Partie 45 - ELLERYN

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Je sentais sa colère. Eros était tellement hors de lui que je me demandais s'il n'allait pas me frapper pour la première fois. Il tenait ma plaquette de pilule et me fusillait du regard.

- C'est quoi ça ?

- Une pilule...

- Tu veux que je te tue ? T'ai-je autorisé à faire ça ?

- Je...

Je ne savais pas quoi dire, ni même comment me justifier. Je venais tout juste de me rendre compte que prendre la pilule n'était pas seulement la pire idée que j'aurais pu avoir mais aussi que ça allait peut-être causer une des plus grandes disputes entre Eros et moi.

- Est-ce que t'en as pris ? Qu'est-ce qui t'as pris de demander une pilule ?

- Bah...je...je ne sais pas, m'énervai-je tandis que mes yeux se remplissaient de larmes.

- Je ne te refuse jamais rien mais là, tu abuses !

- Je n'ai rien fait de mal !

- Je ne veux plus t'entendre !

- Arrête de t'énerver pour rien...

- Je ne veux plus te parler, décida-t-il en tournant les talons.

Il ne m'écoutait plus, il ne me regardait déjà plus, il était vraiment en colère contre moi. La panique commençait à me gagner, il était en train de me quitter. Est-ce qu'il était en train de rompre avec moi ?

- Tu vas où ?

- Je ne sais pas mais je ne suis pas en état de te parler !

- Eros, je suis désolé...

- J'espère bien, pesta-t-il.

J'éclatai en sanglots en le voyant partir, je ne voulais pas l'énerver. Je tentai de l'appeler mais je ne fis que tomber sur son répondeur. Je me dirigeai donc dans ses appartements, je me sentais soudainement très épuisée. Je me laissai tomber dans le lit, Zacharie entra avec Federico.

- Madame...qu'est-ce que vous avez ?

- Tu peux m'apporter de l'eau ? J'ai très soif...

- Tu es pâle Eller, murmura Federico, je vais appeler le médecin...

- Non, murmurai-je en tendant la main vers lui, je suis juste fatigué, tu peux rester avec moi ?

Fedy ne répondit pas, il s'assit sur le bord du lit, je posai ma tête sur sa cuisse. Je me tournai vers Zacharie et demanda d'une voix tremblante :

- Tu peux...essayer de l'appeler ? Dis-lui que je suis désolé...dis-lui que je lui demande pardon...appelle-le...

- D'accord, protesta Zacharie, je vais le chercher, ne pleurez pas ! Je vais le ramener !

J'hochai faiblement la tête puis sombrai dans un profond sommeil. Lorsque je me réveillai le lendemain, je me rendis compte que j'avais dormi presque vingt heures. J'avais terriblement chaud, j'allais donc prendre un bon bain.

Je ne savais plus quoi faire. Eros n'était toujours pas rentré depuis hier. Tout ça à cause d'une pilule. J'avais demandé à Zacharie de le localiser pour que je puisse le rejoindre. Je ne comprenais pas trop sa réaction mais je savais que je l'avais blessée et que j'avais fait deux choses qu'il ne fallait pas : ne pas le prévenir et ne pas demander l'autorisation.

Des larmes se mirent à couler sur mes joues. Je ne voulais pas qu'il me haïsse de nouveau, je ne le voulais plus. Je ne le supporterais plus.

- Viens...

Je sursautai en entendant Eros m'appeler, il était en bas. Je pris mon peignoir et sortit de la salle de bain. Je descendis les escaliers rapidement pour le rejoindre dans le salon. Il était avec Zacharie et Federico. Il se tourna vers eux et ordonna :

- Laissez-nous !

- Nars...

- Fedy, je veux parler avec ma femme seul !

Fedy ne dit rien. Il soupira et quitta la pièce. Eros s'assit sur le canapé avant de me faire signe de le rejoindre. Je m'installai lentement, je n'aimais pas quand il s'énervait comme ça.

- Tu es toujours fâché ?

- Oui.

- Je te demande pardon !

- C'est vraiment de famille j'ai l'impression, soupira-t-il, ton frère et toi, vous vous êtes passé le mot pour ne faire que des choses qui vont me blesser...

Je me raidis, mes yeux se remplirent de larmes, il se sentait trahit. Je tentai de l'approcher mais il recula, hors de ma portée. Je devais dire quelque chose, je devais lui expliquer.

- Je...la dernière fois que je suis tombée enceinte tu es mort !

Il se leva. Je me fis violence pour ne pas pleurer, ça ne ferait qu'aggraver les choses, que l'énerver encore plus. Il fit quelques pas jusqu'au bar et se servit. Il était rare qu'Eros boive, il ne prenait que du vin pendant les dîner.

Je l'avais déjà vu se mettre dans cet état, quand nous nous étions retrouvé et qu'il ne voulait qu'une chose : me tuer. Voilà que je venais de le replonger de nouveau dans ses habitudes destructrices.

- Eros...

- Je ne veux pas te voir pour le moment, je préférerais que tu rentres chez Lio...ou si tu veux rester, je pars pour le continent !

- Je rentre, murmurai-je. Je suis vraiment désolé Eros, je ne pensais pas à mal...j'espère que tu sauras trouver la force de me pardonner...

Il ne me répondit pas. J'allais recupérer mes bagages, puis après avoir fait un saut dans la chambre de Ruth, je quittai Imperia avec Fed qui refusait de me quitter. Je ne voulais pas laisser Eros seul mais Fed me dit que Zacharie lui avait dit qu'il allait s'occuper de lui et qu'il était préférable qu'il parte avec moi.

Papa ne me posa pas de questions lorsqu'il me vit arriver à la maison, il me prit juste dans ses bras et me laissa pleurer. J'étais complètement déprimée, mon frère était en train de mourir, sa femme, une de mes plus proches amies aussi, ma meilleure amie était forcée de devenir reine d'un royaume qui ne faisait que la blesser et mon mari ne voulait plus de moi.

Oncle John vint me chercher le lendemain, il n'était pas d'accord avec le fait que j'étais partie et me disait qu'il avait réprimandé Zacharie pour m'avoir laissé quitter Imperia. J'eus beau lui expliquer c'était mieux ainsi, il refusa de m'écouter et me ramena quand même là-bas.

Je laissai passer encore un jour puis décida d'aller voir mon mari, en espérant que ces deux jours loin de moi, l'avaient assez calmé pour qu'il accepte au moins de me parler. Fed voulut m'accompagner mais je refusai, je devais le voir seul.

J'ouvris la porte de ses appartements et me dirigeai vers sa chambre en voyant sa chemise sur le canapé de son salon, il était donc bien là. J'ouvris lentement la porte pour ne pas le réveiller au cas où il dormait et m'approchai du lit.

Je stoppai net en voyant qu'il n'était pas seul. Ce fut comme si on venait de me donner un violent coup de poing dans l'estomac, comme si une main venait de broyer mon coeur.

Trouver mon mari dans notre lit avec une autre détruit mon monde. Surtout lorsque je vis que celle qui dormait tranquillement sur le torse nu d'Eros, n'était autre que Valentina...

EMPYRIA  [T8]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant