Trentadue

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– 21:06 –

Allongée sur son ventre, elle profitait de la sensation qu'avait les doigts d'Alaïs dans ses cheveux. Il n'y avait que la torche de leurs portables qui éclairaient le salon, faute de pluie incessante, une panne de courant a frapper dans le quartier et, à ce que la compagnie d'électricité avait dit, ils auraient pour une heure maximum pour arranger tout ça. Les gouttes de pluies font leur concert sur les fenêtres de l'appartement, ce qui est légèrement apaisant pour l'américaine qui commence déjà à sentir ses paupières s'alourdir.

— Jamais t'entendra dans mon pays qu'il y'a panne d'électricité.. Dit elle, le regard dans le noir de son plafond.

— Si ça me permet d'être blottie contre toi toute la soirée, moi ça va..

Elle ressert son étreinte et ferme les yeux. Les minutes défilent comme ça, dans le bruyant silence de la météo, emportant  Salva dans le monde des rêves tandis que l'américaine est toujours focalisée sur chaque traits de son plafond. Des milliers de scénarios et films se bousculent dans son esprit, avec bien évidemment sa petite amie comme protagoniste principal. Maintenant, que fallait il faire quant à leur futur ? Il était bien clair que l'italienne avait sa vie toute tracée dans son pays natal, elle y avait bien trop d'opportunités et bien trop de racines encrées. Par contre, quant à elle, sa vie était loin, trop loin. Même par inadvertance elle ne resterait pas trois mois de plus en Italie, c'était comme ça, il n'y avait rien à faire, tant à son niveau qu'au niveau de son père, et c'était sa décision.

Tant elle cogitait, tant la fin revenait au même. Il fallait qu'elle en parle, qu'elle soit conseillée ou même orientée, il lui fallait un autre avis. Avec un peu d'efforts elle réussit à se défaire de sa petite amie, et va porter un grand pull. Une fois son portable récupéré sur la table, elle sort, cours légèrement dans la pluie avant de se faufiler dans sa voiture. La pluie violente agresse son toit et son pare-brise. Par chance, elle tombe sur Hello dans une station radio ce qui, comme à l'accoutumée lui permet de se détendre complètement. Finalement elle s'allonge à l'arrière, les chaussures contres ses fenêtres et appelle Malika.

Babe ? Commence son amie au bout du fil

— Sorry for wakin you up, but i missed your voice so bad.. * Déso de te réveiller, mais ta voix m'a tellement manqué *

Elle pu entendre le sourire de sa meilleure amie, ce qui la fit sourire à son tour.

— Je peux sentir d'ici que tu as besoin d'un câlin de cuddy

Sa gorge commençait vraiment à lui faire mal tellement qu'elle retenait ses pleurs, et la chanson n'aidait pas.

— Je veux rentrer chez moi comme avant et vivre comme j'ai toujours vécu mais...

Les larmes l'empêchaient de finir sa phrase.

— Mais tu ne veux pas la laisser..

L'américaine hocha la tête comme si son amie pouvait la voir. Elle mets son téléphone en haut parleur et le pose sur son ventre, c'est donc les mains couvrant son visage qu'elle continue :

— Tu sais il reste plus beaucoup de temps.. Après ces partiels, basta l'année est fini... J'ai encore trois mois à tout casser. C'est fini Cuddy, les vacances romantiques sont terminées.. Et.. elle est tellement heureuse et.. et j'ai osé lui jurer de rester..  je suis un monstre.. Je ne vaux pas mieux que Jules..

Ses phrases se coupaient, c'était insupportable, ses narines s'étaient bouchés, elle avait l'impression de pleurer à la même intensité que la pluie. C'est toujours comme ça, il fallait juste une seule larme pour déclencher un océan entier, c'était incontrôlable et complètement dépourvue de sa volonté.

Signorina Salva Où les histoires vivent. Découvrez maintenant