4 — La déclaration.
« Orel, attend ! »
Guillaume courrait après son ami dans la nuit froide de Caen. Ce dernier s'était littéralement enfuit du petit bar, un air paniqué sur le visage. Il avait été aux toilettes lorsque Aurélien l'avait rejoint, devant les lavabos. Celui-ci avait un sourire timide sur le visage et il avait vu à son regard qu'il avait beaucoup trop bu quant à son habitude. Il le lui avait dit et Aurélien avait haussé les épaules, lui répondant que c'était parce qu'il avait besoin de se donner du courage pour ce qu'il s'apprêtait à faire. Guillaume avait froncé les sourcils, se demandant de quoi il voulait parler, et bientôt il avait senti son ami agripper son tee-shirt et déposer un baiser sur ses lèvres. Il l'avait repoussé dû à la surprise et Aurélien s'était excusé avant de sortir en courant des toilettes. Il avait beugué quelques secondes avant de sortir aussi précipitamment, à sa suite. Il ne s'était pas arrêté devant Claude qui semblait vouloir lui dire quelque chose et avait poursuivi Aurélien dans la rue, dès qu'il fut hors du petit bar.
« Attends, ne t'enfuis pas ! » cria-t-il alors que sa main attrapa enfin le poignet de son ami.
Aurélien essaya de se défaire de son emprise et il le prit violemment dans ses bras, l'empêchant alors de se débattre. Il se laissa glisser au sol, l'emportant avec lui, dans l'herbe du petit parc attenant au château où ils se trouvaient, et posa délicatement sa main sur sa nuque.
« Je suis désolé, sanglota Aurélien. Je sais que j'ai un peu bu mais j'en avais vraiment envie. Je crois que je suis tombé amoureux de toi. Pardon... »
Guillaume glissa sa main dans ses cheveux en remontant sa nuque et le força a le regarder. Il sourit tendrement et de son autre main il sécha ses larmes sur ses joues.
« Ne t'excuse pas, Orel. Moi aussi j'en avais envie. C'est juste que tu m'as pris par surprise, expliqua-t-il. Mais j'ai aimé, j'ai beaucoup aimé. »
Aurélien renifla et le regarda d'un air incertain, doutant sûrement de la sincérité de ses paroles. Alors il se pencha délicatement vers lui et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Quand il se recula, il vit un mélange de surprise et d'admiration dans son regard et il rit doucement.
« Je crois, commença-t-il en calant une mèche de cheveux derrière son oreille, que je t'aime. Tu as fait fondre mon cœur de pierre avec tes airs enfantins.
— Pour de vrai ? demanda Aurélien d'un air inquiet. Tu m'aimes... pour de vrai ?
— Oui, vraiment. C'est pas un mensonge. »
Il embrassa tendrement son front et se leva, lui présentant sa main qu'Aurélien prit après une légère hésitation.
« Il est où ton pull, Orel ? demanda-t-il en ne remarquant que maintenant qu'il était en tee-shirt.
— Je l'ai laissé à la table, dit Aurélien. J'avais trop chaud à l'intérieur.
— Tiens alors, prends le mien. Les gars te le ramèneront la prochaine fois. » dit-il en enlevant sa veste pour pouvoir lui donner son pull.
Il lui tendit son pull et Aurélien le prit après une hésitation, lui demandant silencieusement s'il était sûr. Lorsqu'il l'eut enfilé, Guillaume rit en voyant la taille de ses manches et les lui retroussa en souriant.
« Voilà qui est mieux. » dit-il en passant une main dans ses cheveux pour les lui ébouriffer.
Il prit sa main dans la sienne et se mit à marcher en direction de leur appartement, un large sourire sur les lèvres.
« Tu dors avec moi ce soir ? lui demanda Aurélien d'une petite voix et son sourire s'agrandit à cela.
— Mmh, avec plaisir. »
Aurélien sourit de joie et il resserra sa main sur ses doigts, une douce chaleur dans tout son être.
***
Prenez le pull d'Orel, on est rentrés à l'appart. — Gringe, 1h33.
Il avait envoyé ce message à ses amis pendant qu'Aurélien était allé se laver les dents. Celui-ci entra dans la chambre et s'assit à ses côtés sur le lit, un regard timide sur le visage.
« Tout va bien ? lui demanda Guillaume en posant son portable sur la petite table de chevet attenante au lit de son ami.
— Oui... répondit Aurélien en hochant la tête doucement. Est-ce que... ça te va ?
— De quoi ?
— Je veux dire... qu'est-ce qu'on est maintenant ? Qu'est-ce que... je suis pour toi ? »
Guillaume réfléchit longuement avant de se mettre à sourire, se rapprochant de lui et prenant sa main dans la sienne.
« Qu'est-ce que toi tu aimerais être pour moi, Orel ? »
Aurélien fronça légèrement les sourcils puis se mit à réfléchir, les yeux dans le vide.
« J'aimerai... être ton copain, je crois. J'aimerais qu'on puisse être ensemble... sans se prendre la tête, sur les étiquettes tout ça... J'aimerais que notre relation reste celle de deux meilleurs amis avec... ce petit quelque chose en plus... dit-il timidement.
— Ce qui fait que deux personnes s'aiment d'amour ? Et non pas seulement comme deux amis ?
— Oui. »
Guillaume sourit tendrement en regardant son ami rougir lentement et s'avança pour glisser une main dans ses cheveux. Il se pencha vers lui et approcha da bouche de son oreille.
« Tu veux bien sortir avec moi alors, Orel ? »
Quand il se recula, il rit en voyant la couleur pourpre dont s'étaient colorées les joues de son ami et caressa sa main de son pouce.
« Alors ? Tu acceptes ?
— Oui, dit Aurélien en hochant la tête et en enfouissant son visage dans son cou. Je ne pourrai pas être plus heureux.
— Moi aussi. »
Il le tint confortablement serré contre son torse et se laissa basculer sur le matelas, cette même douce chaleur l'envahissant petit à petit.
« Et si les gars se doutent de quelque chose, tu n'auras pas honte de leur dire la vérité ? souffla Aurélien dans son cou, lui arrachant un frisson.
— Jamais je n'aurai honte de toi, Orel.
— Alors tu leur diras ? murmura Aurélien dans un souffle.
— J'aimerais bien te garder pour moi quelque jours comme mon petit secret mais bien sûr que s'ils demandent je leur dirai la vérité. Et s'ils ne demandent pas, on leur dira. Mais laisse-moi quelques jours, hein ? Quelques jours à être le seul au courant de la chance que j'ai de t'avoir. »
Aurélien se redressa faiblement, le regardant tendrement et Guillaume lui sourit avant de se hausser sur un coude pour venir l'embrasser doucement. Il glissa une main sur sa nuque et le sentit frissonner au contact de ses doigts froids et de sa peau chaude.
« Je t'aime, Orel. » dit-il dans un souffle contre ses lèvres lorsqu'il se recula.
Le sourire que son amant lui offrit lui fit comprendre que c'était réciproque. Les mots n'étaient pas nécessaires entre eux. Il se rallongea, déposant le visage de son amant sur son torse, et embrassa une dernière fois son front avant de fermer les yeux. Il sentit Aurélien poser son bras en travers de sa taille et sa respiration venir s'échouer à allure régulière sur sa peau. Un fin sourire fit son apparition sur son visage alors qu'il se laissait emporter par le sommeil, se répétant cette phrase en boucle : Je veux le voir sourire.