1 — La colère.
Guillaume regardait son ami qui s'était emporté, à ses côtés. C'était la première fois depuis très longtemps qu'Aurélien s'énervait. D'habitude il était plutôt calme et perdu dans son monde, un monde rempli de créatures magiques et de références culturelles à l'enfance. Il lui faisait penser à un petit garçon, doux et rêveur, et ça l'attendrissait. Et il adorait se moquer de lui gentiment par rapport à ça. Mais là, allez savoir pourquoi, Aurélien s'était emporté quand il avait fait une plaisanterie sur sa façon de jouer à la play et maintenant, il avait l'air triste. Il l'observait d'un air confus baisser la tête d'un air abattu et serrer ses mains en poings sur ses genoux, assis en tailleur sur le canapé comme il l'était.
« Pourquoi tu me rabaisses constamment, Gringe ? »
Guillaume écarquilla les yeux à la question et se rapprocha de son ami, prenant une de ses mains dans la sienne.
« Eh, Orel. C'était une blague.
— Eh bien c'est pas drôle, dit Aurélien d'une voix boudeuse.
— D'accord, je suis désolé. Je pensais pas que tu le prendrais aussi mal... s'excusa Guillaume en serrant un peu plus fort sa main, faute de mieux.
— J'en peux plus que tu me dises que je suis nul, expliqua Aurélien. Pourquoi tu continues de vivre avec moi si c'est le cas ?
— Mais c'était une simple blague, Orel. Par rapport à ta façon de jouer. Tu sais très bien que je ne le penses pas vraiment, hein ? C'est juste pour t'embêter.
— Oui mais... commença Aurélien en hésitant. Moi je le penses vraiment alors ça me fait mal que tu dises ça de moi. »
Guillaume vit son ami trembler légèrement et l'entendit renifler comme s'il essayait de se retenir de pleurer. Alors il envoya sa fierté balader et l'attira contre lui pour lui faire un câlin réconfortant.
« Je suis désolé Orel, murmura-t-il en caressant son dos dans un geste rassurant. Faut que tu me le dises quand je fais des choses qui te blessent. Je fais pas exprès, je ne peux pas savoir si tu m'en parles pas... »
Il sourit distraitement en le sentant hocher la tête dans son cou. Aurélien avait toujours été le plus sensible de tous ses amis et apparemment, il y avait des choses qu'il ne pouvait pas faire avec lui comme avec ses autres potes. C'est vrai qu'il prenait toujours tout au premier degré et semblait avoir une confiance en lui proche du néant malgré le fait pourtant qu'il était... lui.
« Orel, regarde-moi, demanda Guillaume en se détachant de son ami. Tu n'es pas nul, lui dit-il d'une voix sérieuse en attrapant son visage pour plonger son regard dans le sien. Tu es juste un peu maladroit et rêveur. Mais tu n'es pas nul. Te met pas des idées comme ça en tête. Tu es gentil, drôle, loyal, ingénieux, serviable, généreux, adorable... et bien d'autres choses encore, ok ? J'aime vivre avec toi au quotidien et t'es mon meilleur ami, d'accord ? »
Aurélien se mit à rougir et ses joues se couvrirent d'une jolie couleur pourpre, ce qui fit sourire encore plus Guillaume. Il était tellement attendrissant.
« Quoi ? rit Guillaume. Qu'est-ce qu'il y a ?
— T'as dit que j'étais adorable, dit Aurélien en le regardant d'un air timide.
— Ouais et je le penses, Orel. »
Aurélien lui offrit un petit sourire timide et il l'attira contre lui pour le prendre dans ses bras. Il sentait le cœur de son ami battre rapidement contre le sien et ses mains contre sa poitrine pour ne pas tomber sur lui, agenouillé comme il l'était désormais sur le canapé.
« Je suis désolé de m'être énervé, bredouilla Aurélien dans son cou. Je sais pas ce qui m'a pris.
— Tout va bien. » répondit-il simplement en fermant les yeux.
Il céda à son envie et déposa un léger baiser sur son crâne, par-dessus ses cheveux noirs. Il rougit instantanément de son geste mais Aurélien ne sembla pas s'en offusquer. Son cœur sembla même se calmer un peu plus dans sa poitrine. Il sourit en se disant qu'il n'aurait qu'à faire des efforts supplémentaires pour rendre son ami heureux, parce qu'il le méritait. Et si ça lui faisait du bien qu'il le prenne dans ses bras, le câline ou l'embrasse ainsi, alors pourquoi pas.