Guillaume était allongé depuis une bonne vingtaine de minutes sur son lit, à réfléchir, lorsqu'il reçu un message sur son téléphone portable. L'écran de ce dernier s'alluma sur sa table de chevet, éclairant sa chambre de sa faible lumière. Il se tourna vers celui-ci et le prit dans sa main pour le positionner devant ses yeux fatigués. Un nouveau message de : Orel. Il poussa un petit soupire puis appuya sur l'icône de l'enveloppe fermée pour ouvrir le message.
Ça va ? — Reçu à 19h35.
Il soupira et s'apprêtait à poser son portable sur sa table de chevet sans prendre la peine de répondre quand il reçut un deuxième message.
Est-ce que c'est à cause de ma blague ? — Reçu à 19h37.
Il sentit sa mâchoire se serrer en sachant pertinemment bien de quelle blague le plus jeune voulait parler.
Si c'est ça, je suis désolé. — Reçu à 19h38.
Guillaume secoua la tête, sentant ses yeux le piquer soudainement. Il était décidément trop con. Et Orel, encore plus que lui. Parce que tout ça, c'était de sa faute après tout. Il appuya sur le dernier message reçu pour y répondre et écrivit un simple mot :
Oui. — Envoyé à 19h41.
Il attendit un long moment que le plus jeune ne lui réponde, avant d'abandonner. Il reposa son portable d'un geste las sur sa table de chevet et se tourna sur le côté sur son lit, venant faire face à sa fenêtre et se mettant ainsi dos à la porte. Il observa un instant le ciel étoilé avant de fermer les yeux. Tout ça, c'était de sa faute. Il avait tant perdu à cause d'une simple blague. Sa copine, la fille qu'il croyait aimer, et peut-être même la confiance en son meilleur ami ? Non, pas cette dernière, se reprit-il. Mais... il ne savait plus s'il pouvait encore le considérer comme tel. Ce n'est pas qu'il avait à présent une moins haute estime du plus jeune, non, ça ça n'arriverait jamais. Mais... depuis quelques temps il se posait des questions. Quand à ce qu'il ressentait vraiment pour lui. Si ça n'avait pas été à cause de toi, ça aurait été à cause d'une autre fille, lui avait-il dit ce soir-là, quand le plus jeune lui avait avoué qui se cachait vraiment derrière ces textos qu'il recevait depuis des mois. Derrière cette fille inconnue qui lui avait un jour envoyé un message par erreur et avec qui il s'était lié d'amitié. Enfin, d'amitié... Cette fille qu'il avait appris à apprécier de par ce qu'il pouvait entrevoir d'elle à travers ses messages et de qui il avait commencé à tomber amoureux petit à petit. A cause de qui il avait décidé de rompre avec sa copine, la gentille et trop naïve Marie, quand elle lui avait envoyé un message dans lequel il avait compris qu'elle commençait à bien cerner son personnage de mec coureur de jupon et infidèle en amour. Alors, il avait paniqué, ayant soudainement peur de la perdre. Il avait rompu avec sa copine et s'était retrouvé à errer sur le port, après lui avoir envoyé des dizaines de textos dans lesquels il lui promettait qu'elle se trompait et qu'il saurait faire des efforts pour être à la hauteur si jamais elle voulait bien de lui. Et c'est là qu'il était apparu. Orel. Il lui avait crié du haut du pont que c'était lui, avant de venir le rejoindre sur le port. C'est moi, la fille des textos. Je suis désolé, c'était seulement une blague, lui avait avoué son meilleur ami et son monde s'était effondré. Alors cette fille n'existait tout simplement pas ? C'était en réalité le plus jeune qui s'amusait ? Pour lui faire... une blague ? Il était tombé amoureux d'un mirage. En même temps, c'était trop beau pour être vrai. Cette fille... elle avait vraiment tout pour lui plaire. Ils avaient échangé depuis de longues semaines et contrairement à d'autres filles qu'il aurait pu connaître dans le passé, il ne rêvait pas seulement de savoir à quoi ressemblait son corps. Comment elle était au lit. Non, il voulait la rencontrer et tout savoir d'elle. Il était tombé amoureux pour la première fois de sa vie. Et il s'avérait qu'au final, tout ça, c'était seulement son meilleur ami qui s'amusait ? Alors il n'avait même pas eu la force de s'énerver et s'était levé, marmonnant cette phrase complètement débile. Si ça n'avait pas été à cause de toi, ça aurait été à cause d'une autre fille.