Versailles

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Enora prit conscience de son erreur dès qu'elle eut pris le car. Premièrement, elle avait volé de l'argent à son père. Deuxièmement, elle n'en avait plus beaucoup. Troisièmement, elle était seule, par conséquent, pas en sécurité. Quatrièmement, partir sur un coup de tête n'est jamais très bon. Cinquièmement, elle ne savait même pas quoi faire une fois arrivée (si elle arrivait à destination, parce que bon, on rentre pas dans une propriété privée comme ça).
En revanche, elle était ravie parce que le car disposait d'une prise pour charger son téléphone.
Deuxième prise de conscience : son père devait l'avoir appelée, et après ça la police. Quoique ... elle avait laissé un mot furtivement rédigé indiquant qu'elle logerait pendant quelque temps chez sa meilleure amie « Julia ». Bien sûr, Julia n'existait pas, et c'était là tout l'inquiétude que pourrait éprouver son père. Il ne connaissait aucune Julia, mais comme Enora lui parlait peu de sa vie sociale en général, il serait vite rassuré. Elle décida alors de tout de même appeler son père, pour être bien crédible.
« -Allô, Enora ? Dis, tu pourrais prévenir à l'avance, quand même.
- Oui, je sais, mais en fait c'était une urgence.
- Une urgence ??
- On a oublié de bosser un exposé, avec Julia, et c'est pour la rentrée...
- Ah bah bravo ! Du coup tu comptes rester combien de temps ?
- Rah, je sais pas ... jusqu'à la fin des vacances ?
- pour un exposé ? Alors qu'il reste quatre jours de vacances ?
- Bah oui, ça se travaille, un exposé.
- Pfff ... ok. Mais tu as des affaires au moins ?
- Oui, oui. Tu sais, c'est possible aussi que je rentre plus tôt...
- Pas de soucis, je suis à la maison.
- Vince va bien ?
- Oui. (La voix de Vince résonne dans le fond « Ouais ça va tranquille »)
- Bon... bisous.
- Attends.
- ... Oui ?
- Je peux parler à Julia ?
- Elle ... elle est occupée. Elle est sous la douche.
- D'accord. Bon ...
- Ouais ... À plus.
- Bis... » Enora lui avait raccroché au nez. Il n'avait rien fait pour mériter ça mais elle était irritée. Tout cela lui tappait sur les nerfs. Elle avait hâte d'arriver à destination. D'arriver à Versailles. Car c'est là qu'était l'habitation dont elle avait rêvé cette nuit-même ; c'était une des riches maisons jouxtant le chateau de Versailles comme elle avait pu le constater à l'aide du paysage à travers la fenêtre.
Et Enora avait l'intime conviction qu'elle devait absolument entrer en contact avec ces quatre jeunes.
-----Partie--2------
Lucidnost était brillante. Elle était fille d'Innovants, mais elle aurait pu être destinée à autre chose : elle aurait probablement dû intégrer un des quatre principaux rangs, à savoir tempête rouge, bleue, grise ou verte. Mais devenir tempête c'était choisir un camp donc entrer en guerre. Heureusement, la génétique avait décidé de favoriser Lucy et de la rendre savante et cultivée. Elle touchait à tous les domaines : elle voulait comprendre le fonctionnement de tout, du corps humain comme de son esprit, les arts comme la physique. Et c'est ce qui la rendait riche intellectuellement ; elle se ressourçait de façon diversifiée. Tin n'osait pas le dire à Ruby, mais s'il avait véritablement amené Lucidnost, c'était pour qu'elle les aide dans leur « projet ». Mais Lucy ne savait pas encore en quoi il consistait.
Lucidnost était ravie de venir, surtout parce qu'elle voulait pouvoir s'enorgueillir d'avoir des liens avec les quatre héritiers des chefs.
Au fond d'elle, Lucy se demandait aussi quelle était la différence entre les tempêtes grises et les Innovateurs : on dit d'eux que ce sont des personnalités fort intelligentes. La mère de Lucidnost lui avait expliqué que les Innovateurs, eux, avaient le courage de présenter leurs idées. C'étaient des leaders. Comme des « chefs d'entreprise ». Alors que les tempêtes grises n'étaient que des grosses têtes pleines de ressources s'approfondissant uniquement dans la science et la découverte. La stratégie, en ce moment. Le travail des Innovateurs est considéré comme « plus utile et pratique ».
Lucy était brillante et clairvoyante. Elle savait que son père n'avait pas été engagé pour rien, encore moins pour « faire le bien ». Quelque chose se tramait. Et elle voulait savoir quoi. La curiosité la rongeait de l'intérieur. C'était une de ses principales caractéristiques ; en bien comme en mal. Elle était curieuse, oui, et très encline au stress. Elle était aussi fragile et sensible. Assez charitable et avec une âme très « pure », immaculée de tous jugements ou pensées « inutiles ». Elle était, pour bien dire, innocente. Saine de corps et d'esprit ! Un petit ange sur pattes. Et cela causait souvent les railleries de ses camarades de classe ; cela blessait profondément Lucidnost, mais elle n'altérait en aucun cas sa vision saine de la vie.
C'est ainsi que Lucy se retrouvait sur la Terre-Sol en très bonne position : libre, en sécurité, sans camarades pour se moquer d'elle, avec de nouveaux amis à se faire. C'était trop beau pour durer.

Ebony WarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant