« Alors Orelsan, j'ai une question pour vous. Dans une de vos chanson vous dites, à peu de choses près : Petit j'avais peur des clowns, j'en suis devenu un et depuis je n'ai plus peur de rien du tout. Je voulais savoir si cette affirmation était vraie. »
Aurélien lança un regard curieux envers la chroniqueuse qui lui avait posé cette question étrange. En quoi cela avait-t-il un rapport avec sa musique ? Il fronça les sourcils en confusion et avant qu'il ne puisse répondre, la jeune femme reprit, du même air moqueur et condescendant :
« Ça vous ennuierez que l'on vérifie la véracité de vos propos ?
— Pardon ? » eut-il seulement le temps de demander avant de sentir quelqu'un lui taper sur l'épaule.
Il se retourna surpris et tomba nez à nez avec un affreux clown aux dents aiguisées. Il sursauta sur son fauteuil et recula brusquement, se retenant avec difficulté de pousser un cri ridicule indiquant sa peur. Le clown se rapprocha de lui à allure lente jusqu'à s'arrêter à quelques centimètres de son visage et de lui chuchoter Bouh. Il l'entendit alors pousser un ricanement lugubre et bientôt, toute la salle se mit à rire avec ce dernier. Aurélien comprit alors que ce n'était pas un vrai clown, que c'était seulement un employé de l'émission à qui on avait donné ce rôle et il se força à rire avec la salle afin de montrer qu'il n'était pas tombé dans leur panneau. Alors qu'au fond, bien sûr que si. Il était terrorisé et il savait que si quelqu'un qui le connaissait vraiment bien tombait sur cette séquence, il saurait la vérité. Il se sentait ridicule à son âge d'avoir encore peur de ces choses-là alors il fit mine de rire avec les autres, essayant de calmer silencieusement son palpitant dans sa poitrine.
« Vraiment, le rappeur Orelsan a perdu un peu de street-cred ce soir ! » dit la voix insupportable de l'animateur et il se força à esquisser un petit sourire.
N'importe quoi.
***
Quand il entra dans sa loge après l'émission pour récupérer ses affaires, il tomba nez à nez avec son meilleur ami Guillaume. Avec tout ce qu'il s'était passé, il avait réussit à oublier qu'il était là et l'attendait pendant son émission.
« C'est des pourris, je vais leur faire la misère...! s'énerva Gringe en posant une main sur son épaule. Ça va, Orel ? »
Aurélien hocha la tête d'un air un peu distrait, son esprit ressassant les événements récents en boucle.
« Orel...?
— Mmh ? dit-il en sortant de ses pensées. Oui, oui, ne t'en fais pas, ça va.
— T'as pas l'air bien mon pote. Allonge-toi pendant que je vais leur parler.
— Hein ? Non, non, Gringe fais pas ça. Ça sert à rien, c'est ridicule.
— Mais non, t'inquiète. Je reviens vite. »
Aurélien n'eut même pas le temps de le retenir que Guillaume était déjà sortit de la loge en fermant la porte derrière lui. Il soupira et se laissa choir sur le canapé présent dans la petite pièce. 37 ans. Il était ridicule.
***
Guillaume s'approcha d'une démarche assurée de l'animateur de l'émission qui était en train de rire avec les chroniqueurs.
« Eh...! les appela-t-il. Je vous préviens, plus jamais vous lui faites ça.
— Pardon ?
— Vous savez ce que c'est qu'une phobie ? Ce n'est pas drôle, on ne joue pas avec !