« Clara ! »
Les yeux d'Aurélien glissèrent de la main de Clara destinée à atterrir sur sa joue aux doigts masculins fermement enroulés autour du poignet de cette dernière. De ses yeux déjà bien humides s'échappèrent quelques larmes de soulagement, mais aussi de peur intense. Guillaume.
« Guillaume...?! » s'écria Clara, surprise de le voir réveillé.
Ce dernier avait le regard noir et les traits durs, ne présageant rien de bon pour elle. Une aura de colère pure émanait de lui et, malgré ses bandages et blessures apparentes, il faisait peur.
« Tu le touche, je te tue. » dit seulement Guillaume sans ciller en fixant Clara.
Celle-ci resta muette de stupeur et les deux se fixèrent en silence pendant ce qui sembla une éternité à Aurélien. Puis Guillaume relâcha sa poigne autour du poignet de la jeune fille et Clara en profita pour se dégager tout à fait, faisant un pas en arrière. Elle faillit lui rentrer dedans et Aurélien se décala à son tour, la vision brouillée de ses larmes, presque instinctivement.
« Guillaume... commença Clara après avoir reprit sa respiration. Aurélien est le diable en personne. Tu dois t'éloigner de lui. Je croyais que tu l'avais compris ! Reprend tes esprits, merde ! Regarde com-
— Ferme-là, l'interrompit Guillaume. Vraiment, arrête de parler. Tu ne comprends pas que c'est fini ? Oui, j'ai repris mes esprits en effet, et tu ne pourras plus me contrôler maintenant. J'avais peur d'être malade et tu as accentué cette peur, me faisant croire que c'était mal d'aimer mon pote comme je l'aimais. Comme je l'ai toujours aimé. Mais tu as tort, et jamais je n'aurai dû accepter de couper les ponts avec mes amis sous prétexte que ça allait me guérir de ma folie. Alors oui, je le regarde, continua Guillaume en se tournant alors légèrement pour l'observer et le cœur d'Aurélien fit un saut dans sa poitrine. Et j'aime ce que je vois. Je te trouve beau, Orel. Tu n'es pas le diable en personne, tu es un véritable ange. Et t'as toujours été là pour moi et je ne sais pas comment m'excuser pour tout ce que je t'ai fait subir ces derniers mois... »
Aurélien fut pris d'un tremblement et ses larmes coulèrent bien malgré lui sur ses joues déjà bien trempées.
« Dégage. » entendit-il alors qu'il avait baissé les yeux au sol dans une tentative veine de cacher ses pleurs à Guillaume.
Il releva alors la tête d'un air hésitant et croisa le regard furieux de Clara avant que celle-ci ne se dirige enfin vers la sortie de la chambre, non sans lui murmurer une insulte au passage. Il suivit sa silhouette du regard et resta immobile dans cette position, fixant la porte qu'elle avait claquée derrière elle, de peur qu'elle ne réapparaisse.
***
« Orel... » entendit-il une voix douce murmurer derrière lui, le sortant de ses pensées.
Il se retourna et tomba sur le visage doux et bienveillant de son meilleur ami, comme cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu. Celui-ci lui sourit tendrement et lui fit un petit signe de la main lui signifiant d'approcher. Aurélien se mordit la lèvre et secoua la tête d'un air hésitant. Il avait encore peur, peur de se faire rejeter par l'homme qu'il aimait.
« Orel... soupira Guillaume d'un air abattu. Je suis désolé pour tout. Je n'aurais jamais dû te traiter comme je l'ai fait ces derniers mois. Mais j'avais peur, j'étais terrifié par ce que je ressentais pour toi. Et je me suis accroché à la raison qui me semblait la plus valable : j'étais malade. Ce qu'il y avait entre nous, ça n'a jamais été que de l'amitié, tu t'en rends compte quand même ? On n'est pas censé agir ainsi avec un ami... aimer se fondre dans sa chaleur, dans ses étreintes, lui caresser les cheveux, l'embrasser sur la joue a n'importe quel moment de la journée, dormir avec lui quand il se réveille en sursaut la nuit, lui donner des petits surnoms mignons, préférer être lui qu'avec n'importe quelle autre personne de son entourage... J'ai soudain eu peur que tu comprennes tout à ton tour et c'est pour ça que je me suis éloigné. Je devais tuer ses sentiments dans l'œuf... mais comme tu as pu le constater avec mes nombreux appels, je n'ai jamais réussi tout à fait. L'alcool faisait tout réapparaître, me faisait réfléchir à notre relation plus que de raison et... et je t'ai fait souffrir, je le sais. »
Aurélien eut l'impression d'avoir le souffle coupé et de ne plus réussir à respirer. Il n'arrivait plus à réfléchir. Seulement à contempler avec admiration ce Guillaume si honnête qui lui parlait à présent.
« Viens-là s'il-te-plaît. Viens, Orel. » le supplia Guillaume dans un murmure.
Il hésita quelques instants avant de s'approcher avec hésitation. Il n'était qu'à un pas à peine du lit de Guillaume à présent et celui-ci lui offrit un sourire tellement tendre qu'il cru qu'il allait se remettre à pleurer à nouveau.
« C'est toi, murmura Guillaume en prenant sa main délicatement dans la sienne, les faisant toutes deux reposer sur le lit blanc. Seulement toi, mon chat. C'est toi qui m'a fait reprendre raison. C'est ton message de hier. »
Aurélien ne put s'empêcher de craquer à nouveau en l'entendant l'appeler ainsi. Mon chat. Qu'est-ce que ce surnom lui avait manqué. Son message... il s'en souvenait bien. Et il avait pensé que tout était de sa faute.
« J'ai cru que t'étais mort... sanglota-t-il, en fermant les yeux. Par ma faute... À cause de ce message. J'ai attendu toute la journée pour savoir si tu allais me répondre enfin, si je te disais mes propres sentiments et comment je me sentais depuis que tu étais parti... Et quand j'ai rallumé mon portable chez moi, après l'avoir chargé... Je suis tombé sur tes messages... Et j'ai pas eu le temps de les écouter, parce que l'hôpital m'a appelé... J'ai cru que c'était de ma faute...
— Rien n'est de ta faute, Orel. Je t'aime. » murmura Guillaume en resserrant ses doigts autour des siens, lui donnant l'assurance d'ouvrir les yeux.
Aurélien le dévisagea un instant, hésitant quant à la véracité de ses sentiments, puis se perdit dans les yeux marrons-verts de son ami.
« Moi aussi, je t'aime, répéta Guillaume, comme pour lui assurer qu'il ne mentait pas. C'est parce que tu as eu le courage de me l'avouer que j'en suis là... Grâce à toi, mon chat. »
Aurélien se mordit violemment la lèvre et se pencha vers Guillaume pour se blottir contre lui. Il sentit ses bras puissants entourer sa frêle silhouette et il se laissa faire dans son étreinte apaisante. Il le laissa caresser avec douceur sa peau par-dessus son tee-shirt et remonter une main sur sa nuque.
« Je t'aime de tout mon cœur, murmura-t-il contre sa peau à lui. Ne me laisse plus jamais ou j'en mourrai, Gringe.
— Plus jamais, c'est une promesse. » l'entendit-il lui répondre avant de sentir un baiser humide contre son front.
Aurélien se laissa enfin à sourire. Un sourire minuscule et plein de doutes, mais c'était déjà ça. Parce que maintenant qu'il avait retrouvé son Guillaume, la vie pouvait enfin reprendre son cours.