#26 - Je ne suis pas malade (2/2).

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« Clara ! »

Les yeux d'Aurélien  glissèrent de la main de Clara destinée à atterrir sur sa joue aux  doigts masculins fermement enroulés autour du poignet de cette dernière.  De ses yeux déjà bien humides s'échappèrent quelques larmes de  soulagement, mais aussi de peur intense. Guillaume

« Guillaume...?! » s'écria Clara, surprise de le voir réveillé.

Ce dernier avait le  regard noir et les traits durs, ne présageant rien de bon pour elle. Une  aura de colère pure émanait de lui et, malgré ses bandages et blessures  apparentes, il faisait peur.

« Tu le touche, je te tue. » dit seulement Guillaume sans ciller en fixant Clara.

Celle-ci resta muette de  stupeur et les deux se fixèrent en silence pendant ce qui sembla une  éternité à Aurélien. Puis Guillaume relâcha sa poigne autour du poignet  de la jeune fille et Clara en profita pour se dégager tout à fait,  faisant un pas en arrière. Elle faillit lui rentrer dedans et Aurélien  se décala à son tour, la vision brouillée de ses larmes, presque  instinctivement.

« Guillaume... commença  Clara après avoir reprit sa respiration. Aurélien est le diable en  personne. Tu dois t'éloigner de lui. Je croyais que tu l'avais compris !  Reprend tes esprits, merde ! Regarde com-

— Ferme-là,  l'interrompit Guillaume. Vraiment, arrête de parler. Tu ne comprends pas  que c'est fini ? Oui, j'ai repris mes esprits en effet, et tu ne  pourras plus me contrôler maintenant. J'avais peur d'être malade et tu  as accentué cette peur, me faisant croire que c'était mal d'aimer mon  pote comme je l'aimais. Comme je l'ai toujours aimé. Mais tu as tort, et  jamais je n'aurai dû accepter de couper les ponts avec mes amis sous  prétexte que ça allait me guérir de ma folie. Alors oui, je le regarde,  continua Guillaume en se tournant alors légèrement pour l'observer et le  cœur d'Aurélien fit un saut dans sa poitrine. Et j'aime ce que je vois.  Je te trouve beau, Orel. Tu n'es pas le diable en personne, tu es un  véritable ange. Et t'as toujours été là pour moi et je ne sais pas  comment m'excuser pour tout ce que je t'ai fait subir ces derniers  mois... »

Aurélien fut pris d'un tremblement et ses larmes coulèrent bien malgré lui sur ses joues déjà bien trempées.

« Dégage. » entendit-il alors qu'il avait baissé les yeux au sol dans une tentative veine de cacher ses pleurs à Guillaume.

Il releva alors la tête  d'un air hésitant et croisa le regard furieux de Clara avant que  celle-ci ne se dirige enfin vers la sortie de la chambre, non sans lui  murmurer une insulte au passage. Il suivit sa silhouette du regard et  resta immobile dans cette position, fixant la porte qu'elle avait  claquée derrière elle, de peur qu'elle ne réapparaisse.

***

« Orel... » entendit-il une voix douce murmurer derrière lui, le sortant de ses pensées.

Il  se retourna et tomba sur le visage doux et bienveillant de son meilleur  ami, comme cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu. Celui-ci lui  sourit tendrement et lui fit un petit signe de la main lui signifiant  d'approcher. Aurélien se mordit la lèvre et secoua la tête d'un air  hésitant. Il avait encore peur, peur de se faire rejeter par l'homme qu'il aimait.

«  Orel... soupira Guillaume d'un air abattu. Je suis désolé pour tout. Je  n'aurais jamais dû te traiter comme je l'ai fait ces derniers mois.  Mais j'avais peur, j'étais terrifié par ce que je ressentais pour toi.  Et je me suis accroché à la raison qui me semblait la plus valable :  j'étais malade. Ce qu'il y avait entre nous, ça n'a jamais été que  de l'amitié, tu t'en rends compte quand même ? On n'est pas censé agir  ainsi avec un ami... aimer se fondre dans sa chaleur, dans ses  étreintes, lui caresser les cheveux, l'embrasser sur la joue a n'importe  quel moment de la journée, dormir avec lui quand il se réveille en  sursaut la nuit, lui donner des petits surnoms mignons, préférer être  lui qu'avec n'importe quelle autre personne de son entourage... J'ai  soudain eu peur que tu comprennes tout à ton tour et c'est pour ça que  je me suis éloigné. Je devais tuer ses sentiments dans l'œuf... mais  comme tu as pu le constater avec mes nombreux appels, je n'ai jamais  réussi tout à fait. L'alcool faisait tout réapparaître, me faisait  réfléchir à notre relation plus que de raison et... et je t'ai fait  souffrir, je le sais. »

Aurélien  eut l'impression d'avoir le souffle coupé et de ne plus réussir à  respirer. Il n'arrivait plus à réfléchir. Seulement à contempler avec  admiration ce Guillaume si honnête qui lui parlait à présent.

« Viens-là s'il-te-plaît. Viens, Orel. » le supplia Guillaume dans un murmure.

Il  hésita quelques instants avant de s'approcher avec hésitation. Il  n'était qu'à un pas à peine du lit de Guillaume à présent et celui-ci  lui offrit un sourire tellement tendre qu'il cru qu'il allait se  remettre à pleurer à nouveau.

«  C'est toi, murmura Guillaume en prenant sa main délicatement dans la  sienne, les faisant toutes deux reposer sur le lit blanc. Seulement toi,  mon chat. C'est toi qui m'a fait reprendre raison. C'est ton message de  hier. »

Aurélien ne put s'empêcher de craquer à nouveau en l'entendant l'appeler ainsi. Mon chat.  Qu'est-ce que ce surnom lui avait manqué. Son message... il s'en  souvenait bien. Et il avait pensé que tout était de sa faute.

«  J'ai cru que t'étais mort... sanglota-t-il, en fermant les yeux. Par ma  faute... À cause de ce message. J'ai attendu toute la journée pour  savoir si tu allais me répondre enfin, si je te disais mes propres  sentiments et comment je me sentais depuis que tu étais parti... Et  quand j'ai rallumé mon portable chez moi, après l'avoir chargé... Je  suis tombé sur tes messages... Et j'ai pas eu le temps de les écouter,  parce que l'hôpital m'a appelé... J'ai cru que c'était de ma faute...

—  Rien n'est de ta faute, Orel. Je t'aime. » murmura Guillaume en  resserrant ses doigts autour des siens, lui donnant l'assurance d'ouvrir  les yeux.

Aurélien  le dévisagea un instant, hésitant quant à la véracité de ses  sentiments, puis se perdit dans les yeux marrons-verts de son ami.

«  Moi aussi, je t'aime, répéta Guillaume, comme pour lui assurer qu'il ne  mentait pas. C'est parce que tu as eu le courage de me l'avouer que  j'en suis là... Grâce à toi, mon chat. »

Aurélien  se mordit violemment la lèvre et se pencha vers Guillaume pour se  blottir contre lui. Il sentit ses bras puissants entourer sa frêle  silhouette et il se laissa faire dans son étreinte apaisante. Il le  laissa caresser avec douceur sa peau par-dessus son tee-shirt et  remonter une main sur sa nuque.

« Je t'aime de tout mon cœur, murmura-t-il contre sa peau à lui. Ne me laisse plus jamais ou j'en mourrai, Gringe.

— Plus jamais, c'est une promesse. » l'entendit-il lui répondre avant de sentir un baiser humide contre son front.

Aurélien  se laissa enfin à sourire. Un sourire minuscule et plein de doutes,  mais c'était déjà ça. Parce que maintenant qu'il avait retrouvé son  Guillaume, la vie pouvait enfin reprendre son cours.

Recueil d'OS OrelxGringe (2019)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant