Chapitre 14: Peut-être parce que je t'aime.

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Ils se regardaient tous les deux. Lui plus qu'elle. Il était encore troublé par les vêtements de Raphaëlle. C'était la première fois qu'il la voyait habillée ainsi. Il se doutait bien qu'elle devait se vêtir ainsi lorsqu'elle était chez elle. Mais de là à sortir avec? D'ailleurs, il se demandait comment elle avait atterri chez lui. Il ne se rappelait pas lui avoir donné son adresse.

– Tu n'es pas le seul à enquêter sur tes conquêtes Rayan. Tes conquêtes ont tout intérêt à en faire autant, vu l'envergure des dames que tu fréquentes. Et arrête de me regarder comme ça, mon armoire ne contient pas que des robes hors de prix.

– Est-ce que ça va?

– Tu penses franchement que je serais là si c'était le cas?

– Tu veux quoi exactement?

– La même chose que depuis le début... Oublier, me noyer, avoir la sensation de revivre ne serait-ce que quelques minutes.

– Oublier quoi Raphaëlle? Que tu m'as caché ton fils par exemple?

Un rire sarcastique éclata.

– Tu crois quoi Rayan? Que parce qu'on baise ensemble, tu as des droits sur moi? Tu n'es qu'un bouche-trou et tu le sais parfaitement. Je ne suis qu'une cliente pour toi et tu n'es qu'un gigolo pour moi. Tu m'as toujours vue comme une chienne en chaleur par laquelle tu peux t'enrichir. Alors ne joue pas à ça avec moi.

– Je ne joue pas.

Il laissa son regard se balader dans la pièce puis revenir à elle.

– Tu as été tout ça... un jour. Mais les choses ont changé, je... Je n'ai rien vu venir. Et là, il est trop tard pour réparer quoi que ce soit.

– Arrête de dire n'importe quoi.

– Raphaëlle...

– Ne dis pas n'importe quoi! S'écria-t-elle.

Ses yeux s'embuaient alors que son cœur s'embrumait.

– Rien n'a changé entre toi et moi! Les choses n'ont pas pu changer! C'est impossible!

– Raphaëlle, s'il te plaît...

– Tu es mon gigolo et je suis ta cougar! Tu comprends? Les choses ne peuvent pas aller au delà de ça, tu ne peux rien ressentir pour moi et vice versa! Ce n'est que du sexe! Tu m'entends ? De la baise violente et bestiale. C'est de l'obscenité! C'est... c'est sombre et... et toxique... Est-ce... est-ce que tu comprends? Reprit-elle d'une petite voix. Je t'en supplie, dis oui... dis oui.

Rayan était baba. Le regard de Raphaëlle le suppliait presque. La femme en face de lui était effrayée. Mais de quoi? Il s'approcha et la colla à lui. À coups de sanglots, son corps remuait contre celui de Rayan. Et alors qu'il ne s'y attendait pas, elle releva sa tête et les jeta tous les deux dans un baiser. Initialement chaste, ce dernier ne tarda pas à devenir fougueux. Les mains de Raphaëlle s'aventurèrent alors sur des chemins périlleux du corps de son gigolo.

– Raphaëlle, souffla-t-il. Raphaëlle...

Elle demeura sourde à son appel. Il retira alors ses mains et s'éloigna d'elle.

– Ça suffit Raphaëlle, arrête.

– Le triple, lui proposa-t-elle.

– Pardon?

– Le double du triple.

– Tu ne comprends rien.

– Je ne vais pas te courir après indéfiniment Rayan. Je suis certaine qu'il y en a des tonnes comme toi là dehors. Je n'aurai qu'à claquer du doigt pour les avoir.

– Et moi, tu crois que ça m'amuse de te courir après?

– Me courir après? Je te signale que tu viens de me repousser!

– Pas parce que j'en ai envie.

– Alors, c'est pour quoi? Me torturer? M'émoustiller au plus haut point?

– Parce que j'ai envie que ça se passe autrement!

– Autrement, genre quoi? Sur le capot ou au bord de la fenêtre?

– Tout n'est pas que physique Raphaëlle! Et tu le sais!

– Je sais juste que je te paie pour me baiser! Et si tu n'es plus foutu de faire ton boulot, je vais me trouver une autre poupée!

Il s'accapara d'elle et la placarda violemment contre la paroi. Le souffle puissant et court, Raphaëlle criait déjà victoire. Elle avait réussi à le provoquer.

– Pourquoi tu fais ça Raphaëlle?

– Parce que je veux quelque chose que tu me refuses Rayan. Et crois-moi, je vais l'obtenir. Je n'aurai de repos que lorsque j'aurai eu ce que je veux.

– Et qu'est-ce que tu veux exactement?

– Que tu me traites comme au début. Et même pire. Rends-moi folle, traite-moi comme ta chienne. Montre-moi que je ne suis qu'un objet à tes yeux. Ne fais rien que je te demande. N'en fais qu'à ta tête. Prouve-moi que tu es toujours un homme Rayan! Prouve-le moi! Hurla-t-elle en donnant un coup de poing près de ses propres cuisses.

Il donna un coup de paume près du visage de Raphaëlle! Il se disputait avec lui-même. Mais en fin de compte, il écrasa ses lèvres contre les siennes. Une étincelle de victoire implosa en elle alors que lui ne pensait plus à rien d'autre. Seul le moment présent importait à ses yeux. Il était tellement absorbé qu'il ne se posait plus de questions sur Romann. Le pire, c'est qu'elle semblait l'avoir oublié. C'était pourtant son fils, son unique fils.

À fines gouttes, la pluie ramenait le bout de son nez. Son odeur diffusait à travers l'air conditionné et envahissait la chambre. Les tapes que donnait l'eau aux plantes qui entouraient l'appartement résonnaient en symphonie avec le vent sifflant. Rayan n'avait pas de veilleuse chez lui alors il s'était juste contenté d'éteindre la lumière.

Le temps allant à grands pas, ils n'étaient plus qu'un amas de fluides corporels. Y compris les larmes qui fondaient vers les oreilles de Raphaëlle.

– Qu'est-ce qu'il ya Raphaëlle? Pourquoi est-ce que tu pleures?... Tu m'en veux?

– Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas écoutée Rayan?

– Tu m'as demandé de ne pas t'écouter, de n'en faire qu'à ma tête. Et c'est exactement ce que j'ai fait.

– Je t'ai demandé de faire comme au début. Tu disais que j'étais ton animal et...

– Plus maintenant...

– Mais pourquoi Rayan?

– Parce que... Peut-être parce que je t'aime Raphaëlle... J'en peux plus de le nier.

– Non, miaula-t-elle.

– Si.

– Non, tu ne peux pas faire ça. T'as pas le droit de me faire ça. Tu ne peux pas m'aimer.

– Et pourtant, je t'aime.

Au bout de quelques secondes, plongée dans le regard aimant qui la dévorait, elle se jeta au cou de Rayan. Il roula sur son dos pour éviter d'écraser la femme sous son poids. Il avait la conviction d'avoir franchi un grand pas. Mais il changea très vite d'avis lorsqu'elle se releva brusquement et descendit du lit.

– Qu'est-ce que tu fais Raphaëlle?

– Je rentre chez moi.

– Tu ne...

– J'ai laissé mon fils seul. Tu es sûr de vouloir avoir ça sur ta conscience?

– Pas plus que je suis sûr de ne pas pouvoir te laisser rentrer dans cet état.

– Tu me demandes de choisir entre mon fils et toi?

– Je te demande de donner à ton fils une chance de revoir sa mère vivante... Je te dépose.

– Je sais encore conduire.

– Je te dépose... Sauf si tu as envie de passer la nuit ici. Je n'y vois absolument aucun inconvénient. Ah non, il y en a un tiens. Laisser ton fils seul.

Dr DJENGUÈ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant