Signorina Salva

Un

Les cheveux raidit au fer, tombant jusqu'au sommet de ses épaules, le teint revisité, ongles vernis en blanc, Salva s'apprêtait à quitter son domicile pour prendre la route jusqu'à Garazziani prep school. Vêtue d'un tailleur noir accompagné d'une petite chemise blanche à longue manche, soigneusement enfilé autour de sa taille, elle avait l'air d'une de ces étudiantes raffinées de Yale.

— À vendredi. S'écrit la jeune femme, prenant soin de refermer la porte derrière elle avant de sauter sur son scooter rose argentée.

Elle l'avait eu de son oncle Giz, son préféré avouait elle dans certaines occasions, depuis lors elle ne s'en séparait jamais. Pas une seule sortie sans son engin, elle aimait surtout avoir le visage à découvert, sans casque, roulant sur le gravier de Genoa, sa ville natale. Cela faisait seulement un an qu'elle était en prep school, et là c'était la rentrée pour sa deuxième année en lettres. Salva n'était en pas du genre stressée, ni inquiète non plus. Certains diront que c'est la mort de Sergio son frère qui l'a rendu si vulnérable ou juste un peu trop fragile a leur goût.

Il lui fallut moins de quinze minutes pour arriver sur place. Elle garait habituellement son scooter chez Sabrina, une femme de la cinquantaine qui lui prêtait son garage l'année passée car les rues de Genoa n'étaient pas sûre et de plus l'internat ne possédait pas de parking adéquat. C'est donc en quelques minutes qu'elle passe chez Sabrina, des formules de politesse à l'arrache et hop c'était bon. Salva était en retard pour le premier cours, mais avec de la détermination elle réussit à arriver à temps.

— Tu m'as trop manqué ! S'exclame Cris, sa meilleure amie.

— Meuf on s'est vu y'a même pas 24h, t'abuses.

— C'est pareil ! Alors dis moi...

— Parla come mangi Cris. Elle haussa un sourcil.

— Bah... T'as pas déjà repéré un beau mec ou une belle meuf ? Déclare Cris, d'un ton enjoué.

— T'es folle.

Cris était une femme enfant, elle avait cette beauté infantile et négligée tellement flatteuse. Sous le haut de ses vingt ans, on lui en décernerait seize, son comportement y allait de paire. Elle était plutôt du genre surexcitée et pressée, toujours à sourire, les yeux pétillants avec un de ces regards enchanteurs qui fondait le coeur de qui voulait bien se laisser emporter. Sa longue chevelure dorée longeait jusqu'au bas de son dos lui donnant des allures de princesses Disney.

Elles se dirigèrent vers leurs chambres respectives, heureusement, Salva n'avait pas eu de colocataire cette année, et elle en était particulièrement fière. Malgré la grandeur de la chambre, on avait quand même réussi à faire qu'elle se retrouve seule. Contrairement à la majorité des autres étudiants, ses valises étaient déjà installées depuis une semaine. Elle n'aimait pas la précipitation encore moins procrastiner, tout était dans les temps, jamais de retard, l'heure juste.

• 17:00, Prep School.

Contrairement aux internats classiques, les étudiants de Garazziani eux, avaient le droit de sortir hors des bâtiments de la faculté, à condition de ne pas se retrouver à l'extérieur dans les alentours de vingt-et-une heure. Cette règle était plus que parfaite pour Salva qui, tout les dix sept heures et demi, se retrouvait à cuisiner Chez Pépino – restaurant se situant à quelques maisons non loin de la prep – Toute sa vie se résumait à la cuisine, ce monde la fascinait incroyablement, elle avait surtout ce don de combiner les aliments et d'innover à en devenir presque indispensable pour ce restaurant, elle se disait toujours qu'elle l'avait tenu de sa grand mère. Pourtant, Salva ne se montrait jamais, bloquée derrière ses fourneaux, elle ne pouvait pas commettre l'erreur de mettre son visage sur ses fameux plats qui enchantaient plus d'une papille. Sa mère avait été catégorique là dessus, le jour où elle essaya d'en toucher un mot. Son père, fit pareil, voire même pire. Jusque lors, son nom ne fut jamais révélé au grand jour, elle n'en était pas fière mais s'en contenta.