Entre les carrés de mauvaises herbes, Raphaëlle se fraya un chemin avec sa voiture rouge tomate. Alerté par l'habituel coup de klaxon, le portier s'empressa de lui ouvrir le portail.
Au fond de la cour siégeait un duplex enrobé d'une énorme surface de carreaux blancs à poires. Elle n'y avait jamais rien changé depuis le décès de son époux.
En garant, elle se rendit compte que sa voiture n'était pas la seule à entrer. Le reflet des phares de l'intru l'empêchait encore de le reconnaître. La portière claqua et Raphaëlle se dirigea vers lui. Ce véhicule ne lui était pas inconnu. Elle l'avait choisi elle-même, par le passé.
Les phares s'éteignirent et une armoire à glace se dessina dans l'ombre. Comment ne pas l'identifier? Elle avait exploré cette silhouette sous tous ses angles. Il déposa son popotin sur le capot de sa voiture et croisa les bras. Trop fatiguée pour riposter, elle s'avoua vaincue et se rendit dans sa chambre.
Devant sa glace, elle retira ses boucles d'oreille. Le tas de tissage qu'elle rangeait sur ses épaules indiqua à Rayan qu'elle s'apprêtait à enlever son collier. Il lui en avait tellement enlevés qu'il avait arrêté de compter.
Ils ne tardèrent pas à abandonner leurs langues dans une danse sauvage. Les rideaux se débataient avec le vent sifflant. C'était la première fois qu'ils se voyaient si tard.
Plus aucun bijou n'encombrait Raphaëlle. Ni souliers ni robe pour la ralentir. Entre la terre et le plafond, ils n'y avait plus qu'eux dans la pièce. Allant à son propre rythme, Rayan ne se souciait plus de celui qu'elle lui imposait d'habitude. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois qu'il se dérobait aux ordres de sa patrone, mais pour une fois, elle ne réagissait pas.
Raph' se laissa gagner les draps. Elle ne luttait pas. Il n'y avait que le silence pour les écouter, le vide pour les observer, la lumière pour les dévoiler.
- Tu veux que j'éteigne la lumière?
Raphaëlle avait comme bloqué dans le regard de son gigolo,, cherchant cette chose qu'il ne devinait pas.
- Raphaëlle...
Face à ce silence inquiétant, le pouce de Rayan se glissa sur la pomette de sa patronne.
- Hey, Raphaëlle...
- Oui... S'il te plaît, finit-elle par répondre.
Il opina de la tête et se redressa. Il s'arrêta à temps pour ne pas marcher sur son propre t-shirt. Mais avant de faire basculer l'interrupteur, il s'arrêta devant le carton qui garnissait un coin de la commode. Il était déjà ouvert, plus qu'à moitié vide. Il réalisait combien ils avaient pu en utiliser depuis le début du mois. Il en tira un préservatif neuf et plongea la pièce dans un bleu tamisé. L'éclairage du salon s'infiltrait sournoisement à travers le couloir. Et Raphaëlle accueillait de nouveau Rayan dans ses bras.
Impatiente, elle lui arracha la camisole de sécurité pour le mettre en place. Elle n'en avait pas l'habitude puisqu'il s'en chargeait tout seul de coutume. Elle se débrouilla alors tellement mal que Rayan se surprit à rire d'elle. Au point où elle en était, Raph' maudissait déjà le latex.
- Calmez-vous votre altesse.
- Pfrrrrr...
Irritée, elle se laissa choir dans les coussins qui emplissaient le lit. Raphaëlle était tellement frustrée qu'elle entendait les arbres bouger. Fatiguée d'attendre que Rayan enfile lui-même sa capote, elle la lui arracha et l'envoya valser. En heurtant un mur, le tube de latex laissa des senteurs de menthe s'éparpiller dans les airs.
Une grande brise se déchaîna et la porte bruissa jusqu'à claquer dans un bruit saisissant. Les grains de peau de la doctoresse se mirent à frétiller par millier alors qu'elle s'enfonçait dans le regard de Rayan. Ce n'était pas la première fois qu'ils couchaient ensemble sans protection.
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Dr DJENGUÈ
RomanceUn gigolo est pris à son propre piège lorsque son meilleur ami le pousse à fréquenter une femme qui sort du lot de ses clientes habituelles: le Docteur DJENGUE Raphaëlle. Une veuve qui n'aurait jamais pensé avoir ce genre de fréquentations. Une femm...