Recueil d'os miraculous

Chat Blanc, Chat Noir, Adrien Agreste

Ils étaient tous deux sur le toit de l'immeuble. Autour d'eux, une mer glacée, née d'un hasard brusque et ensorcelé.

D'un côté, Ladybug observait avec une mélancolie visible celui qu'elle devait sauver à tout prix. Ses poings se serraient tandis que sa gorge se nouait à mesure que ses yeux s'humidifiaient de rage.

D'un autre, son compagnon de toujours, au corps blanchis de tous souvenirs. Il la fixait, un ton incompréhensible sur ses traits de visage. À quatre pattes, il hésitait encore à s'approcher d'elle.

Doucement, les secondes passèrent. Puis, un halo violet enveloppa un court instant la figure de Chat Blanc. L'instant qui suivit, il se décida enfin à faire un pas. Comme un félin furtif et curieux, il s'approcha peu à peu de la super-héroïne.

Ses yeux azur, perçants et dénués d'émotions la tenaient prisonnière. Elle n'osait pas bouger, de peur de brusquer la boule de poil blanche qui s'approchait d'elle à pas de loup.

Aucun bruit. La ville était silencieuse, comme morte. Chaque instant représentait un moment douloureux, vide de sensations essentielles à la raison. Ladybug sentait son cœur battre dans sa poitrine, profondément et régulièrement.

Chat Blanc était à deux pas d'elle. La jeune fille ne fit aucun mouvement. Frêle était l'équilibre qui la tenait encore en état de conscience. L'akumatisé cligna les yeux par deux fois. Au bout de quelques secondes, ses mouvements s'assouplirent et il fit attentivement le tour de la fille en rouge, la jaugeant de haut en bas.

Ladybug ravala sa salive puis inspira à fond, à s'en étrangler. Son cœur avait abandonné sa chanson régulière pour s'en remettre à une danse effrénée. Elle papillonnait rapidement alors que l'akumatisé ne la quittait pas des yeux. 

De véritables saphirs gelés, sans aucune étincelle. Des yeux inanimés dans un corps mobile non par la volonté du propriétaire mais par les sorts d'un être potentiellement mesquin et malicieux. 

Soudain, Chat Blanc se releva maladroitement sur ses deux pieds. Il fit deux pas de plus, de sorte à ne laisser entre lui et sa victime que quelques centimètres de distance. Cette dernière déglutit mais ne fit pas un geste. En revanche, elle se prépara mentalement à toute défense. Dans cette ville muette de toute vie, son cœur battait à en rompre les cordes de son corps frêle mais puissant. 

En regardant de plus près, elle se rendit compte que la peau de Chat Noir avait considérablement pâli après son akumatisation. Les contours des ses yeux étaient plus appuyés, plus difficiles à éviter. Elle tenta une approche délicate : 

_ Chat...c'est toi qui a noyé toute la ville ?

Le concerné se redressa, le dos raide, le souffle court. La voix de la Lady avait remué quelque chose en lui. Comme une main indésirée qui pinçait les cordes de son esprit. Bien que le sens des mots lui avait échappé momentanément, il regarda autour de lui. 

Le ciel, couvert de nuages gris, s'attristait encore plus à sa vue. Le vent soufflait, tel un aquilon en plein été. Ladybug frémit en prenant conscience du froid. 

Indifférent à la température, Chat Blanc redirigea son regard vers sa proie. Il hocha la tête, de haut en bas dans un sérieux déconcertant. Puis, son attention fut interpellée par les bijoux apparaissant sous les caresses du typhon. Sa gorge se noua et un lourd bourdonnement s'attaqua brusquement à son esprit. Une voix familière parlait. Mais il ne comprenait pas. Elle était intelligible, incompréhensible. Le Papillon semblait se trouver dans un endroit trop lointain, tout en restant dans sa tête. Mais par instinct, il réussit à démasquer les traits de sa mission. 

Ses bras se soulevèrent rapidement et ses doigts attrapèrent les boucles d'oreille. Mais Ladybug eut vite fait d'éloigner son adversaire d'un coup de pied au ventre. Mais l'action eut tout de même un effet terrifiant sur sa personne. Elle tremblait.