Un druide-Astaroth. Bien sûr. Logique.

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Lucy encouragea la troupe à lever le campement :
« - Dépêchez-vous, s'il vous plait. J'aimerais que nous avancions sur ce qui était prévu - nous aurions déjà dû avoir parcouru dix kilomètres !
Brann la parodia en prenant une voix d'instrutrice sèche et stricte, ce qui fit réagir Lucidnost telle une instrutrice sèche et stricte.
Céleste l'implora de se taire et de lui porter secours.
Enora s'exaspéra :
- On a quitté des adultes pour retrouver un autre adulte. Enfin deux, si on compte Mint. Lucy et Mint doivent bien s'entendre. Ils sont tellement pieux, on dirait des Spirites.
- C'est clair, renchérit Brann, on trouvera pas deux autres rabat-joies comme ceux-là.
- Tais-toi, insista Céleste, surtout si c'est pour ne rien dire ; aide-moi, plutôt, à plier ce drap. Mais en tous cas, arrête d'utiliser ta salive !
Brann fut piqué :
- Quelle jolie façon de dire ta gueule.
Il fit une pause car, effectivement, il n'avait plus de salive.
- Tu m'épates par ton vocabulaire et ta créativité florissante de jour en jour, Céleste. Si au moins ça pouvait être le cas de ton intelligence.

Tandis que Céleste poursuivait Brann avec ce qui se trouvait être une branche, Nacht remballait ses affaires. Quoi de mieux que la solitude pour que son efficacité soit à son comble. Dès que l'empaquetage de l'ensemble de son équipement fut fini, il quitta les lieux. Il alla retrouver Lucy et Mentham, les deux seuls personnes prêtes. Ceux-ci se plaignaient de la paresse de leurs trois autres compagnons. Nacht décida de ne pas les interrompre et, contrairement à Brann, de se taire. Il entendit bien des choses se dire sur Brann, Céleste et Enora, et se fit la remarque que l'adrénaline et le partage d'une expérience commune n'étaient pas systématiquement favorables à l'esprit d'équipe.
Nacht était tendu ses derniers jours. Il sentait le danger se rapprocher, et il aurait pu donner précisement le délai de paix qui leur restait avant d'affronter une épreuve proche. Il se décida à en faire part à Mentham, qui avait potentiellement lui aussi ressenti cela. Ils s'accordèrent sur ce temps : ils estimèrent qu'il était équivalent à un jour et demi. Mentham dévia la conversation sur Brann. Il évoqua son incapacité à rester sérieux et tranquille. Tout à coup, Nacht s'emplit d'antipathie à l'égard de Brann. Puis, lorsqu'il croisa le regard de celui-ci, un flot de souvenirs attendrissants jaillir de son esprit. Nacht se tourna alors vers Mentham, cherchant à capter son regard : il comprit instantanément que Mint avait exercé sur lui son pouvoir de persuasion. La colère d'avoir été manipulé, même très peu, monta en Nacht. Il finit par s'apercevoir que cela n'était pas volontaire, et que Mentham ne faisait que s'inquiéter profondément pour leur avancée. Nacht savait qu'il n'aurait pas les mots justes pour appaiser ses pensées, mais lui aussi se trouvait dans la même situation, et il n'avait pas non plus l'habitude de communiquer de la chaleur ou de la compassion. Il abandonna alors l'idée. En plus, son rôle, c'était le rôle de la personne trop honnête au point d'être méchant. Un rôle, ça se joue, mais un rôle, c'est un mensonge, or Nacht ne mentait jamais.
Quand enfin les trois autres les rejoinrent, ils purent partir.
Ils traversèrent un bois, ou peut-être une forêt. Quelle importance ? Brann faillit trébucher une fois ou deux, Céleste se plaignait sans arrêt de l'état de ses chaussures, et Mint faisait des mouvements aériens comme s'il avait une épée, exerçant son récent apprentissage.
Il vint un moment où ils durent traverser une petite rivière. Ils en sortirent trempés, honteux de leur échec relatif. Comment pouvaient-ils battre les Tempêtes Féroces s'ils ne pouvaient même pas combattre un courant d'eau ?
Ils décidèrent donc de faire une pause qui coïncidait avec le repas du midi. Étant donné qu'il leur restait assez peu de provisions, ils élirent trois personnes pour se débrouiller pour trouver de la nourriture dans la nature. Céleste se chargea de faire pousser des baies. Brann et Enora partirent à la chasse, mais ils revinrent bredouilles. Nacht tenta alors sa chance : il ne tomba sur rien d'apétissant. Brann partit alors seul à la pêche : il revint avec quelques ressources. Céleste le taquina :
- Donc t'es vraiment un ours, y a pas que les poils...
Brann grogna pour toute réponse.
- Ou l'odeur. Ou le comportement bestial.
Il était à deux doigt de se jeter sur elle pour la dévorer. Mais au lieu de ça, il se coucha sur la nappe improvisée (à vrai dire un des draps) et abaissa ses paupières.
- Il hiberne, lança Céleste.
La tension du groupe dûe à la faim fit place à une effusion de rires.
Lucy fut la première à se reconcentrer sur l'objectif de leur pause :
- Voilà, nous n'avons pas fini de lire le dossier. J'ai gardé sur moi les différents papiers - il y avait le plan du Ebony Hope, la carte, les deux retranscriptions, et ce que nous n'avons pas encore vu : une page d'un livre et une fiche technique. La carte et les deux retranscriptions sont dans le sac de Brann. Dans le mien ... Mon sac ! Où est mon sac ?
Le visage de Lucidnost se figea dans une expression de panique. Elle se leva et rebroussa chemin, inspectant les alentours.
« - Et bien, on dirait que Miss Parfaite est pour une fois fautive, plaisanta Brann.
Mentham fronça les sourcils :
- Arrêtez, soyez un peu indulgents. Elle est très responsable en temps normal. Vous ne vous rendez pas compte, mais elle est le pilier de ce groupe. C'est elle qui organise tous nos déplacements - elle qui nous guide, elle qui nous entraîne à l'épée.
- La seule raison qui fait qu'elle nous conseille sur notre maniement à l'épée, c'est qu'elle ne sait pas se battre elle-même. Il fallait bien qu'elle se trouve une occupation, objecta Nacht, les yeux dans le vide.
Céleste implora ses camarades :
- Stop, s'il vous plaît, ne divisez pas le groupe. Il faut que l'on soit unis si l'on veut un jour combattre Tin, Ruby, les Féroces, ou je ne sais qui. Ne vous prenez pas la tête pour un truc aussi stupide que la participation de Lucidnost. Si vous ne l'aimez pas, gardez-le pour vous.
Brann soupira. Il y eut un long silence, à la limite du gênant. Ils attendirent le retour de Lucy.
Quelques minutes plus tard, elle réapparut, les larmes aux yeux.
« - Je ne le retrouve pas !
Céleste la fit s'asseoir à côté d'elle.
- Allez, c'est pas grave ... il y avait quoi dedans ?
- Principalement une bouteille, deux paquets de chips, mais surtout les le reste du dossier !, sanglota Lucidnost.
Les visages devinrent grave.
- Au moins, remarqua Mentham, nous avons toujours la carte, les draps, l'argent et les épées. »
Le petit groupe avala le reste de leurs vivres, et avancèrent vers Branhilde.
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