Cela faisait un bon quart d'heure qu'Astal et Livaï peignaient chacun leur pan de mur dans un silence quasi religieux. La jeune femme, désireuse de rompre un peu la glace, tenta une amorce de discussion :
- Vous avez vu ? Ils ont déjà installé les déco de Noël dans la rue !
- T'as quel âge au juste ? , rétorqua-t-il d'un ton cinglant.
- Quoi ? Vous n'aimez pas Noël ?
Un "Tch" irrité fut la seule réponse qu'elle obtint. Astal leva les yeux au ciel. "Échec lamentable", diagnostiqua-t-elle. Résignée, la jeune femme se contenta de rallumer son enceinte à un volume raisonnable.
Les deux jeunes gens finirent de peindre les murs de la boutique peu après midi. Plus que satisfaite du résultat, Astal se tourna vers Livaï et lui demanda :
- Alors, ça vous plait ?
- Hmm, grommela-t-il.
Astal sourit, consciente que si c'était le cas il ne l'avouerait probablement jamais. Elle l'observa quelques instants du coin de l'œil. Livaï avait posé son rouleau et son bac de peinture au sol et détaillait les murs d'un regard circonspect, les bras croisés sur la poitrine. Comme toujours, il affichait un air grave et beaucoup trop tendu. A cette vue, une idée germa dans l'esprit de la jeune femme.
- Hey, patron ! , l'appela-t-elle soudain après s'être approchée de lui.
Livaï se retourna vers son employée lorsqu'il sentit une chose humide et pâteuse s'étaler sur sa joue. Astal venait de lui administrer un coup de pinceau en bonne et due forme, laissant une large marque vert-de-gris sur son visage diaphane.
- Et la touche finale ! , s'exclama-t-elle en levant triomphalement son pinceau au-dessus de sa tête.
Les yeux de son patron s'écarquillèrent de stupeur. Incrédule, il porta deux doigts à sa joue pour l'essuyer et vérifier l'affront dont il venait d'être victime. Son nez se fronça aussitôt dans un signe d'écœurement manifeste lorsqu'il constata la présence de peinture au bout de ses doigts.
- Dégueulasse, grommela-t-il.
- Faut se dérider un peu, patron , railla la jeune femme. Et puis cette couleur vous va à ravir !
Un rire cristallin s'échappa des lèvres d'Astal, assommant un peu plus encore le jeune homme. Durant une fraction de secondes, abasourdi, il la regarda se bidonner. Depuis quand semblait-elle aussi heureuse ? Comment pouvait-elle être aussi resplendissante ? Et tout ça pour quoi ? Une blague aussi puérile ? Soudain, l'envie de lui faire mordre la poussière le tira de sa stupeur. Etait-ce simplement par orgueil, histoire de rappeler qui était le patron ? Ou était-ce pour préserver ce sourire sur le visage de cette femme ? Il repoussa ces questions bien trop encombrantes et se rua sur Astal. La jeune femme, surprise de cette riposte inattendue, recula en trébuchant à moitié sur la bâche plastifiée. Le gérant affichait un rictus discret mais parfaitement féroce qui ne laissait aucun doute sur ses intentions de représailles. Mi surprise, mi amusée, Astal tenta de s'enfuir mais en vain. Le jeune homme plaqua une main sur son avant-bras et, dans une poigne de fer mesurée, l'immobilisa contre lui dans une clé de bras implacable. Mais ce n'était pas tant cette dernière qui paralysa la jeune femme que ce contact et cette discrète et captivante odeur de cèdre. La jeune femme retint son souffle quand une voix susurra dans son dos :
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Le bruit du monde (Livaï x OC)
FanfictionAstal vient de déposer ses valises à Trost. Dans l'anonymat de cette bourgade où personne ne l'attend, la jeune femme n'espère qu'une chose : se reconstruire et trouver la force d'un nouveau départ. Rapidement, ses pas l'amènent à pousser la porte d...