Otto

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Dès qu'elle eut posé un pied sur le parquet, Salva fut emprise d'une admiration mais aussi d'une légère jalousie face à la beauté et surtout au charme de l'appartement de l'américaine, qui, quant à elle, se contentait de la regarder se mouver dans la pièce, le sourire aux lèvres.

— J'adore ton appart.

Elle ne répondît rien, la laissant dans sa rêverie. À ce moment là, elle comprit qu'il lui était impératif d'avoir son propre espace de vie, mais ce serait pousser le rêve un peu trop loin, son père était surtout le facteur premier. Elle continuait d'examiner – si on peut qualifier ça de tel – l'appartement dans le plus grand calme, jusqu'à ce qu'elle ouvrit la porte de la fameuse pièce numérique – Vous savez, la salle du gaming – contre tout attente, elle ne dit rien et continua sa visite jusqu'à la seule chambre que possédait cet endroit. Cette pièce par contre, l'intriguait, la décoration était complètement à l'opposé de tout le reste de l'appartement. Accrochée au mur, un petit écran extrêmement plat et transparent, défilant tour à tour des citations littéraires comme philosophiques de tout genre et tout auteur confondu. Ce diaporama enchantait ses yeux, la police d'écriture était gracieuse, le rythme parfait. Le lustre suspendu au plafond ne pouvait qu'accentuer le charme de la disposition des meubles. Un lit soigneusement préparé, un placard vintage – comme ceux des siècles antérieurs – Salva était refaite. Elle jeta encore un dernier coup d'œil à cette femme garçonne, qui, à travers ses airs indescriptibles, camouflait avec brio ce côté auquel elle ne pourrait toujours pas donner un nom.

— Je pensais que tu aurais un sanctuaire de livres.

Restée dans sa position initiale, elle pointa de son menton un endroit que Salva n'avait pas eu le temps de remarquer : c'était une petite porte presque camouflée, située entre le lit et une fenêtre. Elle lui lança un dernier regard, et en une fraction de seconde, elle ouvrit, alluma la pièce qui était sombre au départ, pour découvrir ce qu'elle pourrait qualifier de repère. Cette pièce était exactement comme elle l'avait imaginé.

— J'ai ici 300 à 500 livres, ce qui n'est pas vraiment ouf. La totalité de ma bibliothèque se retrouve chez moi à Atlanta, je n'ai malheureusement pas pu prendre plus que ça. Dit Alaïs, pénétrant la pièce, admirant chaque livre présent.

— Tu dois vraiment aimer ça.

— T'as pas idée.

Salva s'avança, touchant du bout des doigts les livres, parfaitement classés. Elle avait l'impression de la connaître un peu plus, de découvrir avec la plus grande des délicatesses les secrets intimes d'Alaïs Warner.

— Comment t'as fait pour tomber sur un appart aussi parfait ? Je veux dire... Tout t'es sur mesure.

Elle eut un sourire avant de répondre :

— En faite, j'ai payé pour qu'on fasse quelques travaux. En réalité, je devais être installé ici depuis le début, mais à cause de la structure de l'appart qui ne me plaisais pas, j'ai demandé à refaire. Donc... En attendant j'ai pu d'abord m'installer deux semaines dans ta chambre à toi.

Et elle qui avait eu la naïveté de croire qu'elle était partie à cause de leur dispute.

— D'accord.

— On s'en va ? Demande Alaïs.

— Bien sûr.

Elles retournent donc à la pièce principale, c'est-à-dire au salon. Elles s'assirent toutes les deux, sur le canapé en cuire bleu roi, très froid au contact.  La clim était à fond comme d'habitude, et Salva prenait déjà un coup de froid.

— Tu peux arrêter la clim s'il te plaît ? J'ai hyper froid.

— Bien sûr.

— Du coup, on fait quoi ?

Signorina Salva Où les histoires vivent. Découvrez maintenant