Enora avançait seule dans la pénombre urbaine, à l'affût du moindre bruit suspect. Son sac à dos porté par une seule épaule, était plutôt lourd. Alors elle accéléra la marche.
Il faisait froid. Très froid, même. Trop froid pour une nuit d'été. Mais c'était souvent comme ça, dans cette ville.Le plus étrange, c'est qu'Enora avait réussi à simplement quitter sa maison. Spirituellement, ça lui aurait semblé improbable de sa part : Partir comme cela ... Enora n'était pourtant pas quelqu'un de spontané. Disons qu'elle était juste prudente. Mais elle avait la profonde conviction que cela la ménèrait quelque part ... à quelque part d'important.
Mais où allait-elle ? Elle n'avait aucun itinéraire. En fait, elle comptait s'endormir pour en créer un. Elle espèrait que l'un de ses rêves l'aiderait à l'orienter. Chose stupide ; elle ne faisait pas si fréquemment ses rêves visionnaires. En vérité, elle devait s'enfuir le plus loin de chez elle, car quand la « tempête rouge » découvrirait la supercherie, elle serait en très très très mauvaise position.
C'est ainsi que la jeune fille s'abrita dans une auberge de jeunesse, d'ailleurs pas très rassurante, ni confortable.
Allongée sur un matelas raide et peu flexible, Enora s'amusa à répertorier tous les mots qu'elle avait récemment découvert-malgré elle.
« Tempête rouge ». Ça, elle n'y comprenait rien ; elle n'était pas experte en météorologie. « Terre Sol ». Ces mots au sens propre avaient bien un sens, mais pourquoi cette association ? Terre ou Sol tous seuls ne suffisaient pas ? « Quatre Unis ». Sûrement quatre chefs. « Habitants de Là-Haut ». Des extraterrestres ? « Cinquième force ». Elle avait déjà entendu quelque chose comme ça, un vieux film ... Ah, non, c'était plutôt « le Cinquième Élément ».
Elle n'arrivait pas à faire un lien entre tout ça. Elle finit par se convaincre de dormir, et elle s'écroula de sommeil.Un peu plus tard, elle rêva de trois jeunes garçons et d'une fille. Ce n'était pas tout à fait un de ses rêves de tunnel, mais un rêve normal. Les quatre personnes semblaient effrayées. Enora tenta de les interpeller, mais sa voix ne les atteint pas. Elle se mit alors à observer le décor : un salon, aux murs verdâtres et avec une moquette impeccable. Il y avait çà et là des fauteils, sur lesquels étaient dispersés des livres. Le grand canapé pourpre causait un contraste impressionnant. Cependant, il s'accordait magnifiquement bien avec les rideaux. La table basse, quant à elle, était d'un bois ciré et un peu trop foncé. La fenêtre donnait sur une espèce de « jardin » mais bien trop grand pour être un simple « jardin ». Il était parfaitement architecturé et ses nombreuses fontaines et étendues d'eaux étaient grandioses.
De toute évidence, c'était la demeure d'une riche famille.Elle se concentra alors sur les adolescents présents dans la pièce. La jeune fille avait les cheveux châtains et lisses, des yeux bleus et un visage assez rond. Un autre, tout de rouge vêtu, avait des cheveux marrons aux reflets roux et des yeux tout aussi marron, mais d'un marron beaucoup plus léger et tendre. L'autre en vert avait une chevelure châtain et bouclée, et avait des yeux noirs et intenses, un petit peu en amande, mais pas assez pour qu'il ait l'air asiatique. Il était même plutôt bronzé. Celui en gris avait des cheveux noirs comme la nuit et ses yeux étaient marrons. Son regard accrocha celui d'Enora. Il ouvrit la bouche dans un glapissement de surprise. Enora eu l'étrange impression qu'il était « conscient », qu'il faisait le rêve avec elle.
Puis, soudain, elle remarqua un portrait luxueusement encadré, juste derrière le Garçon Vert. Il représentait une fille aux yeux gris, avec un faible sourire. Enora constata avec stupéfaction que c'était elle : elle avait, elle aussi, des cheveux blonds. Elle se rendit compte que sa teinture n'était pas si belle que ça. Dommage. Ah, l'adolescence. Elle portait même exactement les mêmes habits qu'elle : un haut noir avec comme motif imprimé l'inscription « Punk is not dead», le tout assorti d'une immitation d'une veste de pilote du 20eme siècle. Elle décripta ce qui était gravé en dessous du tableau : « À la mémoire d'Ebony, la plus fidèle de nos sauveurs - Fait par ton imagination, à Versailles. ».
Enora ne comprenait pas. Qui étaient ces gens ? Quel était cet endroit ? Le tableau disait fait à Versailles. Elle pria pour que ce ne soit pas une fausse piste. Non, rectification, elle ne pria pas, elle était athée. Pourquoi y avait-il un portrait d'elle ? Son cerveau allait exploser.
Alors, bizarrement, une mélodie qui lui est inconnue surgit dans sa tête. Elle entend une fille chanter. Une histoire de fleurs. Un poème. S'ajoutèrent ensuite à sa voix quatre autres voix, donnant une tonalité importante aux mots prononcés, mais qu'Enora n'arrivait toujours pas à entendre. Et, quand Enora se réveilla à la fin de cette comptine, elle crut bien comprendre le mot « Enfer ».
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Ebony War
ParanormalEnora oscille entre la fiction et le réel, et elle voudrait bien se débarasser de son imaginaire, mais elle est loin de savoir que sa réalité va se débrider. Cinq adolescents l'attendent quelque part pour l'aider à mettre fin à une longue guerre ent...