Je publie ce chapitre sans avoir relu ... toutes mes excuses !
Bonne lecture
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Astal et Livaï s'étaient installés à table pour déguster leur dîner de fortune. Redoutant de se trouver en face de son patron et d'être ainsi plus exposée à son regard aiguisé, la jeune femme avait stratégiquement opté pour la chaise en bout de table. Livaï était à sa droite, le dos un peu raide et enfourna - avec adresse et élégance - sa première bouchée de spaghetti. Astal scruta chacun de ses traits en quête d'une quelconque réaction, du moindre signe pouvant trahir une once de satisfaction.
Mais rien ne se produisit.
Sans surprise, songea Astal, un brin déçue, un brin amusée. En portant sa première fourchetée à sa bouche, la jeune femme en vint à conclure que cet homme se trouvait probablement être constitué à quatre-vingt dix pour cent de marbre ... et que sa charpente - nettement visible à travers son pull et son jeans près du corps - ne risquait pas de contredire cette hypothèse.
- Alors, vous aimez ? , se risqua-t-elle à demander dans un élan d'enthousiasme.
Livaï releva le nez de son assiette et plongea un regard grave, indéchiffrable, dans celui de son employée. Ce regard vibrant qui venait de rafler tout son être, Astal en eut le souffle coupé. Plus elle se perdait dans l'azur tumultueux de ces prunelles, plus l'air se bloquait dans ses poumons, plus sa gorge s'asséchait. Après beaucoup d'hésitations, Livaï brisa finalement ce silence pesant d'une voix rauque qu'Astal ne lui connaissait pas :
- Beaucoup trop, lâcha-t-il.
Réalisant le double sens de ces mots et la porte qu'ils ouvraient devant eux, Astal écarquilla les yeux pour les détourner aussitôt. Elle venait d'être prise à son propre jeu et le rouge lui monta aux joues. Tant bien que mal, elle tenta de retrouver un semblant de contenance et fit jouer sa fourchette au milieu de ses spaghetti, s'évertuant à exiger de son cœur un peu de calme, lui qui cognait violemment dans sa poitrine. Soudain, un sentiment d'urgence s'empara de la jeune femme. Elle devait absolument répondre Livaï. Lui qui s'était montré si renfrogné depuis la fin de journée venait de prendre le risque de s'ouvrir à elle, à demi mots. Elle lui devait une réponse.
Elle repensa à ses propres mots, un peu plus tôt dans la soirée : "Pour admettre que vous aimez, vous avez besoin d'être rassuré". Elle prit une profonde inspiration.
- Vous ... Vous êtes rassuré, alors ? , bafouilla-t-elle en lui jetant un bref coup d'oeil.
Un silence s'installa de nouveau durant lequel Livaï dévisagea gravement son employée. Troublée, celle-ci replongea aussitôt le nez dans son assiette. Le regard azuré du jeune homme s'accrocha un instant à ces lèvres dont il sentait encore la brûlure le long de sa balafre. Ces lèvres dont il désirait tant ressentir à nouveau la caresse et la morsure. Juste au-dessus, les pommettes rosées de la jeune femme ne savaient plus comment cacher ses propres sentiments, parfait mélange de sa gêne et de son désir brûlant. A cet instant, rien n'aurait pu arracher Livaï à la contemplation de ce visage, pas même les mots de Marc qui lui tournaient pourtant violemment en tête depuis la fin de journée. Après un temps interminable, le jeune homme émit un léger soupir et s'adossa au fond de sa chaise.
- T'es pas croyable, merdeuse, lâcha-t-il sans plus d'explication.
Cette foutue gamine jouait avec ses nerfs. Comment pouvait-elle se montrer à la fois si timide et si téméraire, si gênée et si entêtée ... si fragile et pourtant si forte ? C'était à n'y rien comprendre ! Mais en tout état de cause, le gérant devait bien admettre que le trouble qu'il venait de susciter chez elle et qui empourprait son visage l'électrisait. Pourtant ... Quelque chose n'allait pas. Foutrement pas même ! Était-il rassuré, lui avait-elle demandé ? Bien sûr que non ! Il n'avait jamais eu aussi peu confiance en lui, en ses réactions, en ses émotions qu'en ces moments où il était aux côtés d'Astal. Et plus le temps passait, plus il apprenait à la connaître, et pire c'était ! Rassuré ? Evidemment que non, putain ! Il se chiait dessus !
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Le bruit du monde (Livaï x OC)
Hayran KurguAstal vient de déposer ses valises à Trost. Dans l'anonymat de cette bourgade où personne ne l'attend, la jeune femme n'espère qu'une chose : se reconstruire et trouver la force d'un nouveau départ. Rapidement, ses pas l'amènent à pousser la porte d...