Guillaume regardait le plus jeune avec appréhension, ce dernier ayant baissé la tête et refusant de croiser son regard. Il lui avait dit qu'ils devaient parler et Aurélien avait hoché la tête en lui offrant un petit sourire avant qu'il ne comprenne tout à fait ses mots. Le plus jeune avait alors troqué son sourire pour une petite moue triste et avait baissé la tête, pour éviter qu'il ne puisse lire son trouble dans son regard.
« Orel...? » dit Guillaume doucement en approchant sa main de la sienne, afin de toucher le plus jeune.
Aurélien frissonna à son toucher et recula sa main, ce qui le fit froncer les sourcils.
« Il y a un problème, Orel ? »
Guillaume observa en silence le plus jeune qui s'obstinait à garder la tête baissée, ses cheveux noirs lui cachant ses prunelles sombres qu'il aimait tant. Il le vit serrer ses mains en poings, agrippant fortement le revêtement marron du canapé.
« Tu... Tu veux me dire quoi...? » entendit-il son ami balbutier lentement.
Guillaume déglutit péniblement en entendant dans sa voix tremblante la nervosité de son jeune ami. Ses yeux se firent plus tristes et les traits de son visage se relâchèrent lentement.
« De ça, Orel. Je veux parler de ça... »
Il approcha lentement sa main de celle d'Aurélien et le sentit sursauter quand ses doigts se posèrent délicatement sur sa peau. Cette fois-ci, Aurélien ne recula pas sa main et releva même timidement le visage. Guillaume sourit tendrement devant son petit air embarrassé. Aurélien était vraiment trop craquant. Guillaume laissa passer un silence pendant lequel Aurélien ne dit rien de plus et lui lança un regard légèrement inquiet, qui rajouta à sa confusion.
« Orel, je veux parler de la distance que tu t'obstines à mettre entre nous ces derniers temps... » dit Guillaume d'une voix calme, comme s'il avait peur qu'Aurélien ne s'enfuit s'il parlait normalement.
Et en effet, Aurélien détourna le regard, comme s'il avait honte de quelque chose. Il le sentit bouger sa main légèrement et il la prit dans la sienne, pour l'empêcher de fuir.
« Petit chat, qu'est-ce qu'il y a ? soupira Guillaume en refermant sa main fortement sur la sienne. De quoi tu as peur ? »
Il avança son autre main jusqu'au visage de son petit ami et le força à le regarder.
« Orel... murmura-t-il en arborant un air soucieux. Dis-le moi... »
Il plongea son regard dans celui, qui lui semblait un peu effrayé, de son ami. De sa main, il se mit à caresser avec délicatesse la peau de son visage, espérant ainsi l'inciter à se confier à lui. Il vit alors Aurélien entrouvrir légèrement la bouche et sa lèvre inférieure se mettre à trembler légèrement.
« J'ai peur, Guillaume... avoua Aurélien en lui lançant un regard larmoyant.
— Peur ? Mais de quoi, Orel ? répondit-il précipitamment, en fronçant les sourcils.
— Tu sais... J'ai peur... de le faire avec toi... » balbutia Aurélien et Guillaume aperçut le rouge qui apparut sur ses joues avant qu'il ne tourne le visage encore une fois, embarrassé.
C'était donc ça. Aurélien avait peur de faire l'amour avec lui pour la première fois ? Avec un homme ? C'était compréhensible. Mais il ne voulait pas que ça lui mette la pression ainsi. Il ne sortait ensemble que depuis quelques semaines après tout, même s'ils se connaissaient déjà depuis plusieurs années. Aurélien était son meilleur ami.
« Mais j'ai aussi peur... que tu te lasses... murmura alors Aurélien dans un sanglot, refusant toujours de croiser son regard. J'ai peur... que tu en aies marre de mes refus répétés et que tu m'abandonnes... »
Guillaume le sentit récupérer sa main et suivit cette dernière du regard. Aurélien la remonta jusqu'à son visage pour s'essuyer les yeux et Guillaume ressentit un petit serrement au cœur en s'apercevant que le plus jeune pleurait. Il s'avança alors prudemment de son ami et approcha doucement ses doigts de ses cheveux mi-longs. Il les dégagea de sa nuque avec douceur et frôla sa peau de ses doigts.
« Orel... murmura-t-il dans un soupire en approchant ses lèvres de la peau blanche de son ami. Pourquoi je t'abandonnerai pour ça...?
— Parce que... tu vas en avoir marre de moi... de m'attendre... dit Aurélien d'une voix tremblante alors qu'il frôlait de ses lèvres sa peau diaphane, sans jamais les y déposer.
— Qu'est-ce que tu racontes... soupira Guillaume en esquissant un fin sourire qui fit frissonner le plus jeune.
— Y a tellement d'autres personnes plus belles que moi qui accepteraient sans une once d'hésitation... balbutia Aurélien en gardant le visage de telle sorte qu'il ne pouvait pas voir ses traits. Tu vas en avoir marre et aller voir ailleurs...
— N'importe quoi... soupira Guillaume. T'es pas n'importe qui, Orel... T'es pas la première fille venue, hein ? murmura Guillaume en déposant un léger baiser sur la mâchoire du plus jeune, juste sous son oreille droite. T'es même pas une fille... T'es mon meilleur ami, Orel. La personne que j'aime le plus au monde... Alors non, c'est pas vrai, c'est des conneries ça.
— Je veux pas que tu croies que j'en ai pas envie ou que tu me dégoûtes ou quoi... Mais j'ai encore peur, Guillaume... Je ne sais pas... comment agir... Je ne veux pas te frustrer et en même temps... »
Aurélien marqua une légère pause avant de se tourner lentement vers lui et de lui lancer un petit regard coupable.
« En même temps, ça m'effraie... Excuse-moi. »
Guillaume sourit doucement et secoua la tête. Quel idiot.
« Aurélien, dit-il en reprenant son sérieux et en prenant le visage de son ami entre ses deux mains. Je t'aime, ok ? Tu n'es pas n'importe qui pour moi, tu comprends ça ? Alors si tu veux attendre, on attendra. Je ne vais jamais te forcer à rien, d'accord ? Alors, parle-moi franchement quand tu as des doutes. La communication c'est la clé, mon chat. »
Aurélien resta silencieux un instant avant de hocher la tête doucement. Guillaume retira ses mains de son visage quand il le vit s'avancer vers lui et bientôt, un doux baiser atterrit sur ses lèvres. Il eut à peine le temps d'apercevoir le rouge sur les joues du plus jeune avant que celui-ci n'entoure son cou de ses bras et l'enlace fortement.
« Je suis désolé, Guillaume... Je ne savais pas comment te dire ça sans te blesser...
— J'avais peur que tu veuilles tout arrêter et que tu te sois rendu compte que tu ne m'aimais pas en fin de compte, avoua Guillaume en enfouissant son visage dans les cheveux noirs du plus jeune.
— Non, souffla Aurélien en secouant doucement la tête. Je t'aime plus que tu ne peux l'imaginer encore. Ce ne sera jamais toi le problème, Guillaume. C'est moi.
— Tu n'es pas un problème petit chat, sourit doucement Guillaume contre son cuir chevelu. Tu as juste besoin d'un peu de temps. Et je te promets qu'une fois que tu auras goûté à mon corps d'Apollon, tu ne pourras plus t'en passer ! »
Guillaume entendit Aurélien rire dans son cou et son sourire s'élargit à cette mélodie si douce. Il embrassa avec tendresse son cuir chevelu et s'enfonça un peu plus dans le canapé, fermant les yeux. Il laissa ses doigts caresser sa nuque avec douceur et bientôt, il sentit la respiration du plus jeune s'échouer par vagues régulières sur sa peau, par-dessus son tee-shirt. Il sourit doucement et se laissa aller dans ce moment de sérénité, tenant délicatement son jeune ami contre lui. Il l'avait rassuré, évitant ainsi une crise existentielle propre à Aurélien. La communication, c'était la clé.