Nove

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Elle voulut tourner les talons, partir pour ne plus revenir, mais des gémissements et des reniflements résonnaient depuis la pièce. Salva alla coller son oreille à la porte pour se rassurer, et elle conclut qu'évidemment Alaïs pleurait.

— Alaïs... Murmure t-elle, d'une voix si douce, si calme, a la limite angélique.

— Laisse moi tranquille, tu peux partir retrouver ton vieux mec là..

Sa voix était cassée, brisée, on aurait dit qu'elle pleurait toutes les larmes de son corps. Finalement l'italienne essaie d'ouvrir la porte et à sa grande surprise, elle n'était pas fermée à clé. Elle entre et découvre son américaine effondrée, hoquetante, s'étouffant presque de pleurs, assise repliée sur elle même. Sa première réaction fut de l'entourer de ses bras, ne voulant pas la brusquer de questions, elle se contenta de la serrer et la réconforter autant qu'elle le pouvait. C'était une Alaïs totalement à l'opposé de celle qu'elle avait l'habitude de voir, tout ce qui paraissait était une femme vulnérable, déchirée, rien à voir avec la badass américaine.

Quelques minutes plus tard, elle avait cessé de pleurer, Salva s'était assise par terre, face à elle. Comme à leur habitude, elles se comprenaient en silence, aucun mot, juste des regards quelques fois timides mais si profond.

— Je pense que je te dois des explications.. Commence Alaïs, la voix faible.

— Tu n'as vraiment pas besoin de le faire si tu veux pas...

— Nan t'inquiètes, j'ai vraiment envie de te le dire. Dit elle, avant de rejoindre le bout de ses doigts à ceux de Salva. En faite, ça remonte à la Première, je suis sortie avec une fille que j'ai vénéré et je pèse mes mots..

Elle prend une inspiration avant de continuer :

— Alors, après cinq ou six mois de relation, elle vient me voir chez moi je pense dans la soirée, et m'avoue qu'elle est amoureuse d'un gars qu'elle a rencontré sur Tinder. Ça va peut-être faire bateau ou super cliché mais c'était mon premier amour, la personne pour qui mon coeur et mon être ont été dévoués pour la première fois, mes premiers baisers, ma première fois, mon premier je t'aime. Elle m'a surtout dit et ça je n'oublierai jamais ses mots : « Fait toi une raison, une fille peut se perdre le temps de quelques mois voir même qui sait quelques années mais, sera toujours finalement appelé à être avec un homme parce que c'est comme ça, c'est naturel, tu devrais y penser. » Depuis lors, je n'ai plus jamais fait plus d'une semaine avec une même personne, aujourd'hui j'ai 21 ans et ça n'a jamais changé.

Et pour elle ? La considère t-elle aussi comme ces relations là ?

— Écoutes moi bien Salva, je t'en prie, jamais avec un homme. Si tu veux trompes moi avec n'importe quel meuf, même sous mes yeux c'est pas grave... Parce que tu m'achèverai et je ne sais pas si cette fois ci, je survivrais. Quand je t'ai vu parler avec ce type, dans ma tête c'était le replay, un scénario infernal. Je te considère vraiment, sinon ça ne m'aurait rien fait.

L'italienne n'avait rien à répondre si ce n'était de hocher la tête ; puis elle la regarda encore un instant, et la seule chose qui passait dans son esprit à cet instant là était de l'embrasser. C'est donc assez timidement qu'elle rapproche son visage, laissant à l'américaine de compléter l'espace qui restait. Cette fois-ci, c'était un baiser  sensationnel, il était lent et réfléchi, tellement impulsif qu'on aurait dit que c'était la toute première fois qu'elles s'embrassaient pour de vrai. Puis soudainement, Salva interrompit leur baiser posant son index sur les lèvres d'Alaïs et dit :

— Y'a mon téléphone qui sonne.

— Mais non, il est même pas ici. Soupira t-elle

— Exactement ! S'écrie t-elle avant de se lever brusquement

Signorina Salva Où les histoires vivent. Découvrez maintenant