Aurélien repoussa violemment l'homme qui s'était penché vers lui, lui dérobant un baiser par surprise. Il regarda l'homme en haletant fortement, paniqué d'avoir pu perdre pieds à ce point. Il avait beaucoup trop bu. Et sans s'en rendre compte, il avait dû lui envoyer des signaux.
« Désolé...» marmonna-t-il avant de tourner les talons et de se mettre à la recherche de Guillaume.
Il avait chaud, sa tête lui tournait, et une phrase tournait en boucle dans sa tête : j'ai embrassé quelqu'un. En réalité, c'était plutôt l'autre homme qui l'avait embrassé. Mais pour lui, c'était pareil. Il ne se rappelait déjà plus mais il avait dû agir d'une certaine façon pour que cet homme l'embrasse. Non ? Il avait dû lui faire croire qu'il était célibataire et intéressé par lui, alors que c'était tout le contraire. Et maintenant, il avait honte. Il avait honte et ne souhaitait qu'une chose : retrouver son copain et rentrer chez eux, loin de cette fête où il n'avait même pas eut envie d'aller à la base.
Il trouva enfin Guillaume en train de discuter vivement avec leurs amis sur le petit balcon. Il sortit pour les rejoindre et frissonna à la différence de température avec l'intérieur de l'appartement. Il n'était qu'en tee-shirt, ne sachant déjà plus où il avait posé son pull, et Guillaume rit en le voyant ainsi habillé.
« Orel... Tu vas attraper la mort comme ça ! »
Aurélien ne releva pas et le laissa l'attirer contre lui, fermant les yeux. Il se perdit un instant dans sa chaleur et son odeur familière alors que les mains de Guillaume tentaient de le réchauffer en frictionnant son dos, avant de se rappeler pourquoi il était venu le chercher.
« Gringe, je veux rentrer, marmonna-t-il contre la veste de ce dernier.
— Pardon ? Tu peux répéter, Orel ? lui demanda Guillaume en se détachant légèrement de lui pour que sa voix ne soit plus étouffée par son vêtement.
— Je veux rentrer, répéta Aurélien en plongeant son regard dans le sien, ignorant parfaitement leurs amis qui les observaient d'un air curieux.
— Déjà ? s'étonna Guillaume. Mais ça fait à peine deux heures qu'on est là.
— S'il-te-plaît... dit Aurélien en faisant une petite moue triste à laquelle, il le savait, Guillaume ne pouvait jamais résister. Tu m'avais promis qu'on pourrait rentrer dès que je le voudrais.
— D'accord, d'accord, Orel... soupira Guillaume qui, il ne s'en doutait pas, avait comprit que quelque chose n'allait pas. On rentre tout de suite. »
Guillaume salua leurs amis et Aurélien leur lança un petit sourire désolé, en guise d'au revoir. Ces derniers les saluèrent simplement, les regardant s'éloigner d'un air confus.
***
Après avoir tenté d'apprendre en vain de sa bouche où était passé son pull, Guillaume avait soupiré et lui avait passé le sien. Aurélien lui avait lancé un petit regard désolé et Guillaume avait rit en haussant les épaules, l'attirant à lui et disant qu'il était habitué à ce genre de température depuis longtemps. Ils étaient maintenant rentrés à l'appartement et Aurélien l'avait entraîné le cœur battant dans leur chambre avant de le pousser à s'asseoir sur le rebord du lit et s'était agenouillé à même le sol, entre ses jambes.
« Orel... Qu'est-ce que tu fais ? » lui demanda Guillaume en passant une main dans ses cheveux.
Aurélien s'activa sur sa ceinture, les yeux embués de larmes et une sensation de honte grandissant en lui.
« Orel...? » répéta Guillaume un peu plus fort en voyant qu'il ne l'écoutait pas.
Aurélien sentait Guillaume essayer de bloquer ces mouvements et de le forcer à le regarder, mais il ne comprenait pas ce qu'il lui disait, focalisé sur son idée. Il se débattit encore quelques instants avant d'entendre Guillaume lever la voix et il ne put retenir ses larmes.