Premier contact

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« Qu'est-ce que je vais leur dire ?
Bonjour. Non ... Bonsoir. Bonsoir, je m'appelle Enora. Non ! Bonsoir, je suis Enora Villebrault. Je voudrais discuter avec vous de ... non, non, non ... Puis-je vous parler de ... de ? De ... DE QUOI JE POURRAIS BIEN LEUR PARLER, MERDE ! T'ES TELLEMENT BÊTE ! Bon. Je vais pas dormir dehors ... j'dois avoir de la monnaie dans mon sac ».
Enora se mit à la recherche d'une auberge de jeunesse non loin, et surtout peu chère.
« Demain, je reviendrais ... uniquement si je fais un rêve cette nuit. Je suis certaine que si je fais un rêve je saurais quoi dire ». Par chance, elle rêva bien cette nuit-là.

Elle traversait le fameux tunnel de végétation, prononçant les incantations qu'elle ne parvenait toujours pas à comprendre, quand soudain, au milieu de son parcours, elle s'arrêta. Elle s'arrêta pour observer ce qui se trouvait tout simplement devant elle : un homme à la peau noire, et vêtu de noir. Il était à l'autre bout du tunnel et avançait en sens inverse. Ses paupières clignaient sans arrêt et son regard ne semblait pas vouloir se poser. Psalmodiant avec un air chantant, il ne semblait pas prêter attention à Enora. Puis, arrivé à son niveau, il lui tira finalement le bras avec une force peu commune, mais qui, pour une raison étrange, ne semblait pas venir de sa musculature. Il gronda « LA FIN EST PROCHE ! LA FIN EST PROCHE ! MAIS POUR NOUS, LES ÉLUS DE LA FORCE QUI NE SE CONTRÔLE PAS, CE N'EST QUE LE DÉBUT ! » ... ou un truc du genre. « Encore un gros taré », envisagea Enora. Sans même avoir atteint le bout du tunnel, son « hallucination » irl démarra.

Elle se retrouva face au brun. Le mec qu'elle avait vu dans la voiture.
Il ouvrit grand les yeux comme s'il venait de se rendre compte de la présence d'Enora. Il semblait vouloir poser beaucoup de questions, mais il se rendit compte qu'Enora paressait aussi perdue. Alors c'est lui qui s'empressa de parler. « Viens ». Un gros blanc. Il rougit et s'excusa « Ok, je veux dire, je ne sais pas qui tu es, mais je sens que tu es importante ». Il laissa place au silence, il semblait donc attendre une réponse. Enora n'arrivait pas à articuler ne serait-ce qu'un mot. Elle se concentra de toutes ses forces pour lâcher : « C'est ... vraiment vous ? ». Les traits de Blondinet se troublèrent et le rêve prit fin.
Enora se réveilla en sursaut. Elle attrapa son téléphone et vut qu'elle avait reçu plusieurs appels et quelques messages de Ruth. Trop épuisée pour répondre, elle se rendormit. Quelques heures plus tard, elle prit son sac et fonça hors de l'auberge. Ce rêve avait été vraiment court mais elle avait l'impression que Blondinet aussi avait rêvé d'elle.
Ouiii, c'était sûrement scientifiquement impossible, elle en avait conscience, mais après tout elle avait récemment vécu une boucle temporelle.

Il y avait quelque chose qui le dérangeait profondément. En fait il n'était pas le seul, mais c'est lui qui le sentait le plus ; après tout, il était une tempête verte, la tempête de la protection. Oui ; Mint s'entêtait à rectifier les préjugés selon lesquels les tempêtes vertes sont les plus faibles. Alors que, actuellement, elles avaient un pouvoir de détection du danger très pratique. Un pouvoir si puissant - et pourtant si souvent sous-estimé.
Et au moment où Mint passa la porte du Ebony Hope, il ressentit la plus forte appréhension de sa vie. Il vit passer en tête des images très floues - une fille, aux cheveux blonds, puis un sentiment d'insécurité, et enfin l'angoisse, une mission capitale qu'il devait accomplir ...


Debout à 6 heures du mat, en sueur, Nacht se servait un verre de Whisky. Il n'y connaissait rien en alcool, il prenait ce qui venait et il y avait par là une bouteille de Whisky qui traînait. Nacht détestait sa chambre - une espèce de grande pièce au parquet craquant, un gigantesque lit à baldaquin, des fauteils poussiéreux dispersés là et là, une imposante bibliothèque... Il détestait aussi cette Terre-Sol, il aurait préféré mille fois rester dans le Quartier des Tempêtes malgré la guerre.
Et cette fille ... cette fille ... c'était tellement bizarre.
« Ah, putain, j'ai mal à la tête »
Il entendit la porte se dévérouiller ; Brann débarqua dans la chambre.
« - Salut mec, balança Nacht avec une voix rauque.
- Waouh, sérieusement ?
- Y a quoi ?, lâcha-t-il avant de roter.
Brann lui prit la bouteille des mains et soupira :
- T'es dans un sale état, haha. Non mais il est quoi, sérieux, 6h du mat ? Allez, va te coucher.
- Hohoho, alors c'est toi, TOI le mec qui fait la teuf toute la nuit, qui vient me dire d'aller me coucher ? Ahah, nan mais quelle blague.
Brann fronça les sourcils :
- Bon, sérieusement qu'est-ce que t'as ?
Nacht s'assit.
- Je ... Il y a une fille.
- QUOI ? Oohhh mec, t'es amoureux ? Putaaain c'est trop chouuu ohhh le ptit Nacht a bien grandi !
- Quoi ? Non ! Je la connais même pas ! Je connais même pas son nom ! Écoute moi, ce que je veux dire, c'est que j'ai rêvé d'une fille, une fille qui va nous aider.
- Pfff ... et nous aider dans quoi, gros malin ?
- Je ne sais pas encore, mais je sens qu'elle n'est pas très loin d'ici.
- Tu t'es pris pour Mint ou quoi ? Tu sens les choses maintenant ?
- On a un lien, je te jure ! J'ai senti ... du pouvoir en elle. Comme si c'était ...
- Va dormir, Nacht ... »
Nacht plissa les yeux, lança à Brann un regard noir, puis s'allongea. Brann s'éloignait vers sa chambre quand Nacht lui demanda :
« - Brann ?
- Oui ?
- Comment as-tu su ? Que j'étais réveillé ?
- ...
- Alors ?
- Moi non plus je n'arrive pas à dormir. »
Nacht ferma les yeux. Il était lassé, laissé, délaissé. Il ne savait pas quoi faire. Cette fille ... Il savait que Brann mentait. Lui aussi avait fait un rêve.
Penser à rien pendant un moment lui ferait du bien. Mais il avait beaucoup de mal à se vider la tête ; pour cela il devait en quelque sorte « entrer dans une boucle ». Il lui suffisait de marcher en rond, par exemple, avec tenacité, et de prononcer simplement une phrase en la répétant indéfiniment. C'était répétitif, certes, mais efficace. Alors Nacht se releva, fit les cent pas. Ce qui le préoccupait c'était, majoritairement, le danger dans lequel il se trouvait manifestement. C'est-à-dire qu'il savait que Marine et Esmeralda avaient disparu, que Lucidnost était probablement un pion dont il ne faudrait pas se rapprocher, et qu'il y avait une fille avec des cheveux blonds qui le recherchait probablement. Tout ça parce qu'il lui avait demandé de l'aide, et pourquoi ? Lui même n'en savait rien, il l'avait vue depuis la voiture, et il avait pressenti quelque chose. Il y avait, il en était sûr, un souvenir enfoui profondément au fond de lui ... Quelques parts de sa mémoire qui pourraient expliquer bien des choses.
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Ebony WarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant