Enora trouva vite un plan simple mais qu'elle jugea efficace : elle allait se recopier sur le poignet ce tatouage qu'avait l'Homme. Elle dessina des gribouillis avec son stylo rouge : elle avait vraiment du mal à croire que c'était censé ressembler à une tempête. Son « quartier libre » lui laissa largement le temps de s'appliquer à la tâche. Puis, tentant le tout pour le tout, elle se mit, une fois devant l'Homme au costard impec, à improviser.
«-J'aurais aimé que tu réagisses. Que tu cries, que tu me questionne. C'est ce qu'aurait fait une vraie tempête rouge. Non ? De toute évidence, tu n'en es ...
- Détrompez-vous. Voyez-vous, je suis moi-même une ... tempête rouge. (Elle désigna son tatouage) Et de très haute lignée ! Ne reconnaissez-vous pas ma chevelure lisse et mes yeux gris ?!
L'Homme sembla hésiter :
- Serait-ce ... Seriez-vous ... une De Vermont ?
- Exact, et élémentaire, mon cher ! Vous comprenez maintenant quel honte vous devriez avoir ! Non mais ! Débarquer comme tel chez une si noble famille, et tenter de me faire du mal ! Mes parents en entendront parler !
L'Homme était indécis ; il ne savait pas comment réagir.
- Mais que faites-vous ... ici, pourquoi n'êtes-vous pas ... morte ? Vous êtes tous éteints ...
Enora, prise de court, balbutia :
- Mais ... Enfin, cela ne vous regarde pas ! Et maintenant, fichez le camp ! Je vous en foutrai, moi, d'la politesse ! »
L'Homme, battu, s'enfuit par la fenêtre et ne se retourna pas. Enora soupira. Du moins, la chambre était propre. Elle se traîna jusqu'à sa chambre en ne pensant qu'à dormir, et s'effondra sur son lit.« Remerciez Les Quatre Unis, pour leur bonté, leur souplesse et leurs actes purs. Que notre esprit s'imprègne de cette perfection et se débarasse de toute futilité, que celui-ci puisse vivre par delà les frontières de la mort, à travers le temps et le jugement. Canalise cette puissance contre la cinquième force, et elle pliera ou signera notre fin. Grands Quatre Unis, guidez foi et espoir, autorisez bienveillance et gentillesse, hors du monde extravagant et impulsif des Habitants de la Terre-Sol. Prévenez guerres et canalisez la violence vers ceux qui nous rejettent, nous les Tempêtes Noires, rejetés les autres Tempêtes elle-même. »
Enora arrive au bout du tunnel de son rêve. Alors elle se réveille (enfin, elle en a l'impression, mais elle sait que ce qu'elle vit est faux) et assiste à la reconstitution sanglante d'une bataille, Avec des soldats nombreux, dont les armures à la base Bleues, vertes, grises et rouges, se maculent de sang. Puis, le carnage est fini. Enora s'attend à se « rendormir » mais finallement la vision n'est pas encore aboutie ; Le décor, cette fois-ci, n'est pas un champ de bataille mais un simple salon. Simple, ce n'est pas le mot qui convient : en vérité, il est luxueux et énorme. Enora est « assise » sur un sofa, et elle semble être au milieu d'une discussion. Il y a deux hommes et deux femmes, tous vêtus d'une seule couleur chacun. Elle tend l'oreille et repère des bribes d'informations.
« - ... avons un pacte à vous ... clair comme de l'eau de roche, mais c'est une action concrète ... avantageons le bien-être de nos proches ..., n'est-ce pas ?
La femme en vert se met à questionner la femme en rouge-celle qui vient de parler.
- ... c'est tout ? ... aussi simple que ... avez une idée derrière la tête ! Il faut ... encadrer.
L'Homme en gris explique:
- Bien sûr ... différents gardes ... sécurité ... si vous le souhaitez... nos enfants avant tout. »
Enora, avide de renseignements, est aspirée vers un trou lumineux et rate la fin de la discussion. Le trou redevient petit à petit le tunnel, au fur et à mesure qu'Enora se trouve dans un état vaporeux. Puis elle se réveille. Pour de vrai, bien sûr.
Et, avant même de penser à ce qu'il est advenu de Vincent, elle se dit à elle-même : « Je dois partir ».

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Ebony War
ParanormalEnora oscille entre la fiction et le réel, et elle voudrait bien se débarasser de son imaginaire, mais elle est loin de savoir que sa réalité va se débrider. Cinq adolescents l'attendent quelque part pour l'aider à mettre fin à une longue guerre ent...