Chapitre 28: une sale histoire de sextape.

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Raphaëlle était de retour chez elle. Oui, Rayan avait réussi. Depuis que Dayana avait quitté son domicile, il était allongé dans la baignoire. Il ne s'était jamais senti aussi sale de toute son existence. Il avait envie d'appeler Raphaëlle pour savoir comment elle allait. Mais même ça il n'y arrivait pas. Allait-il pouvoir tenir en entendant sa voix? Il était certain que non. Il leva ses mains. Elles étaient froissées par l'eau qui avait eu le temps de pénétrer sa peau.

Il était 20 heures. Et Raphaëlle n'arrivait pas à croire ce qui avait failli lui arriver. Les policiers avaient débarqué chez elle dans la matinée alors qu'elle se réveillait à peine. Puis, ils l'avaient embarquée sous le regard choqué de ses patients. Ils étaient assis dans le hall d'entrée. Et à travers les portes fenêtres, ils l'avaient reconnue. Elle avait peut-être été relâchée. Mais pourrait-elle effacer l'idée que ces gens se faisaient désormais d'elle?

Elle s'empressa de gagner sa chambre. Rayan était-il au moins au courant qu'elle avait été mise en liberté? Sans doute, pensait-elle. Il avait promis de faire son possible pour la sortir de là. Mais à quel prix? Elle savait bien que dans son beau pays, ce genre de chose pouvait coûter très cher.

Son téléphone était sur la table de chevet, exactement là où elle l'avait laissé. Elle le récupéra et le déverrouilla. Elle n'avait plus qu'une seule chose en tête: appeler Rayan. D'ailleurs, elle fut accueillie par un message de ce dernier. Elle n'avait pas eu le temps de couper la connexion avant son départ. Une tonne de photos et de vidéos. Son cœur rata un battement. Cela ne présageait rien de bon, pensa-t-elle. Elle lança le téléchargement en bloc. Et lorsqu'il fut fini, elle tomba des nues en découvrant des images aussi abjectes les unes que les autres.

Sa main se porta à ses lèvres et ses yeux coulèrent.

– Oh mon Dieu, Rayan... Rayan, pourquoi?

Sa voix explosait dans toute la maison, au point de la rendre sourde. Ces images étaient la preuve d'une trahison qu'elle n'était pas prête à pardonner. Elle ignorait qui était cette femme avec Rayan puisque celle-ci avait pris le soin de masquer son visage. Cependant, l'homme qui couchait avec elle n'était autre que son Rayan. Elle avait essayé de s'en dissuader en regardant tous les médias, guettant le moindre défaut de ressemblance. Mais elle avait lamentablement échoué. Elle glissa le long du mur et tomba sur ses fesses.

Quelques heures plus tôt, alors que Dayana prenait son pied, elle avait eu la vilaine idée de filmer et de les photographier avec le téléphone de Rayan. Trop focalisé sur l'idée d'en finir au plus vite, le jeune homme s'était gardé d'essayer de l'arrêter. Il savait qu'il supprimerait tout une fois fini. Mais ce qu'il ignorait, c'est que la femme du ministre avait tout balancé à Raphaëlle avant de prendre la clé des champs. Très futée, elle avait choisi d'utiliser l'un des filtres de snapchat qui permettait d'avoir la localisation et l'heure du snap. Elle avait forgé un dossier en béton.

Le téléphone de Rayan sonna, le faisant soubresauter. Pour lui, c'était forcément Raphaëlle. Elle avait besoin de lui, se dit-il pour s'encourager. Il quitta alors l'eau et se dirigea vers son lit. Mais c'était Joseph qui s'affichait.

– Allô?

«Encore cette humeur de chien.»

– Parle vite Joseph. J'ai pas que ça à foutre.

«Wesh, calmos mec. Me dis pas que Raphaëlle a changé d'avis pour le mariage.»

– Joseph...

«Écoute Ray. Je suis ton pote, d'accord? Pas ta capote. Alors tu me parles bien.»

– Je t'ai pas demandé de m'appeler.

«Et moi je suis pas à la base de tes problèmes. Alors m'agresse pas. Bref, y a juste un show ce soir chez Cédric. Je pensais t'inviter mais apparemment, t'es pas d'humeur alors...»

Rayan raccrocha. Pas d'humeur, c'était très peu dire. Il était sur le point de reposer le téléphone lorsqu'un message de Raphaëlle l'arrêta. C'était un simple cœur. Il cliqua alors immédiatement et tomba dans sa box. Elle était en ligne. Mais au dessus du cœur, il ne reconnaissait pas les messages qui avaient été envoyés depuis son portable. Et à la seconde où il les identifia, il cessa de respirer. Il se rendait compte d'à quel point il avait été bête de laisser Dayana faire tout ce qu'elle voulait. Son premier réflexe fut alors d'appeler Raphaëlle. Il fallait qu'il lui explique. Mais elle ne décrocha jamais.

Le cœur envoyé à Rayan n'était pas volontaire. Dans l'élan de sa douleur, Raphaëlle avait accidentellement touché le tactile. À présent, elle versait les larmes de son corps sur le sol. Ses craintes s'étaient matérialisées. Devait-elle s'en prendre à la fameuse loi de l'attraction? Ou devait-elle tout simplement accepter que Rayan se moquait d'elle depuis le départ?

– Comment est-ce que j'ai pu penser qu'il m'aimait sincèrement? Ce que j'ai été conne. Conne Raphaëlle, tu n'es qu'une conne! Te faire avoir par un gamin dont tu pourrais être la mère! Le bonheur n'est pas fait pour toi!

Désemparé, Rayan s'habilla et se dirigea vers la maison de sa belle. Il ne pouvait pas la laisser croire qu'il n'était qu'un menteur. Il l'aimait et n'était sûrement pas prêt à la perdre. Il donna tout ce qu'il avait et arriva très vite à bon port. Le portier le laissa naturellement entrer. Et dans la chambre, il retrouva Raphaëlle en petite serviette. Ses cheveux coupés et bouclés dégoulinaient encore.

– Mais qu'est-ce que tu fous là toi? T'as encore le culot de venir ici?

– Chérie, écoute-moi d'abord.

– NON TU T'EN VAS!

– Chérie, s'il te plaît.

– Ça t'a pas suffi de la sauter. IL A FALLU QUE TU ME LE JETTES EN PLEINE FACE!

– Réfléchis une seconde Raphaëlle. Tu penses franchement que j'aurais été aussi con?

– Fiche... le camp.

– Raphaëlle, je t'en prie...

– J'ÉTAIS EN TAULE ET TOI T'AS PAS MIEUX TROUVÉ À FAIRE QUE DE PRENDRE LA PREMIÈRE PÉTASSE QUI T'EST TOMBÉ DESSUS! Barre-toi... Je t'ai dit de te barrer! Barre-toi! Barre-toi! BARRE-TOI! Et que ce soit la dernière fois que je vois ta face de trompeur!

Rayan était immobile, transpercé par la douleur qu'il lisait à travers les cris de Raphaëlle. Il ne savait plus quoi dire, quoi faire. Et tout d'un coup, elle s'empara d'un vase et le lança dans la direction de Rayan. Ce dernier parvint à l'esquiver à temps.

– Raphaëlle, je l'ai fait pour toi.

– Pardon? Ha ha ha! Mais dis donc t'es culotté!

– C'était le prix à payer pour te sortir de prison.

– Quoi?

Raphaëlle se laissa aller à un fou rire, au point de s'asseoir à même le sol.

– Laisse-moi le temps de t'expliquer. Et après ça, tu feras ce que tu veux.

– Ce que je veux salopard, c'est que tu te tires de chez moi et que tu ne reviennes plus jamais.

– Tu ne penses pas ce que tu dis.

– Oh si je le pense, dit-elle en se relevant. Et devine ce que je pense d'autre mon p'tit Rayan. T'es un minable, un vaurien, un moins que rien. Le petit garçon qui a été ramassé sur un tas d'immondices. Et tu sais quoi? La femme qui t'a mis là a eu raison de le faire. Elle avait compris à temps la merde que tu représentais pour le monde. Celle qui a eu tort de te récupérer, c'est celle qui t'a adopté. Et moi j'ai eu tort de te laisser entrer dans ma vie, de te donner une chance.

Raphaëlle n'aurait pas pu frapper plus fort. Avec un tel discours, elle n'eut plus besoin de demander à Rayan de s'en aller. Il retrouva la sortie tout seul. L'heure n'était pas à comprendre comment elle avait pu en arriver là. Elle y était arrivée et c'était tout.

Dr DJENGUÈ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant