Guillaume sortait du collège, sa journée de cours enfin terminée, lorsqu'il aperçut un attroupement dans la cours de récréation. Il s'en approcha, curieux, en entendant les enfants rire et crier en pointant tous du doigt vers le même endroit. Il joua un petit peu des coudes afin d'arriver jusqu'à la cible de leurs rires et eut seulement le temps de voir un garçon de son âge en pousser un autre qui tomba à ses pieds. Il sursauta de surprise et baissa les yeux au sol, afin de voir l'autre garçon. Il écarquilla les yeux en apercevant une masse de cheveux ébènes et cru reconnaître le petit garçon qui l'avait tant marqué il y a deçà déjà un an et demi.
« Aurélien ? » ne put-il s'empêcher de s'écrier, étonné, et le garçon au sol se retourna vers lui.
Une boule de chaleur explosa en lui en reconnaissant les traits de l'autre garçon comme étant ceux du garçon qu'il n'avait cessé de chercher ces derniers mois. Aurélien lui lançait un regard fortement surpris et il se demanda brièvement s'il se rappelait de lui avant de s'accroupir à ses côtés.
« Orel, tu te souviens de moi ? »
Celui-ci ne répondit rien, lui lançant seulement un regard effrayé, et Guillaume fronça des sourcils avant d'entendre un rire moqueur.
« S'il se souvient de toi ? Mais Guillaume, il ne pense qu'à toi apparement...! »
Guillaume releva la tête vers l'origine de ce rire et ne fut pas étonné de voir qu'il appartenait à Julien. Il s'était bien dit que ce visage lui disait quelque chose... Julien tendit la main vers un garçon à sa gauche qui lui passa alors un carnet et Guillaume vit alors Aurélien faire un mouvement à ses côtés.
« Non, arrête...! S'il-te-plaît...! s'écria le plus jeune d'une voix suppliante et Julien rit seulement de plus belle.
— Bah quoi, gamin ? T'as honte ? »
Aurélien esquissa un mouvement de léger recul et Guillaume le vit se mordre la lèvre en baissant les yeux au sol.
« Eh bien, tu as bien raison ! s'exclama Julien en jetant alors le carnet dans les airs, faisant s'envoler les feuilles volantes qui étaient à l'intérieur de celui-ci. Récupères-le donc ton foutu carnet ! »
Aurélien releva la tête à ça et Guillaume le vit observer d'un air paniqué les feuilles tourbillonnant autour d'eux. L'une d'elles termina sa chute devant eux et avant que Guillaume n'ait eu le temps d'apercevoir le dessin, le plus jeune se jeta dessus dans l'espoir de la récupérer. Julien rit et écrasa sa main en marchant dessus, et Aurélien poussa un glapissement de douleur au contact. C'en fut trop pour Guillaume qui se releva et empoigna Julien par le col, le repoussant brutalement en arrière :
« Putain mais c'est quoi ton problème ?! »
Julien essaya de se défendre et les deux garçons commencèrent à se battre dans la cour de récréation jusqu'à ce que Guillaume fut en position de force et que Julien ne décide de laisser tomber l'affaire.
« Dégages maintenant. » cracha Guillaume en plissant les yeux d'un air menaçant et Julien s'essuya la bouche de la manche avant de s'éloigner, rapidement suivi par ses amis.
Guillaume se dirigea vers les feuilles au sol pour les ramasser et certains élèves qui étaient toujours là l'aidèrent. Il les remercia d'un hochement de tête silencieux puis se tourna vers Aurélien sans prendre la peine de jeter un œil aux dessins.
« Voilà tes dessins, Orel. Je les ai tous récupérés. » dit-il au plus jeune en glissant ces derniers dans son cahier au sol et le lui tendant.
Aurélien attrapa son carnet d'une main et lui lança un regard reconnaissant en tentant de lui offrir un petit sourire de même. Guillaume baissa les yeux jusqu'à la main du plus jeune que Julien avait écrasé et en approcha sa main avec lenteur :
« Fais-moi voir ta main. »
Il l'attrapa avec délicatesse et frissonna devant la douceur de cette dernière. Mais ce n'était pas le moment de penser à ça.
« Tu as mal ? » lui demanda-t-il et Aurélien hocha la tête d'un air timide, tenant toujours son carnet contre son torse comme un secret.
Guillaume soupira et caressa le dos de la main du plus jeune avant de se lever.
« Tu viens avec moi, Orel ? »
Aurélien releva la tête vers lui et cligna des yeux avant de hocher la tête. Guillaume l'aida à se relever et l'entraîna derrière lui pour l'emmener à l'infirmerie.
***
« Ça va mieux du coup ? » lui demanda Guillaume quand le plus jeune sortit de l'infirmerie et celui-ci hocha la tête en lui offrant un petit sourire.
Guillaume aperçut le petit bandage autour de sa main et poussa un soupire soulagé. Aurélien resta debout en face de lui, serrant son carnet contre son torse et Guillaume fronça les sourcils :
« C'est vraiment un connard ce Julien.
— Je croyais que c'était ton ami...? dit le plus jeune d'un air surpris.
— Plus maintenant, répondit Guillaume en haussant les épaules. Et même avant qu'il te fasse ça, hein. Ça n'a rien à voir. »
Il vit le plus jeune lui offrir un petit sourire timide et Guillaume fronça les sourcils à la drôle de sensation qu'il ressentit alors en lui en voyant ce sourire.
« Merci de l'avoir éloigné de moi, lui sourit Aurélien. Encore une fois.
— Tu te souviens de moi, alors ? s'exclama Guillaume, infiniment soulagé et heureux de cette nouvelle.
— Bien sûr, Guillaume. Comment tu veux que je t'oublie ? »
Guillaume se sentit rougir à cette déclaration et Aurélien rit doucement de sa réaction. Celui-ci ouvrit alors son carnet et prit une feuille avant de la lui tendre :
« Tiens, je... J'ai dessiné ça pour toi... Je te le donne. »
Guillaume attrapa la feuille d'un air surpris. Il vit un croquis au crayon à papier de lui. Il souriait et un air de pur bonheur était inscrit sur son visage. Est-ce que c'est comme ça que le plus jeune se rappelait de lui ? Il releva le visage en direction d'Aurélien et vit à quel point ce dernier était rouge d'embarras. C'était ça qu'il voulait lui cacher ?
« C'est super bien dessiné, Orel. Merci beaucoup. »
Aurélien lui décocha un petit sourire intimidé malgré son embarras et Guillaume sourit, attendri. Ce petit gars, il l'aimait bien. Et il se fit soudain la réalisation qu'il le voulait dans sa vie.
« Eh, Orel. Tu veux bien être mon ami ? »
Le plus jeune lui lança un regard surpris, ne s'attendant sûrement pas à cette question et Guillaume sentit une douce chaleur se propager en lui en voyant sa réaction. Aurélien hocha alors la tête d'un air hésitant et Guillaume se sentit le roi du monde. Bingo. Il l'avait retrouvé et maintenant, il n'allait plus jamais le laisser s'échapper.