Un départ vers la Terre-Sol

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- J'espère qu'au moins ils seront sages, glissa Ruby à l'oreille de Tin.
- Bien sûr. Peut-être qu'ils s'entendront bien avec Lucidnost.
- Quoi ? T'as amené Lucy ? Nan mais t'es taré, tu veux nous faire perdre notre boulot !?
- Ça va, Ruby, ça va, calme-toi... ils n'ont pas d'autre choix que de nous garder, de toutes façons.
- Il t'arrive parfois de réfléchir, Tin ? À quoi ça nous sert une cinquième gamine ?
- Ce n'est pas un fardeau, Ruby ! C'est de ma fille dont tu parles, là ! » tonna Tin. Un long silence régna entre les deux collègues. Ils marchaient nerveusement jusqu'à la Grande Sortie, reliant les Quatre Mondes Colorés entre eux. Mais eux, ils ne venaient pas d'un de ces mondes, eux, ils étaient arrivés par un passage dans la Terre, qui s'était refermé derrière eux. La Grande Sortie était vide. Elle était presque toujours vide. C'était une énorme pièce en murs terreux, et le plafond, bien qu'on ne put l'apercevoir entier, était un dôme lui aussi fait tout simplement de terre.
Il y avait quatre grandes et hautes portes fermées : une verte, luisante de propreté et constituée de décors en bas-relief, une bleue, rudimentaire et rustique mais par ce fait pittoresque, une rouge, faite de métal rouillé et gravée de motifs anciens, et une grise, simple portail rectangulaire d'acier étincellant. Il y avait au milieu de cette salle, un objet clef, à lui seule cause de la création de cet espace de partage ; et c'était un ascenseur. Tout de verre, il laissait apercevoir une lumière venant du haut du dôme. Cette lumière venait de la Terre-Sol, c'est à dire de là où Ruby et Tin allaient. Ils attendirent au centre de la salle ; un temps indéfinissable mais moyennement long. Puis, enfin, les quatre portes s'ouvrirent, en une synchronisation parfaite : Apparurent quatre jeunes enfants, avec leurs parents uniques. Les Verts avancèrent en premier, la cheffe des Vertes rejoignant les deux gardes, et demandant :
« - Où sont nos gardes ? (Elle s'adressait plus aux autres chefs qu'à Tin et Ruby).
- Voici la garde Rouge, Ruby, et je suis le garde Gris, Tin.
Jade cligna des yeux lentement :
- Je parlais de nos gardes à nous. À Azul et moi.
Azul renchérit :
- Il était prévu d'engager quatre gardes, et non pas deux. » Scarlett les prévint que les autres gardes allaient arriver. Alors ils attendirent, commencèrent à faire leurs adieux à leurs enfants. Plus tard, les deux gardiens en uniforme, dont on appris plus tard que leur nom étaient Marine et Esmeralda, firent leur entrée, s'excusèrent du retard, et prirent en charge les bagages. Jade, Scarlett, Azul et Mercure s'en allèrent, laissant seuls Tin, Ruby, Esmeralda, Marine et les enfants. Alors qu'ils prenaient place dans l'ascenseur, direction la Terre du Haut, ou Terre-Sol, une silhouette sembla sortir du mur, fila vers l'ascenseur et s'y introduisit, les portes s'abbatant presque sur son lourd bagage. C'était une jeune fille aux alentours de 15 ans, à la chevelure brune et à la peau claire. Elle sourit à l'assistance confuse et surprise.
« - Salut, moi c'est Lucy, la fille de Tin.
Tin précisa :
- Oui ... j'ai pensé que ma fille, Lucidnost de son vrai nom, pouvait venir ... je ne peux pas la laisser seule ...
Les autres gardes passèrent outre, malgré leur moue hésitante, tandis que Lucy protestait :
- Mais Papa, arrête de m'appeler Lucidnost, c'est trop bizarre comme prénom !
L'enfant Gris soupira :
- Je vois de quoi tu parles, ouais. Je m'appelle Nacht.
- M'en parle même pas, moi c'est Mentham, râla l'enfant Vert.
- Et moi Brann, s'exclama le fils Rouge, Elle c'est Céleste, rajouta-t-il en désignant la fille en bleu.
Lucy jetta un regard timide aux quatre jeunes, avant de se retourner vers le ciel et de fredonner :

« Sais-tu seulement pourquoi
Les fleurs n'éclosent jamais ?
Ce bourgeon que j'aimais
Frémissant autrefois
Flétri à présent
Parfois
Agonisant
M'amènes-tu, je crois,
Là où se meurt l'été
Le Printemps amèrement regretté
Lorsqu'à ma porte vient sonner
L'Hiver ou l'Automne »

Et les quatre enfants enchaînèrent :
« Les Fleurs ne fleurissent
Entre désert de caprices
Les Fleurs ne fleurissent
Ce n'est que du fer
Glacial
Et Alors les Fleurs
Fleurissent mal
Quand elles ne sont en Enfer »
Mentham sourit, et s'exclama, ravi : « Ça y est. On est en sécurité !»
-----PART--2-----
Il n'y a pas grand chose à faire de plus quand on maîtrise le temps. Si on peut exprimer le temps avec des notions, comme la seconde ou la minute, et que le temps est utilisé comme facteur de beaucoup d'autres notions, comme la vitesse ou la fréquence, ce n'est cependant pas n'importe quelle futilité. Le temps est une évidence, certes, mais presque tout en découle. Rien, sans le temps, n'a de valeur. L'amour, la vie, l'espoir, le savoir et l'expérience ...
D'ailleurs, l'Homme a toujours cherché à quantifier. La distance ? Les mètres. La puissance ? Les Watt. L'intensité ? Les Ampères, les Coulomb par seconde. Tout cela pour garder le contrôle sur un univers qui sera pour toujours et à jamais indéfinissable. Car c'est cela aussi, le temps. Incontrôlable, donc libre, donc détaché de toute définition. D'ailleurs, donne-t-on une définition exacte du temps ? Si je vous demandais de donner la définition du temps, là, maintenant pourriez-vous la construire ?
C'est pour cela que les Innovateurs ont été remis en question. Tin s'approcha de Ruby, pris sa main, et sanglota doucement. La vie était si ... dépendante du temps. Si ... courte quand on s'amuse. Mais Tin ne s'amusait pas. Il ne s'amusait plus.
Il était censé être en sécurité, au repos, pourtant il ne l'était pas, à cause de ce foutu projet.
Ruby lui susurra : « T'inquiètes, Tin, quand on les aura trouvés, on les butera tous, et on reprendra notre p'tain de place dans la société ».

Ebony WarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant