« Orel ? »
Guillaume toqua trois petits coups sur la porte de la chambre de son colocataire, après avoir regardé dans toutes les autres pièces de l'appartement qu'ils partageaient et ne l'ayant pas trouvé. Son palpitant battait fort dans sa poitrine, tellement il s'était dépêché sur le chemin du retour jusqu'à l'appart. Ils avaient été en soirée avec leurs potes au bar L'Embuscade lorsqu'il était allé aux toilettes. En revenant, Aurélien avait disparu et Skread avait été en train d'enguirlander copieusement Claude. Apparemment, celui-ci avait fait une insinuation au plus jeune quant au fait qu'ils n'avaient pas encore couchés ensemble, Guillaume et lui s'étant avoué qu'ils s'aimaient il y a déjà un mois pile, et que ce soir serait le soir parfait. Guillaume avait fait les gros yeux en entendant la remarque déplacée qu'avait fait son ami à Aurélien pendant son absence alors qu'il savait que ce dernier paniquait déjà assez comme ça. Il savait qu'Aurélien était terrifié de ce moment-là, le moment qui changerait vraiment tout entre eux, à jamais. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi cela le stressait autant mais il essayait de le mettre le plus à l'aise possible depuis le début en ne le brusquant pas et en agissant avec douceur avec le plus jeune. Alors il s'était précipité hors du petit bar bondé après avoir poussé un juron fleuri en direction de Claude et s'était dépêché de rentrer chez eux, où il espérait que le plus jeune était rentré, afin de le rassurer.
***
Guillaume actionna la poignée de la porte et s'introduisit dans la chambre d'Aurélien le plus silencieusement possible, n'ayant reçu aucune réponse de sa part. Il se dirigea à tâtons vers son lit, allumant la lumière sur son portable afin d'y voir quelque chose, et plissa les yeux dans le but d'apercevoir Aurélien. Il s'approcha du lit et sourit tristement en voyant la couverture blanche du plus jeune sous laquelle ce dernier s'était enfoui.
« Orel...? C'est moi... » dit-il dans un murmure à peine audible en s'asseyant sur le bord du lit et en posant une main délicatement sur la couverture blanche, à l'endroit où il imaginait était son épaule.
Il ne reçut pas de réponses, malgré le léger tremblement qu'il sentit sous ses doigts, et poussa un soupire silencieux. Il posa son téléphone sur la table de chevet à côté du lit de telle sorte que la lumière continue de les éclairer faiblement et se glissa sous la couverture après avoir enlevé ses chaussures.
« Mon chat... C'est moi, parle-moi... »
Il souleva légèrement la couverture d'une main, comme quand il avait six ans et qu'il se cachait sous sa propre couverture qui devenait alors son château-fort, celui qu'il fabriquait le soir et en-dessous duquel les monstres ne pouvaient plus lui faire de mal, et un petit sourire triste s'inscrivit sur ses lèvres en apercevant le plus jeune, tremblant et recroquevillé sur lui-même, les yeux fermés avec force.
« Aurélien... dit-il dans un souffle. Ouvre les yeux mon chat, regarde-moi s'il-te-plaît... »
Aurélien secoua la tête doucement en réprimant un sanglot et Guillaume vint entourer sa taille de son bras. Le plus jeune lui semblait si fragile, tremblant ainsi tout contre lui, et il déposa un baiser sur son front par-dessus ses mèches noires et en désordre.
« Pourquoi tu pleures, Orel...? Je ne veux pas te voir comme ça... chuchota Guillaume en déposant des baisers aériens sur le visage mouillé du plus jeune. Je ne voudrais jamais te voir pleurer, Orel... »
Il ferma les yeux et poussa un petit soupire, avant de glisser ses doigts dans les mèches noires d'Aurélien et de commencer à prodiguer de douces caresses sur son cuir chevelu. Il sentait le cœur du caennais battre erratiquement tout contre sa cage thoracique et il se mit à caresser du bout des doigts son dos à travers son tee-shirt afin de l'apaiser. Il sentait à quel point le plus jeune était tendu tout contre lui, dans l'incapacité de se laisser aller, n'osant même pas le toucher ou ne serait-ce que l'effleurer.