Guillaume se stoppa net dans la rue en ressentant le tremblement de terre. C'était léger, vraiment pas grand chose... Mais son esprit lui ramena le visage de son meilleur ami en une seconde. Il se rappela de la fois où, il y a près de deux ans déjà maintenant, un autre tremblement de terre avait touché leur petite ville. Claude l'avait appelé pour lui dire que Aurélien était chez lui, en sécurité, mais qu'il avait fait une crise de panique à cause de ce tremblement de terre. Il s'était précipité chez son vieux pote de toujours pour venir chercher son colocataire et meilleur ami, afin de le ramener chez eux. Il avait récupéré un Aurélien tremblant et son meilleur ami lui avait alors semblé si fragile. Il l'avait tenu contre lui toute la soirée, jusqu'à ce qu'il s'endorme enfin la tête sur son épaule. Depuis ce moment, ou peut-être était-ce depuis bien plus longtemps encore que ça, ses sentiments pour le plus jeune avaient évolué et grandis dans son cœur. À mesure que les jours passaient, il tombait petit à petit un peu plus amoureux d'Aurélien.
Guillaume se remit à marcher, se dirigeant précipitamment vers l'appartement qu'il partageait depuis maintenant près de trois ans avec le plus jeune. Il savait qu'Aurélien devait être terrorisé en ce moment-même et il voulait être avec lui le plus rapidement possible afin de le rassurer. Il attrapa son portable dans la poche de son pantalon et composa le numéro de son meilleur ami, le suppliant de répondre. Mais la sonnerie retentit dans le vide et son inquiétude redoubla.
***
Il chercha les clés à l'aveuglette dans son sac à dos, lorsqu'il fut enfin arrivé devant la porte d'entrée de son appartement. Il les attrapa en poussant un grognement de frustration. Pourquoi c'était toujours quand on avait le plus besoin de ces putes de clés que ces dernières venaient à disparaître...?! Il les enfonça d'un coup sec dans la serrure avant de pouvoir enfin entrer et jeta son sac à dos au pieds du canapé dans le salon.
« Orel...! » se mit-il à crier, cherchant son ami frénétiquement du regard.
Personne dans le salon, ni dans sa chambre, ni dans la salle de bains... Il entendit alors la voix de son ami l'appeler faiblement de la cuisine et il se rua en direction de cette dernière.
« Orel ! » cria-t-il en entrant dans la cuisine et en apercevant son ami recroquevillé sous la petite table sur laquelle ils mangeaient de temps de temps, lorsqu'ils en avaient assez du canapé et de manger devant la télé.
Aurélien tremblait de tous ses membres et releva un visage baigné de larmes lorsqu'il l'entendit l'appeler.
« Gringe... balbutia le plus jeune en lui lançant un regard terrorisé.
— Je suis là, tout va bien, je suis là mon chat... essaya de le rassurer Guillaume en se faufilant sous la table pour se rapprocher de son ami. Viens-là Orel, viens... »
Il attira contre lui son ami qui semblait terrifié à l'idée de lâcher la table sous laquelle il s'était réfugié. Aurélien se laissa faire après avoir tenté de résister un instant, refusant de perdre son point d'ancrage pour ne serait-ce que quelques minuscules secondes. Guillaume le serra contre lui, caressant ses cheveux noirs dans un geste d'une tendresse infinie tandis que le plus jeune s'agrippait de toute ses forces à son tee-shirt.
« Gringe, j'ai peur... sanglota Aurélien dans son cou. Je veux pas mourir...
— Mon chat, il faut que tu te calmes, lui chuchota Guillaume en embrassant ses cheveux fins. Tu n'es plus au Japon, c'est fini, on est en France... Les tremblements de terre ici ne sont pas dangereux... Tu ne risques plus d'en mourir, hein... »
Aurélien lui lança un petit regard inquiet, ses larmes coulant fortement sur ses joues, et Guillaume caressa délicatement sa joue de ses doigts pour l'apaiser et pour sécher ses pleurs. Aurélien essaya de réguler sa respiration erratique et Guillaume monta sa main sur la nuque du plus jeune, afin d'effleurer sa peau de ses doigts et de lui prodiguer des caresses rassurantes.
« Tout va bien... Tu vois...? Tu es en sécurité là, hein ? Je suis avec toi, on ne risque rien, bébé chat... »
Guillaume continua de lui murmurer des paroles rassurantes et vint tout doucement déposer des baisers légers sur le visage de son ami. Il embrassa avec douceur les joues baignées de larmes d'Aurélien et effleura de même ses paupières closes desquelles s'échappaient toujours des perles salées de sa bouche. Le souffle frais du plus jeune s'échoua par vagues contre sa peau et Guillaume effleura ses lèvres des siennes. Le temps sembla s'arrêter et ses yeux vinrent trouver ceux du plus jeune. Aurélien rougit violemment, avant de se mordre la lèvre légèrement et de lui lancer un petit regard gêné, et Guillaume lui sourit d'un air attendri.
« Tu ne crains... plus rien... mon amour... » souffla Guillaume contre sa bouche avant de se rapprocher imperceptiblement de lui et de détruire la distance entre leurs lèvres.
Le baiser qu'ils échangèrent fut chaste et rapide. Comme un baiser sur la joue ou sur le front. Bien qu'il ait passé une étape supplémentaire avec Aurélien, celle-ci lui sembla tout naturelle. Comme si c'était simplement la suite logique des choses. Aurélien rougit, remontant ses mains contre son torse, et Guillaume se pencha vers lui de nouveau pour déposer un baiser sur le bout de son nez.
« C'est bon, mon chat ? Tu vas mieux ? »
Aurélien acquiesça, le regardant d'un air timide, et Guillaume caressa ses cheveux.
« Tu me suis dans la chambre, alors ? lui demanda-t-il alors en souriant. Je veux te serrer contre moi, Orel. »
Aurélien hocha la tête en lui présentant un visage intimidé et rougissant. Guillaume rit doucement et sortit de dessous la table, suivit par son meilleur ami, puis le prit par la main. Il entraîna Aurélien derrière lui jusqu'au lit de ce dernier et s'y coucha avant d'ouvrir ses bras.
« Viens-là, bébé chat. »
Aurélien s'agenouilla sur le lit et s'approcha de lui, doucement, jusqu'à se glisser dans ses bras. Guillaume le sentit enfouir son visage dans son cou et il déposa un tendre baiser sur son cuir chevelu.
« Je t'aime tellement, Orel. Tellement, mon amour. »
Il sentit le plus jeune se blottir un peu plus contre lui et soudain, un petit baiser humide trouva le chemin de sa peau, sur son cou.
« T'as mon âme entière, Guillaume. »
Son sourire s'élargit sur son visage à cette déclaration et il resserra son étreinte sur la taille fine du plus jeune. Il passa sa main sous son tee-shirt et vint caresser délicatement sa peau, remontant même sa colonne vertébrale, afin de l'amener doucement aux pays des songes. Aurélien poussa un petit soupire de bien-être et Guillaume sourit en l'imaginant alors ronronner comme un petit chat. Le plus jeune s'endormit bien vite dans ses bras, bercé par ses caresses sur sa peau, et Guillaume se laissa alors sombrer à son tour dans le sommeil, enveloppé de la chaleur et de l'odeur au citron vert de son amant.