#22 - Le seul pour moi.

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Guillaume entra prudemment dans l'appartement qu'il partageait avec Aurélien, d'un pas hésitant et en faisant le moins de bruit possible. Il avança jusqu'au salon d'un air penaud, et sursauta lorsqu'il entendit la porte se refermer dans un claquement derrière lui. Merde...! jura-t-il en s'insultant intérieurement. Il voulait faire une entrée silencieuse, ne sachant pas si son colocataire dormait ou pas encore. Il ne savait même pas ce qu'il lui dirait s'il se retrouvait face à lui. Est-ce qu'Aurélien était encore en colère ? Est-ce qu'il lui faisait encore la gueule ? Ils s'étaient engueulés à propos d'une histoire bidon, et Guillaume avait haussé la voix pour prendre le dessus avant qu'Aurélien ne le pousse littéralement en arrière et ne lui crie de dégager, les larmes aux yeux. Guillaume l'avait alors regardé d'un air froid, les sourcils froncés de colère, et il avait vu un éclair de doute et de panique traverser les prunelles sombres de son ami. Il avait exhalé un rire sans joie en secouant la tête puis avait tourné les talons, pour sortir de l'appartement. Aurélien n'avait pas essayé de le rattraper.

***

Il parcourut le salon du regard et le trouva étrangement vide. Il sentit un légèrement serrement au cœur en se disant que c'était vraiment très rare les soirées où Aurélien n'était pas affalé sur le canapé quand il rentrait. Ce dernier finissait toujours par s'endormir sur ce même canapé, et Guillaume se levait pour aller se coucher, ne prenant pas la peine de le réveiller pour qu'il aille se coucher dans sa propre chambre. Cela faisait trois heures qu'il était parti de l'appartement. Aurélien ne l'avait pas appelé une seule fois. D'habitude, quand ils s'engueulaient, il attendait toujours que le plus jeune lui envoie un message pour revenir. Reviens, Je suis désolé, Ça vaut pas la peine qu'on se fasse la gueule pour ça, T'es qu'un con Guillaume Tranchant. Aurélien lui envoyait toujours un message dans l'heure qui suivait et Guillaume rentrait à l'appartement, un fin sourire aux lèvres, sachant pertinemment bien qu'une fois le seuil de l'appartement dépassé, Aurélien lui sauterait dans les bras. Ce dernier s'excusait alors et lui faisait de même, le serrant fort contre lui. Parce que rien n'était assez important pour se mettre entre eux, même pas une dispute débile. Mais cette fois-ci, il avait attendu trois heures et Aurélien ne lui avait pas envoyé un seul message. Que ce soit d'excuse ou d'insulte. Il avait commencé à s'inquiéter et avait décidé de rentrer, sa colère complètement évanouie à présent.

***

Guillaume se dirigea vers la chambre du plus jeune, plaquant son oreille à la porte en bois pour écouter ce qui se passait à l'intérieur. Est-ce qu'Aurélien dormait déjà ? Il tendit l'oreille afin d'entendre des ronflements mais seuls des pleurs lui parvinrent, le figeant littéralement sur place. Guillaume sentit sa gorge se nouer et ses battements de cœur accélérèrent à l'intérieur de sa poitrine. Il posa une main tremblante sur la poignée de la porte et l'enclencha après plusieurs longues secondes à se demander s'il devait entrer dans sa chambre pour lui parler. Il l'ouvrit doucement, faisant le moins de bruit possible pour ne pas effrayer son jeune ami, et avança silencieusement vers la forme allongée sur le lit.

***

Son cœur se serra en voyant la position dans laquelle était allongé Aurélien, le visage enfouit dans son oreiller blanc. Ses mains serrées en poings agrippaient fermement ses draps bleus foncés et Guillaume pouvaient voir ses articulations blanchir de là où il se tenait. Des sanglots saccadés s'échappaient de la bouche de son ami, à moitié étouffés par l'oreiller, et Guillaume sentit son cœur se serrer à nouveau en entendant toute la douleur du plus jeune à travers ses larmes et ses pleurs.

« Orel... » murmura-t-il en s'asseyant sur le rebord du lit, posant une main prudemment sur le dos de son ami.

Ce dernier se figea un instant au contact avant de sangloter à nouveau, encore plus fort. Guillaume essaya de passer une main dans sa frange afin de voir ses yeux mais le plus jeune tourna la tête brusquement, l'empêchant de voir ces derniers. Il attrapa alors son épaule et le força à se redresser sur le matelas, l'amenant à le regarder en entourant son visage de ses deux mains. Aurélien ferma les yeux violemment, tournant la tête sur le côté, sans jamais s'arrêter de pleurer.

Recueil d'OS OrelxGringe (2019)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant