Depuis que Raphaëlle l'avait déposé chez lui, Rayan n'avait plus remis les pieds dehors. Il était resté chez lui à s'ennuyer. Entre le téléviseur qui ne lui disait pas et les réseaux sociaux qui le saoulaient, il avait vite compris qu'il se languissait de sa belle doctoresse. Et le voilà qui commençait à penser romantique.
Il se sentait abruti d'avoir succombé à son charme. Puis un sourire idiot lui échappa. Un verre de Fanta à la main, il contemplait la nuit tombée à travers la baie de la cuisine. Jamais aucune femme ne lui avait donné autant de fil à retordre.
Il avait tout fait pour la traiter comme les autres. Mais la vérité, c'est qu'elle était bien différente. Non seulement elle n'appartenait pas à la tranche d'âge qui lui faisait penser à sa... mère. Mais en plus, elle avait su lui donner une autre image des femmes. S'il les voyait toutes, ou presque, comme des êtres méprisables, ce n'était déjà plus le cas.
Une brève sonnerie lui annonça qu'il avait reçu un message. Il s'agissait d'un amas de chiffres non enregistrés.
«Salut "tonton", c'est Romann le surdoué.»
Ce SMS lui ôta un rire. Il aimait définitivement bien ce gamin. Pour aller plus vite, il appela.
«Allô?»
- Salut mon pote, alors la forme?
«Oui. Et toi?»
- Tranquille. J'espère que ta maman est au courant que tu m'as contacté.
«Ne me dis pas que cette brave dame te fait peur quand-même.»
- Ha ha, entre nous mon pote, il y a plutôt de quoi, non?
«Oooh oui.»
Romann baissa d'un ton et reprit:
«Surtout quand elle fait ses gros yeux rouges. J'ai failli mourir à cause de ça une fois.»
Rayan rigola de nouveau.
- Alors, que me vaut l'honneur de ce message?
«Eh bien concernant notre partie de basket, ça te dirait qu'on la fasse demain?»
- Euh...
«T'inquiète pas, maman est au courant. Malgré tout, elle n'arrive pas à résister à ma tête de chien battu.»
- Eh bah, cool alors. Quelle heure?
«C'est toi qui vois. Moi je suis libre toute la journée puisque je suis en congés.»
- Ok. Alors ce sera dans la matinée. Après mon footing, j'atterris direct chez vous.
«Coool. On se dit alors à demain. Et... apporte des fleurs.»
- Des fleurs? Mais pourquoi?
«Mais tu fais exprès ou quoi? Pour maman bien sûr.»
- Ah non mon pote, tu veux en finir avec moi ou quoi? Ta mère a horreur des fleurs.
«Attends, c'est elle qui t'a dit ça? Mais t'es pas sérieux de croire à une bêtise pareille. Papa lui offrait tout le temps des fleurs. Et quand il le faisait pas, elle lui faisait la gueule.»
- Ah... Romann je...
DING DONG!
- Euh... Désolé mon pote. Mais il faut que je te laisse.
«Quoi, t'as peur de me parler?»
- T'as une sacrée imagination, tu sais? Mais non, j'ai juste de la visite.
«Aah, une femme ou un homme?»
DING DONG! TOC! TOC! TOC! TOC! TOC! TOC!
- Justement, il faut que je raccroche pour le savoir.
«Hm... Bien. Mais sache que je n'oublierai pas que tu me dois une conversation.»
TOC! TOC! TOC! TOC! TOC! TOC! TOC! TOC!
- Ouais, je te laisse... C'EST QUI?
DING DONG!
Exaspéré, Rayan se précipita et ouvrit violemment la porte.
- Dayana?
- Salut mon chou. Alors, t'as cru te débarasser de moi aussi facilement? Hum? Eh bien c'est raté. Je suis loin d'être comme tes autres chiennes.
Elle était vêtue d'un tailleur pantalon hors de prix. Cependant, son fichu et ses lunettes de soleil portaient à croire qu'elle essayait de se déguiser.
- Je croyais avoir été clair avec toi ma vieille. Je bosse plus pour toi.
- Non, vraiment? Laisse-moi passer.
Il lui fit barrage avec son gros bras.
- Écoute mon petit, t'as plutôt intérêt à me laisser entrer. Parce que si jamais je me mets à crier cette nuit, t'as aucune chance de t'en sortir.
- Non, vraiment? Et tu vas leur dire quoi quand ils seront là? Que j'ai mis un pistolet sur ta tempe à travers le téléphone pour te forcer à venir? Une femme aussi haut placée que toi. Qu'est-ce que tu fous dehors à pareille heure? Pire, chez un homme qui n'est pas ton mari. Hum?
Les traits de Dayana durcissaient.
- Écoute Dayana. Je ne le répèterai pas une troisième fois. T'es plus ma cliente. Accepte-le et fais ta vie.
- Qu'est-ce qu'elle a bien pu te donner cette... chose pour laquelle t'as arrêté de me voir?
- Pardon?
- Oh... Parce que tu crois que je ne suis pas au courant? C'est moi qui t'ai fait mon p'tit Rayan. Je t'ai appris tout ce que tu sais. Alors ce n'est sûrement pas pour que tu ailles t'occuper d'une autre.
- Tu m'as fait? Attends, c'est une blague là. Tu n'étais ni ma première ni ma dernière cliente.
- Très drôle mon chou. Si tu peux appeler toutes ces choses que tu as connues avant moi... femmes, c'est que tu n'as encore rien compris à la vie. T'es venu comme un puceau. C'est à peine si tu savais comment donner du plaisir comme un homme, un vrai. Et puis du jour au lendemain, ce soi-disant médecin de seconde zone est apparu et tu as commencé par prendre tes distances.
- Déjà vieille peau, Raphaëlle est un excellent médecin. Une femme hors-pair. Et sois sûre d'une chose, si je t'ai lâchée, c'est tout simplement parce que j'en avais fini avec toi. Tu n'as plus rien à offrir. Même pour tout l'or du monde, je ne te toucherai plus. Et si tu veux tout savoir, tu n'as jamais eu aucune valeur à mes yeux. En fait, comme toutes les autres d'ailleurs.
Elle lui assena une gifle!
- Je ne te permets pas de me parler de cette façon!
- Barre-toi vieille conne. Et la prochaine fois que tu ramènes tes fesses plates ici, je te donnerai une raison de crier. Et ce ne sera pas de plaisir, fais-moi confiance.
Il claqua la porte, ignorant les injures qui s'y heurtaient.
- Tu vas me le payer pauvre gamin! Je n'ai pas encore dit mon dernier mot!
- Ha, la ferme, souffla-t-il sachant qu'elle ne pouvait plus l'entendre.
Il revint s'asseoir sur un tabouret de la cuisine. Il connaissait bien Dayana. Il avait presque eu pitié d'elle la première fois. Mais il s'était vite rendu compte qu'elle était la plus dangeureuse de ses conquêtes. Épouse d'un ministre qu'il valait mieux craindre, elle était elle-même l'une des magistrates les plus réputées du pays. Elle n'hésitait pas à se donner les moyens d'obtenir tout ce qu'elle voulait. Et maintenant qu'elle avait Raphaëlle dans son radar, Rayan avait de quoi s'en faire.
VOUS LISEZ
Dr DJENGUÈ
Storie d'amoreUn gigolo est pris à son propre piège lorsque son meilleur ami le pousse à fréquenter une femme qui sort du lot de ses clientes habituelles: le Docteur DJENGUE Raphaëlle. Une veuve qui n'aurait jamais pensé avoir ce genre de fréquentations. Une femm...