Point de vue de Chase :
En l'espace de dix minutes, je crois avoir fumé trois clopes si ce n'est pas plus. Ce n'était ni bon pour mes poumons ni bon pour mon cœur mais pour une raison qui m'échappait, j'étais resté la, assis sur les marches de l'escalier à méditer, autant dire que je devais être malade. Je ne voulais pas rester dans ma chambre car John avait ramené Harlow chez nous et je ne voulais pas avoir l'air d'un vieux pervers en tendant l'oreille pour écouter leurs ébats sexuels intenses. Elle avait beau être aveugle, cette fille était une bête au lit et ce John était un sacré veinard.
J'ai fermé les yeux quelques secondes, il est clair que je n'avais aucune raison de me trouver assis là à scruter les allées et venues de toute personne résidant dans cet immeuble mais apparemment j'avais beaucoup trop à de temps à tuer depuis que j'avais dit au coach que je ne pourrais plus trop jouer à cause de mon cœur. Il m'avait donné la permission d'assister tout de même aux entrainements mais je n'ai pas eu le courage de me pointer et voir ces connards jouer à ma place. John avait eu mon poste de capitaine et au lieu de l'encourager comme un véritable ami devrait le faire, je ne lui ai pas accordé le moindre attention. C'est moche n'est-ce pas ? Mais je n'ai jamais prétendu être une fleur non plus. John ne m'en voudra pas, il me connait depuis trop longtemps et si il passait sa vie à m'en vouloir pour les moindres petites futilités, nous ne serions pas amis depuis près de dix-neuf ans.
Marisol m'avait dit que j'avais une possibilité de réintégrer l'équipe après avoir remplacé mon pacemaker mais qu'elle était infime et que je devais sérieusement oublier mon avenir professionnel chez les Bruins alors que toute ma vie j'ai rêvé de frôler la glace avec leur maillot sur le dos. Putain ! Elle m'avait même mis sur une liste d'attente pour avoir un nouveau cœur, comme si je devais prier pour que quelqu'un meurt pour lui arracher son cœur. C'est horrible. Et dire que j'étais impuissant.
Toute ma vie j'ai revêtu un masque et aujourd'hui ce masque était plus solide que jamais, il n'était pas prêt d'être arraché. C'est plus simple. C'est plus simple d'ignorer que de faire face. C'est plus simple de blesser que d'être blessé. C'est plus simple de haïr que d'aimer. Tout est plus simple lorsqu'il corrompt et moi j'étais corrompu jusqu'à la dernière parcelle de peau, jusqu'au creux de ma moelle. J'ai tellement fait de mal autour de moi que ça ne me surprendrait même pas que quelqu'un vienne m'abattre d'une balle derrière la tête, je ne me débattrai pas, je ne me défendrai pas non plus, je me mettrai simplement à genoux parce qu'au fond de moi je saurai que j'aurai mérité mon châtiment, ça ne sera qu'une défaite éclipsée par beaucoup de victoires. Je saurais que ma vie était sur le point de finir de toute façon. Que pouvais-je vivre de plus ?
Je ne baissais pas les bras, j'étais simplement réaliste. Quelle était mon espérance de vie avec un cœur qui n'était pas mien ? Je ne voulais même pas savoir.
J'avais continué à accuser le sort une bonne petite heure avant d'entendre un petit couinement lointain se rapprocher de mes oreilles, agrémenté de pas rapides et d'un souffle haché très distinctif à mon appareil auditif qui aux dernières nouvelles fonctionnait parfaitement bien. La petite peste rentrait enfin.
J'ai fermé les yeux quelques secondes et jeté ma clope à quelques mètres de l'endroit où je me trouvais, j'ai ébouriffé mes cheveux et ai revêtu mon intarissable masque d'indifférence.
N'ayant pas remarqué ma présence Emma, de son véritable prénom Emmanuelle qui en hébreu signifiait dieu est avec nous montait les marches la mort dans l'âme, ses cheveux bruns étaient relâchés et cachaient les majeures parties de son visage, c'est pour ça que lorsqu'elle arrive enfin à mon niveau, je perdis toute couleur en voyant son visage abîmé.
Je me suis levé sans même m'en rendre compte et me suis posté devant elle en ignorant délibérément le regard assassin qu'elle me lançait.
-"qu'est-ce qui t'est arrivé putain ?" sifflai-je en détaillant avec attention son visage. Sa lèvre inférieure était fendue en deux et enflée, ses joues entaillées et du sang avait séché dans sa narine droite.
-"rien du tout" m'avait-elle répondu d'une voix tranchante en me dépassant pour monter le reste de marches qui lui restaient. Bien évidemment, je n'étais pas d'accord avec sa décision ni le ton qu'elle avait employé. Putain ! Je détestais ce sentiment soudain qui grandissait en moi. Le sorte de sentiment qui me faisait perdre tout control de la situation.
-"Emmanuelle" grondai-je en resserrant ma prise sur son coude. Elle hoqueta de surprise et ouvrit ses deux yeux émeraude en soucoupe.
-"c...comment tu....? N..ne...Ne m'appelle plus jamais comme ça !" s'était-elle écriée en se dégageant avec force. J'ai reculé, légèrement sonné, puis ai pris mon élan afin de la tenir fermement cette fois-ci.
-"lâche moi Chase ! Je n'ai pas envie de te voir ! Va te faire foutre" avait-elle hurlé en essayant de se débattre. Sa voix s'était brisée à un moment et je vis ses yeux si verts s'emplir de larmes. Insupportable.
-"Non ! Dis moi ce qui s'est passé ?" lui dis-je avec une voix plus douce que d'habitude. Elle s'arrêta de bouger, surprise et me détailla comme si on se voyaient pour la première fois. Elle cligne des yeux. Une fois. Deux fois. Moi aussi Emmanuelle, je me demande d'où ça m'est venue !
Elle ferma les yeux quelques instants et pris une grande inspiration afin de chasser ses nouvelles larmes. Putain de merde !
-"Jack m'a tabassé" un grognement sourd m'échappa inconsciemment et la colère planta ses griffes dans ma chair. Pourquoi me mettais-je dans de tels états pour une simple garce dans son genre ?
Tout cette situation devenait du grand n'importe quoi.
-"quand je lui ai dit de ne plus approcher Kelly, il a réagi de façon excessive. Il m'a embrassé et a commencé à me toucher" sa voix ne fut plus qu'un murmure. Je fis descendre mes deux main sur ses épaules et avec l'aide des mes pouces, je me mis à dessiner des petits cercles sur sa chair légèrement dénudée, sûrement à cause d'un sale type, rien que cette pensée me donna la nausée. Elle sursauta mais finit par prendre une énorme inspiration.
-"je lui ai mis un coup dans l'entre-jambe et il m'a tabassé. Putain Chase ! Je te déteste ! C'est à cause de toi ! C'est à cause de toi si tout le monde me traite de pute ou de salope ! C'est à cause de toi si mon prénom est placardé sur murs des toilettes ! On pense que je suis prostituée alors que je suis vierge ! " elle me repoussa de ses deux mains et commença à hurler sans se préoccuper une seule seconde de déranger les voisins. Elle s'approcha de moi les yeux en larmes et me donna un coup au torse de ses deux mains. Je ne fis rien. Je le méritais sûrement.
-"à cause de toi j'ai une étiquette ! J'ai failli me faire violer à deux reprises"
-"Emmanuelle ! Regarde moi" lui dis-je en la secouant afin qu'elle puisse reprendre ses esprits. Un éclair passa dans son regard assombri qui aurait pu faire arrêter mon cœur. Et dire que j'étais en train de bander.
-"je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça putain ! Tu ne comprends pas ?" j'attrapai son poignet et la traînai de force à l'intérieur de l'appartement où des gémissements fusaient. La chambre de John n'était pas insonorisée et j'étais quelque part admiratif de leur endurance physique pour autant faire l'amour en une journée. Mon cœur ne tiendrait pas de toute façon.
-"lâche-moi immédiatement ou je me mets à hurler" menaça-t-elle en tentant de reprendre sa main.
-"ferma ta gueule ou je te fracasse le crâne contre un mur, ferme la putain"
-"non ! Tu n'as pas d'ordre à me donner ! Lâche moi connard, je n'ai rien à faire ici" me déclara-t-elle d'une voix tremblante de peur. J'avais conscience que je la terrifiais mais aujourd'hui, c'était pour une toute autre raison qu'elle était ici.
-"assis-toi, si tu bouges d'un pouce je jure devant dieu de te prendre sur la table du salon et tu te dis bien que je n'aurai aucun scrupule à être le premier à te violer ! On saura si tu es à la hauteur de ta réputation pétasse" elle blêmit, toute couleur quitta son visage. Elle m'insulta mais pris place sur une chaise en lançant un regard horrifié vers la table qui trônait fièrement au milieu de notre petit salon. Si seulement tu savais combien de fois je t'ai imaginé allongée dessus, les cuisses écartées avec ma tête au milieu, tes ongles qui me grifferaient le peau et ton insupportable voix qui hurlerait mon prénom à ne plus en être capable. Je dois sérieusement songer à me calmer car comme je l'avais dit, ça devenait du grand n'importe quoi
-"qu'est-ce que tu vas faire ?" s'enquit-elle d'une petite voix en me voyant m'activer à chercher quelques bricoles dans plusieurs tiroirs.
-"je vais panser tes blessures"
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Dévoile moi
Roman d'amourEmma est cartésienne, sérieuse et pas très bavarde. Elle vient de quitter un douloureux passif dans l'espoir de réunir les pièces manquantes à son bonheur. Elle emménage à Boston avec ses deux meilleurs amis et tente de devenir médecin par vengeance...