#8 - Je veux te voir sourire (3/4).

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3 — Le clown.

Guillaume senti Aurélien trembler à ses côtés et se tourna vers lui, les sourcils froncés. Ce dernier regardait l'écran géant du cinéma sur lequel était projeté le film d'un air terrorisé. Ils avaient décidé d'aller au cinéma et de voir le prochain film qui passait, laissant le hasard décider pour eux. Aurélien n'avait rien dit lorsqu'il avait proposé d'aller voir Ça, le film sur le clown tueur et maintenant il se demandait s'il n'aurait pas dû insister pour savoir ce qu'il en pensait réellement. Alors qu'il était perdu dans ses pensées à l'observer attentivement, un cri perçant déchira le silence dans lequel était plongée la petite salle et il entendit le couteau du clown s'enfoncer dans la chair d'une de ses victimes, la fille qui avait crié. Aurélien ferma les yeux en un instant et plongea son visage dans son cou, agrippant son tee-shirt de ses deux mains tremblantes. Guillaume fut pris de surprise et passa machinalement un bras protecteur autour de ses épaules pour l'attirer contre lui.

« Tout va bien, Orel. Je suis là, ce n'est qu'un film. » dit-il d'une voix douce, essayant de le rassurer.

Aurélien attendit quelques secondes avant d'ouvrir les yeux et le regard terrorisé qu'il lui lança lui serra le cœur. Il aperçut des larmes au coin de ses yeux et prit alors doucement sa main dans la sienne pour sortir de la salle.

***

« J'ai peur des clowns, avoua Aurélien une fois qu'ils furent dehors, debout devant le cinéma.

— Eh, pourquoi tu ne me l'as pas dit ? dit doucement Guillaume en posant une main réconfortante sur son épaule, ce qui lui permit de voir qu'il tremblait encore de peur. On ne serait pas allé voir ce film si tu me l'avais dit.

— Je ne voulais pas passer pour une mauviette, murmura Aurélien en gardant les yeux au sol. Je sais que c'est ridicule d'avoir des peurs d'enfants comme celle-ci à mon âge... Et je ne voulais pas que tu te moques de moi. »

Guillaume regarda tristement son ami et passa une main dans ses cheveux afin de dégager son visage.

« Je ne me serais pas moqué, Orel. Je te promets. J'ai comprit, tu sais ? Je veux que tu puisses me dire les choses franchement, que tu puisses me faire confiance, d'accord ? »

Aurélien resta silencieux puis hocha la tête, avant de se blottir contre lui, la tête posée délicatement sur son torse.

« J'ai eu peur, avoua-t-il dans un sanglot. J'ai vraiment eu peur.

— Je sais, soupira Guillaume. Mais tout va bien, ok ? Je suis là et personne ne te fera du mal.

— D'accord. »

Guillaume déposa un baiser sur les cheveux de son ami et posa son bras sur ses épaules, pour l'entraîner avec lui dans une étreinte rassurante. Il le sentait trembler contre lui et regarder d'un air paniqué les recoins sombres du chemin par lequel ils passaient pour rentrer chez eux. Il soupira et l'attira plus encore contre lui. Aurélien leva la tête au geste et le regarda d'un air surpris.

« Fais-moi confiance, hein ? » dit Guillaume dans un sourire.

Aurélien hocha doucement la tête et se blottit contre lui, un petit sourire sur les lèvres.

« Merci. »

Guillaume sourit et lui lança un regard doux. Il était adorable.

***

Il se réveilla quelques heures plus tard en l'entendant crier son surnom d'une voix paniquée. Il se leva précipitamment et se dirigea à grands pas vers sa chambre. Quand la porte s'ouvrît, il le vit lui lancer un regard terrorisé et il s'approcha de lui avec un sourire rassurant.

« Ça va, Orel ? demanda-t-il en s'accroupissant à même le sol pour être à son niveau.

Aurélien le regardait d'un air inquiet, la respiration haletante, et il posa sa main sur sa joue pour le calmer.

« Shh, tout va bien Orel.

— J'ai... J'ai eu peur... lui répondit ce dernier en le regardant avec de grands yeux embués de larmes. Il y avait le clown... et il m'a attrapé la cheville... et j'ai vu son couteau prêt à fondre sur moi... Il voulait me tuer...

— C'était un cauchemar, dit calmement Guillaume en caressant sa joue. Il n'y a pas de clown. Tu veux que je vérifies dans les placards et sous le lit ? »

Il sourit en se disant que là, ça aurait été un moment parfait pour se moquer de son ami, s'il ne savait pas mieux. Il avait vraiment l'impression d'essayer de rassurer un enfant de cinq ans effrayé du noir.

« Non, dit Aurélien en secouant la tete. Je sais qu'il n'existe que dans ma tête. Mais ça ne m'empêche pas d'avoir peur.

— Je vois, sourit Guillaume. Rendors-toi alors, Orel. Je resterai là jusqu'à ce que tu t'endormes. Il ne peut rien t'arriver ici. »

Aurélien lui jeta un petit regard inquiet avant de hocher la tête et de fermer les yeux, se rallongeant sur son oreiller. Guillaume passa une main dans ses cheveux pour l'apaiser et caressa ainsi son crâne, sous ses doigts.

« Tout va bien... Rien ne peut t'arriver ici... Je suis là. Et je resterai là... Je veille sur toi, je ne laisserai pas les méchants t'approcher... »

Il sourit en entendant sa respiration régulière et en voyant qu'il s'était endormi sous ses caresses et ses phrases rassurantes. Il se leva et déposa sa couette sur ses épaules, pour qu'il n'ait pas froid.

« Bonne nuit, Orel. À demain. »

Il tourna les talons et sortit de sa chambre, la laissant entrouverte au cas où son ami se réveillerait de nouveau. Il s'allongea dans son propre lit et sourit tendrement, les yeux dans le vague. Il était adorable.

Recueil d'OS OrelxGringe (2019)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant