Hanji se cala au fond de son fauteuil en cuir noir et, par-dessus ses lunettes, adressa à la jeune femme un regard soutenu :
- Vas-y, ma belle, on t'écoute, fit-elle la mine grave.
En face d'elle, Astal se tortilla nerveusement sur son siège et jeta à son tour un coup d'oeil en direction du gérant resté adossé au mur du salon. Son beau visage était tourné vers la fenêtre par laquelle il semblait se perdre dans la contemplation des premières lueurs de l'aube.
Astal prit une courte inspiration.
- Hier soir, après avoir quitté le bar, je suis rentrée. Je ... Quand je suis arrivée dans la cage d'escalier, j'ai juste eu le temps de monter au premier et là j'ai réalisé qu'il y avait quelqu'un à l'étage du dessus, devant ma porte. Et puis je l'ai entendu. Marc, je veux dire. Il tambourinait ma porte et il m'a appelé. Je ... J'étais pétrifiée. J'ai même pas osé faire un pas, de peur qu'il m'entende. Et puis, tout à coup, il y a eu un bruit de porte et j'ai entendu ma voisine de palier lui demander ce qui se passait. Leurs voix résonnaient suffisamment alors j'en ai profité pour détaler.
- Je ne comprends pas, pourquoi tu ne nous as pas appelé ?! , s'attrista Hanji.
Astal se tortilla de plus bel tandis que Livaï la gratifiait d'un regard perçant, les bras croisés sans élégance.
- Je ... Je suis désolée ... J'étais complètement pommée ! Quand je suis arrivée dans la rue, la seule idée qui m'est venue à l'esprit ça a été de me réfugier dans la boutique. Comme j'ai le double des clés.
- Et une fois à l'abri ça ne t'est pas venu à l'idée de nous prévenir ? , insista son amie.
- Si ... mais ... Je ne voulais pas vous déranger avec mes histoires, avoua-t-elle.
- Nous déranger ?! , s'écria Hanji avec stupeur. Mais enfin !
Astal abaissa le nez comme une enfant grondée et la pâtissière poussa un profond soupir. Après quelques instants de réflexion, elle reporta son attention vers le gérant pour le soumettre à son tour à un interrogatoire :
- Et qu'est-ce que ce type t'a dit quand tu l'as vu ?
A ces mots, la jeune femme sursauta sur son siège et planta un regard sidéré dans celui de son patron.
- Vous ... vous l'avez rencontré ? , s'inquiéta-t-elle. Où ? Quand ?
Livaï tiqua. Jusque là, il s'était démerdé pour ne pas avouer à Astal qu'il était monté chez elle la veille au soir. Il jeta un regard meurtrier à Hanji qui venait de forcer ses confidences.
- Avant de passer à la boutique, je suis passé chez toi. C'est Marc qui m'a ouvert la porte.
Astal sentit son sang quitter son visage tandis que son cœur se décrochait de sa poitrine. Elle eut soudain envie de pleurer, mais aucune larme ne lui venait.
- Quoi ? , murmura-t-elle faiblement. Comment ...
- Est-ce qu'il a dit quelque chose ? , questionna Hanji.
- Rien de spécial, répondit Livaï dans un haussement d'épaules faussement dégagé. Il m'a seulement fait croire que la merdeuse était là avec lui.
Astal le dévisageait la mine défaite, le regard suppliant. A voir cet air déformer ses traits, quelque chose se tordit au fond des tripes de l'ancien militaire. Il avait soudain l'irrépressible envie de la prendre dans ses bras et d'écraser son poing dans la gueule de ce Marc.
- Vous êtes en train de me dire qu'il m'attend chez moi ? , marmonna la jeune femme, la gorge nouée.
- Ça va aller, ma belle, tempéra Hanji. On ne va pas laisser ce type te pourrir la vie.
VOUS LISEZ
Le bruit du monde (Livaï x OC)
FanfictionAstal vient de déposer ses valises à Trost. Dans l'anonymat de cette bourgade où personne ne l'attend, la jeune femme n'espère qu'une chose : se reconstruire et trouver la force d'un nouveau départ. Rapidement, ses pas l'amènent à pousser la porte d...