#33 - Le jardin (2/3).

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Guillaume sortait du  collège, sa journée de cours enfin terminée, lorsqu'il aperçut un  attroupement dans la cours de récréation. Il s'en approcha, curieux, en  entendant les enfants rire et crier en pointant tous du doigt vers le  même endroit. Il joua un petit peu des coudes afin d'arriver jusqu'à la  cible de leurs rires et eut seulement le temps de voir un garçon de son  âge en pousser un autre qui tomba à ses pieds. Il sursauta de surprise  et baissa les yeux au sol, afin de voir l'autre garçon. Il écarquilla  les yeux en apercevant une masse de cheveux ébènes et cru reconnaître le  petit garçon qui l'avait tant marqué il y a deçà déjà un an et demi.

« Aurélien ? » ne put-il s'empêcher de s'écrier, étonné, et le garçon au sol se retourna vers lui.

Une boule de chaleur  explosa en lui en reconnaissant les traits de l'autre garçon comme étant  ceux du garçon qu'il n'avait cessé de chercher ces derniers mois.  Aurélien lui lançait un regard fortement surpris et il se demanda  brièvement s'il se rappelait de lui avant de s'accroupir à ses côtés.

« Orel, tu te souviens de moi ? »

Celui-ci ne répondit  rien, lui lançant seulement un regard effrayé, et Guillaume fronça des  sourcils avant d'entendre un rire moqueur.

« S'il se souvient de toi ? Mais Guillaume, il ne pense qu'à toi apparement...! »

Guillaume releva la tête vers l'origine de ce rire et ne fut pas étonné de voir qu'il appartenait à Julien. Il s'était bien dit que ce visage lui disait quelque chose... Julien  tendit la main vers un garçon à sa gauche qui lui passa alors un carnet  et Guillaume vit alors Aurélien faire un mouvement à ses côtés.

« Non, arrête...! S'il-te-plaît...! s'écria le plus jeune d'une voix suppliante et Julien rit seulement de plus belle.

— Bah quoi, gamin ? T'as honte ? »

Aurélien esquissa un mouvement de léger recul et Guillaume le vit se mordre la lèvre en baissant les yeux au sol.

« Eh bien, tu as bien  raison ! s'exclama Julien en jetant alors le carnet dans les airs,  faisant s'envoler les feuilles volantes qui étaient à l'intérieur de  celui-ci. Récupères-le donc ton foutu carnet ! »

Aurélien releva la tête à  ça et Guillaume le vit observer d'un air paniqué les feuilles  tourbillonnant autour d'eux. L'une d'elles termina sa chute devant eux  et avant que Guillaume n'ait eu le temps d'apercevoir le dessin, le plus  jeune se jeta dessus dans l'espoir de la récupérer. Julien rit et  écrasa sa main en marchant dessus, et Aurélien poussa un glapissement de  douleur au contact. C'en fut trop pour Guillaume qui se releva et  empoigna Julien par le col, le repoussant brutalement en arrière :

« Putain mais c'est quoi ton problème ?! »

Julien essaya de se  défendre et les deux garçons commencèrent à se battre dans la cour de  récréation jusqu'à ce que Guillaume fut en position de force et que  Julien ne décide de laisser tomber l'affaire.

« Dégages maintenant. »  cracha Guillaume en plissant les yeux d'un air menaçant et Julien  s'essuya la bouche de la manche avant de s'éloigner, rapidement suivi  par ses amis.

Guillaume se dirigea  vers les feuilles au sol pour les ramasser et certains élèves qui  étaient toujours là l'aidèrent. Il les remercia d'un hochement de tête  silencieux puis se tourna vers Aurélien sans prendre la peine de jeter  un œil aux dessins.

« Voilà tes dessins,  Orel. Je les ai tous récupérés. » dit-il au plus jeune en glissant ces  derniers dans son cahier au sol et le lui tendant.

Aurélien attrapa son  carnet d'une main et lui lança un regard reconnaissant en tentant de lui  offrir un petit sourire de même. Guillaume baissa les yeux jusqu'à la  main du plus jeune que Julien avait écrasé et en approcha sa main avec  lenteur :

« Fais-moi voir ta main. »

Il l'attrapa avec délicatesse et frissonna devant la douceur de cette dernière. Mais ce n'était pas le moment de penser à ça.

« Tu as mal ? » lui  demanda-t-il et Aurélien hocha la tête d'un air timide, tenant toujours  son carnet contre son torse comme un secret.

Guillaume soupira et caressa le dos de la main du plus jeune avant de se lever.

« Tu viens avec moi, Orel ? »

Aurélien releva la tête  vers lui et cligna des yeux avant de hocher la tête. Guillaume l'aida à  se relever et l'entraîna derrière lui pour l'emmener à l'infirmerie.

***

« Ça va mieux du coup ? »  lui demanda Guillaume quand le plus jeune sortit de l'infirmerie et  celui-ci hocha la tête en lui offrant un petit sourire.

Guillaume aperçut le  petit bandage autour de sa main et poussa un soupire soulagé. Aurélien  resta debout en face de lui, serrant son carnet contre son torse et  Guillaume fronça les sourcils :

« C'est vraiment un connard ce Julien.

— Je croyais que c'était ton ami...? dit le plus jeune d'un air surpris.

— Plus maintenant, répondit Guillaume en haussant les épaules. Et même avant qu'il te fasse ça, hein. Ça n'a rien à voir. »

Il vit le plus jeune lui  offrir un petit sourire timide et Guillaume fronça les sourcils à la  drôle de sensation qu'il ressentit alors en lui en voyant ce sourire.

« Merci de l'avoir éloigné de moi, lui sourit Aurélien. Encore une fois.

— Tu te souviens de moi, alors ? s'exclama Guillaume, infiniment soulagé et heureux de cette nouvelle.

— Bien sûr, Guillaume. Comment tu veux que je t'oublie ? »

Guillaume se sentit  rougir à cette déclaration et Aurélien rit doucement de sa réaction.  Celui-ci ouvrit alors son carnet et prit une feuille avant de la lui  tendre :

« Tiens, je... J'ai dessiné ça pour toi... Je te le donne. »

Guillaume attrapa la  feuille d'un air surpris. Il vit un croquis au crayon à papier de lui.  Il souriait et un air de pur bonheur était inscrit sur son visage. Est-ce que c'est comme ça que le plus jeune se rappelait de lui ? Il releva le visage en direction d'Aurélien et vit à quel point ce dernier était rouge d'embarras. C'était ça qu'il voulait lui cacher ?

« C'est super bien dessiné, Orel. Merci beaucoup. »

Aurélien lui décocha un petit sourire intimidé malgré son embarras et Guillaume sourit, attendri. Ce petit gars, il l'aimait bien. Et il se fit soudain la réalisation qu'il le voulait dans sa vie.

« Eh, Orel. Tu veux bien être mon ami ? »

Le plus jeune lui lança  un regard surpris, ne s'attendant sûrement pas à cette question et  Guillaume sentit une douce chaleur se propager en lui en voyant sa  réaction. Aurélien hocha alors la tête d'un air hésitant et Guillaume se  sentit le roi du monde. Bingo. Il l'avait retrouvé et maintenant, il n'allait plus jamais le laisser s'échapper.

Recueil d'OS OrelxGringe (2019)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant