Trentanove

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Impossible. Il était tout bonnement impossible qu'elle reste là, la voir disparaître sans pouvoir faire quoi que ce soit. Elle avait tourné les talons, et comme si ce n'était pas suffisant, il fallait que la seule voiture disponible soit la sienne. Bien évidemment, son odeur y était encore, elle pouvait encore entendre ses insultes d'il n'ya même pas un jour, quand elle s'était emporté contre un piéton qui s'attardait un peu trop sur la route. Prête à agir elle l'avait raisonné comme d'habitude, comme à chaque fois. Et dire que ces minutes sans elle n'est que le début d'une longue série.

C'est seulement deux semaines plus tard  qu'ils  sont rentrés à Genoa, n'étant pas encore prête de vivre dans cet appartement autrement dit cette caverne à douleur, elle eut préféré prendre d'abord un peu de temps.
La porte se referme derrière elle en même temps qu'un soupire. Penser que ces jours d'aparté auraient changé l'intensité de ses ressentiments était une idée bien stupide, bien insensée. Il est bien vrai, qu'elles s'écrivent presque tous les jours depuis le premier jour, mais un « Je t'aime » à trois heures du matin et un « moi aussi » à quatorze démontre encore plus l'importance des kilomètres les séparant. La seule chose que Salva se  demandait c'était si elle vivait les choses comme elle les expérimente, si elle pleure tous les soirs ou rêve de leurs baisers, encore moins si elle a l'impression de voir son visage sur n'importe quel inconnu, si elle ne parle plus à ses amis et passe des journées entière à revoir leurs photos et vidéos.

~ Hey <3

Son portable signale que c'est envoyé et elle le balance à travers la pièce avant d'aller  prendre une douche. Bien évidemment, elle voit son reflet à travers la glace de la salle de bain et c'est là qu'elle réalise que vivre seule ici serait un saut suicidaire dans les abysses profondes de la dépression. Une fois douchée, elle s'en va prendre un pyjama dans le placard et là, un boom dans sa poitrine qui s'alourdit instantanément. D'une poignée de main elle récupère l'objet de son trouble, la caresse un instant avant de le porter à son coeur affaibli. Encore, là voici, sous la couette entrain de verser sa mélancolie sur cette fameuse veste fétiche. Les yeux fermés elle aspire sa présence du nez, essayant de créer un instant où elles seraient dans les l'une de l'autre.

[~ Hey ❤️

Tu fais quoi ? Je peux t'appeler ? ]

Pas le temps de répondre que son portable vibre déjà sur le drap. Son oreille ne se fera jamais à l'euphorie qui l'emporte dès que le son filtré de sa voix arrive à sa perception.

— Je t'ai réveillé ?

— Jamais.

Elle entends son sourire à l'autre bout du fil et l'impression de toucher le summum du bonheur lui surgit.

J'ai plus personne avec qui regarder les kardashians maintenant...

— Je croyais que tu détestais ça

— Imparfait de l'indicatif. Tu as réussi à me faire voir le fond de cette émission

— Désolé Salva mais il n'y a aucun fond a cette supercherie, elle se fout complètement de ta gueule jamais elle regarde ça ! Intervient Malika, la faisant réaliser qu'elle était en haut parleur

C'est n'importe quoi ce qu'elle raconte

Salva sourit et elles entament une conversation anecdotique qui ne se terminera que quelques heures plus tard.

La semaine qui suit, Cris est déjà installée, en faite, il ne lui avait pas fallu vingt-quatre heures pour qu'elle le fasse. Elle est devenue en quelque sorte sa   morphine, à certains moments en tout cas. Et puis, heureusement, dans deux semaines, c'est la rentrée mais aussi, c'est le début de sa formation dans l'une des école professionnelle de formation, sous le parrainage de Pepino, elle allait enfin pouvoir faire de la cuisine son métier permanent. Elle sentit quand même le besoin d'en parler à sa mère malgré le faite que son avis ne comptait pas, cette dernière, comme prévu s'y opposa en premier lieu mais compris vite qu'elle était seulement venu la prévenir.

Signorina Salva Où les histoires vivent. Découvrez maintenant