Chapitre 35

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Point de vue d'Emma :

On dit qu'il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis.

Putain, qu'est-ce que qui m'est passé par la tête exactement !?

Chase m'a embrassé et si au début j'ai résisté du mieux que j'ai pu, la fin en a été toute autre ! Bête comme je l'étais, je m'étais laissée prendre au jeu et le résultat : j'ai gémi ! Merde. Gémir parce qu'il m'a volé un baiser ? Ça n'arrivait que dans les stupides livres que je lisais ! Le mauvais garçon embrassait sa victime qu'il trouvait soudainement attirante et le reste du livre devenait niais à souhait. Déroutant tout de même de se dire que ces pauvres nunuches s'entichaient d'un garçon qui les avaient maltraité et qui par miracle essayait de changer pour devenir quelqu'un de meilleur. Et petite autre clarification, Chase n'était en aucun cas un mauvais garçon torturé et cliché à souhait et je n'étais pas une victime !

Je n'étais jamais tombée aussi bas, moi qui ne cessais jamais de louer le mérite que j'avais à ne pas me laisser faire par ce serpent venimeux. Eh bien c'était raté sur ce coup là. Complètement. 

Je m'étais pourtant promis de ne jamais le laisser me toucher peu importe le prétexte ou la manière dont il se prenait pour le faire ! Je n'aurai jamais dû me laisser attendrir en premier lieu, je n'aurais jamais dû lui rendre visite ! Mais voilà j'étais idiote et j'ai aimé ce baiser ! Peut-être n'étais-je pas aussi forte que je le croyais. N'importe quoi ! Nous avions tous nos moments de faiblesse et aujourd'hui était le dernier moment de faiblesse que je me permettais d'avoir en restant à Boston.

Je devrais être outrée par la tournure inhabituelle que prenait mes pensées, je devrais être révoltée contre mon faible esprit mais je ne pouvais pas me mentir à moi-même, peut-être aux autres oui mais pas à moi-même, ça ne servait à rien si ce n'était que je donnais l'impression d'être une personne impénétrable et profonde pour qu'à la fin je décide enfin d'avouer que j'avais aimé notre baiser. Ça n'était pas crédible du tout. Je n'y croyais jamais à ces romans à deux balles où soudainement tout rentrait dans l'ordre, où il suffisait de tourner quelques pages pour que les deux personnages principaux commencent à se rouler des pelles assez souvent tout en se gardant de dire qu'ils étaient dans une relation, ils utilisaient le terme exact de "je ne sais pas ce que nous vivons" ou la meilleure de toutes, celle qui me frustrait au plus haut point "je n'arrive pas à mettre de mot sur ce que je ressens" mais putain on sait toujours ce qu'on ressent ! Il ne suffit pas que quelqu'un s'en aille pour qu'on se rende compte que peut-être cette personne nous manquait et qu'elle était géniale, ce n'était pas également obligé que l'amour se réveille soudainement comme ça en sachant que l'autre se dirige vers un aéroport.

Laissez moi rire. L'amour n'était pas sensé naître comme ça. L'amour ne naît pas de la violence. On aime quelqu'un lorsqu'on se sent à l'aise avec la personne, lorsqu'on est choyée, désirée et adulée, non pas maltraitée, rabaissée ou insultée. C'était du n'importe quoi, une stratégie commerciale pour les adolescentes en mal d'amour car les opposés qui s'attirent nous ont toujours fasciné depuis la nuit des temps (moi y compris à un certain moment) (note de l'auteur : j'adore les romans de ce genre, c'est juste qu'Emma ne les aime pas donc pas d'offense) mais dans le concret, le vrai, on préfère toujours quelqu'un qui voit la vie comme nous, quelqu'un qui pense comme nous, quelqu'un de stable sur qui on peut compter peu importe ce qui se passe, pas une espèce de garçon instable, dieu du sexe qui saurait se faire pardonner en sortant un discours niais à souhait, un discours qui faisait pleurer tant il était tiré par les cheveux et bien sûr l'héroïne qui se serait accrochée à lui tout ce temps lui sautera au bras. Que dieu m'en garde ! J'avais assez de problèmes dans ma vie pour supporter ceux d'un garçon orgueilleux et vulgaire qui aurait eu un passif tragique. Putain, ma mère était alcoolique et un incendie a presque tout ravagé chez nous, je n'avais pas mal tourné pour autant. Je ne me suis pas mise à boire, à me droguer, à rabaisser les autres, à coucher à droite et à gauche jusqu'à ce que quelqu'un de soi-disant timide et naïf ne m'ouvre les yeux sur la beauté du présent. J'aimais assez ma situations actuelle avec ma famille de nouveau au complet et cela suffisait à faire mon bonheur. Quelques embûches sur mon chemin n'ont jamais suffi à m'arrêter dans ma lancée et ce n'était pas aujourd'hui que ça allait commencer, je parlais de Chase et de Jack. 

Dévoile moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant