Guillaume regardait le plus jeune parler à travers la baie vitrée. Ce dernier avait un oral à passer afin de postuler dans une école d'Art. La plus prestigieuse à des kilomètres. Guillaume l'avait accompagné pour le soutenir moralement mais en réalité, c'était lui qui semblait le plus stressé des deux. Sa jambe ne cessait de tressauter de stress malgré le fait qu'il n'était pas celui qui était interrogé. Il avait une totale confiance en Aurélien, il savait qu'il était doué. Et il espérait que le jury en jugerait de même.
***
Quand Aurélien sortit de la salle d'oral après avoir sourit doucement en direction des membres du jury, Guillaume se leva pour lui demander comment cela s'était passé. Le sourire que lui adressa le plus jeune le rassura et il lui sourit de même en avançant vers lui.
« Ça s'est bien passé, alors ?
— Très bien. Je crois que je leur ai fait bonne impression. Enfin... c'est ce que j'ai cru comprendre en tout cas... Ils m'ont dit qu'ils me rappelleront dans la journée. »
Guillaume passa une main dans les cheveux noirs d'Aurélien et rit doucement :
« Je te l'avais dit, Orel. T'as aucune raison de t'inquiéter. Tu es le meilleur dans ce domaine ! »
Aurélien lui offrit un petit sourire reconnaissant et Guillaume caressa une dernière fois ses cheveux avant de tourner les talons :
« On rentre à la maison maintenant ? »
Il ne put s'empêcher de sourire en prononçant cette phrase et il entendit Aurélien acquiescer avant de le suivre. Il était heureux.
***
Guillaume observa avec tendresse le plus jeune dormir contre lui sur le canapé. Aurélien s'était endormi alors qu'ils regardaient, comme à leur habitude, un documentaire sur les animaux de la Savane. Guillaume caressa tendrement le visage de son ami, dégageant ainsi une mèche de cheveux blanche tombée sur ses yeux. Il tourna la tête pour observer le petit appartement qu'ils partageaient depuis près d'un an maintenant. Guillaume lui avait proposé de faire une colocation avec lui lorsqu'Aurélien avait terminé sa Première. La mère de ce dernier avait longtemps hésité, malgré le fait qu'elle connaissait bien Guillaume et qu'elle disait lui faire totalement confiance et Aurélien s'était trouvé un petit boulot d'été chez un fleuriste pour lui montrer qu'il pourrait subvenir à ses besoins. Sa mère avait enfin cédé devant leur implication à tous les deux et Aurélien avait insisté pour continuer à travailler à mi-temps malgré le fait que Guillaume lui disait de ne pas s'inquiéter pour l'argent vu que lui, travaillait depuis un an déjà dans un magasin de skate qui lui permettait déjà de payer l'entièreté du loyer avant son arrivée. Mais Aurélien avait refusé, lui répétant qu'il devait participer aux frais du ménage.
Son regard se posa sur les feuilles volantes disséminées un peu partout dans l'appartement. Des multitudes de dessins et de croquis éparpillés dans leur cocon. Il était amoureux d'Aurélien. Ses sentiments envers le plus jeune avait grandi en lui année après année, jusqu'au point qu'il ne pouvait plus les ignorer. Il avait eu peur de voir ces sentiments changer avec l'arrivée du plus jeune chez lui. Et si ça se passe mal ? Et si on ne s'entend pas sur certaines choses fondamentales ? Mais non, tout avait été parfait dès le premier jour et cela n'avait fait que renforcer ses sentiments pour lui. Il devait le lui dire, c'était prévu. Mais avant, il avait voulu lui laisser un peu de temps pour se concentrer sur ses examens et ses oraux. Il se tourna à nouveau vers Aurélien et l'attira un peu plus vers lui, le plus jeune poussant alors un petit soupire fatigué au mouvement. Il déposa un petit baiser aérien sur son front et sourit contre ses cheveux :
« Dors, Orel. Tu peux te reposer maintenant. Tu as travaillé dur... »
Il ferma les yeux à son tour et se laissa emporter par le sommeil, la chaleur réconfortante de son ami contre lui.
***
Il se réveilla en entendant Aurélien parler à ses côtés. Il ouvrit les yeux et se tourna vers le plus jeune et vit qu'il était au téléphone. Celui-ci acquiesça plusieurs fois avant de remercier son interlocuteur et quand il raccrocha, Guillaume lui lança un regard interrogateur.
« C'était l'école... expliqua Aurélien en se tournant vers lui, un air pensif sur le visage.
— Et alors ? demanda Guillaume, impatient. Qu'est-ce qu'ils ont dit ?
— Ils ont dit... que c'était bon, dit lentement Aurélien en lui souriant doucement. Je suis pris, Guillaume.
— Déjà ? Mais c'est super ! »
Aurélien lui offrit un petit sourire gêné et Guillaume le prit dans ses bras dans une tendre étreinte :
« Comment je suis trop fier de toi, Orel ! Tu vois que toutes ces années d'entraînement ont fini par payer ! T'es le plus fort. »
Aurélien lui rendit son étreinte, se blottissant un petit peu plus contre lui avant que Guillaume ne se recule. Il devait le lui dire maintenant.
« Guillaume, faut que je te dise quelque chose, lui dit Aurélien avant qu'il n'ait eut le temps de réfléchir à comment lui déclarer ses sentiments.
— Hum... Vas-y, je t'écoute.
— Voilà... balbutia Aurélien en cherchant ses mots. Ça fait quelques temps que j'y pense... Même des années si je suis honnête... Mais... je n'ai jamais trouvé le moment opportun pour te le dire... Je... bafouilla-t-il en passant une main nerveusement dans ses cheveux. Je me suis promis de te dire la vérité une fois mes examens passés, une fois que j'aurais l'esprit libre... C'est que je... Je suis amoureux de toi. Je ne te considère pas seulement comme un ami et... plus j'y réfléchis... plus je me dis que je ne t'ai jamais considéré comme tel... Alors, euh... voilà ce que j'avais à te dire. »
Aurélien baissa les yeux avant de lui lancer un regard timide à travers ses mèches noires devant son absence de réponse. Guillaume fixait le plus jeune sans rien dire et il avait l'impression qu'une lave brûlante se déversait en lui a mesure que les secondes passaient.
« Guillaume...? l'appela Aurélien d'un air inquiet. Je m'excuse si c'est pas réciproque mais je devais te dire ce que je ressens... Et tu as le droit de...
— Je ressens pareil, le coupa alors le plus âgé. Depuis que je te connais je ressens ces sentiments pour toi, Orel. Et comme toi, je voulais t'en parler. Si tu ne l'avais pas fait, je l'aurais sûrement fait après cet appel. Je voulais attendre tes résultats. »
Un petit sourire incertain apparut sur les lèvres du plus jeune et Guillaume prit sa main dans la sienne, caressant doucement sa peau de son pouce.
« Pour de vrai ? » balbutia Aurélien en regardant leurs deux mains entremêlées avant de venir poser ses yeux sur son visage.
Guillaume hocha la tête silencieusement et lui sourit avec tendresse :
« J'ai jamais été aussi sincère de ma vie Orel, murmura-t-il en se rapprochant du plus jeune avant de lui demander : Je peux t'embrasser ? »
Aurélien hocha la tête d'un air encore hésitant et Guillaume traversa l'espace restant entre leurs lèvres pour que celles-ci se touchent. Leur baiser fut rempli de tendresse et d'affection, et quand il se recula mettant ainsi fin à ce dernier, Aurélien lui lança un regard plein de douceur, un petit sourire sur les lèvres et les joues rouges.
« Alors tu m'aimes aussi ?
— Plus que tout, idiot. »
Un sourire étincelant s'inscrivît sur le visage du plus jeune et celui-ci se blottit contre lui sur le canapé. Guillaume entoura sa taille de son bras pour le maintenir contre lui et se laissa bercer par la chaleur et la respiration d'Aurélien contre lui. Il se laissa retomber dans le sommeil, un large sourire sur les lèvres, et pensa avec amusement : tout ceci ne change absolument rien, notre relation a toujours été vouée à finir ainsi.