rien qui ne soit dans ton intérêt. Merci, je réfléchirais.
— Comme tu veux... J'oubliais, il préférerait que tu y ailles seule, il est très timide et il a peur de perdre ses moyens si il y a quelqu'un d'autre que vous deux.

Ernestine fit signe à Lilith de la laisser tranquille, la jeune femme ne s'attarda pas plus longtemps et s'engouffra dans le couloir. Un sourire apparut sur son visage alors qu'elle entendait les gloussements de plaisir de sa sœur de l'autre côté de la cloison, son piège se refermerait bientôt sur elle.

Eleonore's SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant