Les deux hommes se toisèrent à bonne distance et Astal sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine. En découvrant le regard féroce et amusé que Marc lançait à Livaï, un sentiment d'urgence l'envahit. Quelque chose n'allait pas et elle eut soudain l'envie pressante de prendre son patron par la main et de déguerpir loin de cette bâtisse. Étrangement, ce n'était pas pour elle qu'elle s'inquiétait, mais pour Livaï. De toute évidence, Marc avait quelque chose en tête et c'était à son patron qu'il comptait s'en prendre.
La jeune femme décida d'agir sans plus attendre. Elle retira sa main toujours cramponnée à la veste de Livaï et fit deux pas en direction de Marc, attirant l'attention des deux hommes par la même occasion. L'ancien militaire la retint aussitôt par le bras et l'interrogea du regard.
- Ça va aller, mentit-elle avant de s'éloigner.
L'artiste s'excusa auprès du petit groupe de convives qui s'était amassé autour de lui et s'avança à la rencontre d'Astal. Il la dévora ostensiblement des yeux tandis qu'elle traversait le salon d'un pas ferme, dans cette robe bleue qui mettait bien trop ses formes en valeur pour le laisser indifférent.
- Tu es superbe, susurra-t-il lorsqu'elle se planta devant lui.
- Qu'est-ce que tu fais ici, Marc ?
- Je pourrais te retourner la question, railla-t-il.
- J'ai été invitée.
- Tiens ? Par M. d'Elbée ? C'est courtois de sa part mais plutôt étonnant. Je ne savais pas qu'il conviait aussi le petit personnel.
- Arrête ça tout de suite.
- Astal, tu mérites mieux que d'être vendeuse dans un vulgaire boui-boui qui vend du thé.
- C'est vrai, tu as raison, concéda-t-elle avec sarcasme. J'étais tellement mieux quand j'étais enfermée dans ton appartement, Marc. Tellement plus épanouie. Et tu sais ce qui me manque le plus ? Laver tes slips. Je me suis toujours demandée ce que tu avais à mettre dedans.
Marc souffla et un léger rictus déforma le coin de ses lèvres.
- Je vois que tu as appris à mordre.
- Ça fait partie des choses que j'aurais du faire plus tôt. Comme te quitter. Je te le répète, Marc : nous deux, c'est fini.
- C'est bien ce que j'avais cru comprendre, oui. Mais, vois-tu, il y a une chose que toi tu ne sembles pas avoir saisi.
Astal arqua un sourcil interrogateur. En guise de réponse, l'index de Marc se souleva légèrement de sa flûte de champagne en direction de Livaï.
- Tu n'as aucune idée de qui est ce type.
Astal se raidit. Elle avait espéré s'être trompée mais Marc venait de lui confirmer sa crainte : c'était après Livaï qu'il en aurait ce soir.
- Ne le mêle pas à ça ! , siffla-t-elle entre ses dents.
- Vous avez couché ensemble ?
La jeune femme s'étrangla à cette question.
- Ça ne te regarde pas, éluda-t-elle d'une voix cinglante.
- Dans la mesure où ta sécurité est en jeu, si, ça me regarde, rétorqua Marc d'un ton doucereux.
- Ma sécurité ? Qu'est-ce que ... ?
Un tintement de verre les interrompit et M. d'Elbée - qui venait de faire sonner une petite cuillère en argent contre sa flûte de champagne - invita ses convives à passer à table.
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Le bruit du monde (Livaï x OC)
FanfictionAstal vient de déposer ses valises à Trost. Dans l'anonymat de cette bourgade où personne ne l'attend, la jeune femme n'espère qu'une chose : se reconstruire et trouver la force d'un nouveau départ. Rapidement, ses pas l'amènent à pousser la porte d...