Dévoile moi

Chapitre 36

Point de vue de Chase :

-"tu as toujours été un merdeux"

Ma grande sœur, lèvres parfaitement maquillées, cheveux sévèrement attachés et tailleur impeccablement repassé venait de me traiter de merdeux après avoir refusé d'utiliser ce mot depuis la fin du lycée, elle s'était durement efforcée de parler convenablement afin de faire honneur à ses brillantes études d'avocate. C'était d'ennui mortel !

Je lui ai lancé un regard inquisiteur par dessus mon épaule et l'ai entendu de sommer de me dépêcher de monter ces fichus escaliers. Oui oui, je montais bien les escaliers alors que je devais me faire greffer un nouveau cœur au plus vite mais l'ascenseur était en panne et faute d'avoir des ailes ou de pouvoir me téléporter j'étais obligé de monter ces stupides marches. Que pouvais-je bien faire de toute façon, je n'étais pas en position de me plaindre, toujours d'après les dires de ma grande sœur qui s'était déplacée pour me voir. Elle qui m'avait pourtant promis de m'assassiner à maintes reprises.

-"peux-tu développer ?" demandai-je en reprenant ce que je faisais depuis plus de quinze minutes. Monter un escalier avec un cœur défaillant n'était pas très facile aussi je le faisais lentement et cela semblait agacer ma grande sœur.

-"monte et ferme ta gueule !" me gronda-t-elle en me menaçant de balancer mon sac par dessus la rambarde. J'ai ignoré ses menaces, elle ne les appliquait presque jamais de toute façon. Sous ses airs de dure à cuir qu'elle essayait durement de se donner, Eleanor était une véritable princesse en sucre, elle adorait tout ce qui était mignon et doux alors balancer le sac d'un malade par dessus une rambarde d'escaliers simplement parce qu'il se déplaçait lentement ne faisait en aucun cas partie des choses qu'elle pouvait faire.

Je suis monté un peu plus rapidement et une fois planté devant mon appartement, un sentiment de soulagement immense m'étreignit la poitrine. Que c'est bon d'être chez soi ! J'ai tellement haï l'hôpital que j'aurai presque troqué n'importe quoi pour avoir les fameuses chaussures d'argent de Dorothy et m'envoler le plus rapidement possible pour rejoindre mon lit douillet.

-"enfin débarrassé de ce stupide hôpital" m'écriai-je avec ferveur en cognant contre la porte d'entrée. Avec un peu de chance, John serait à l'intérieur.

-"et moi de toi ! Débrouille toi pour le reste, j'ai des obligations" m'informa Eleanor en tapotant mon épaule de sa main.

-"ouais vas-y, encore merci" dis-je distraitement en redoublant d'efforts pour faire du vacarme afin que mon idiot de colocataire ne daigne enfin m'ouvrir la porte. Il n'y avait que quelques vulgaires centimètres entre moi et mon lit, pourquoi devrais-je être calme ? Simple, il n'y avait pas de raison, aussi je me suis mis à cogner encore plus fort sous le regard ahuri de ma sœur.

-"prends soin de toi Chase" j'ai marmonné une brève réponse et n'ai pas décroché lorsqu'elle m'avait rapidement pris dans ses bras. Les embrassades n'ont jamais été notre point fort, je n'étais pas affectueux pour un sou et c'était la même chose pour ma sœur. Je trouvais que ces gestes n'avaient aucun intérêt, pourquoi prendre la peine d'enlacer quelqu'un si cette personne savait pertinemment qu'on l'aimait ? Pour se rassurer ? Seuls ceux qui manquent cruellement de confiance en eux aimaient se faire câliner. Au fond quel intérêt à être aimé ou détesté ? Tant que l'on me respectait ça m'allait.

-"putain John ! Ouvre cette porte !" m'écrirai-je en donnant un violent coup de pied à la porte. Toujours pas de réponse. J'allais me le faire cet idiot !

Les minutes s'étaient mises à défiler et aucune réponse ne m'a été donnée, je devais me résoudre à accepter la triste vérité : il n'y avait personne à l'intérieur et je devais attendre encore un peu avant de m'affaler sur mon lit. Je me suis creusé la cervelle pendant quelques brèves secondes puis ai dirigé mon regard vers la porte d'en face. Comme si mes pensées avaient été prononcées à haute voix, quelqu'un sortit de l'appartement. Une magnifique créature aux cheveux dorés magnifiquement lissés et tressés s'est calée contre l'embrasure de la porte et a croisé les bras contre son torse en mimant un rictus moqueur au coin des lèvres. Kelly Snow était une bombe sexuelle, tellement plus belle et plus mince que sa sœur aînée que je me demandais de qui Emma pouvait bien tenir ses gênes disgracieuses.