Chapitre 29: et si on tuait le ministre et sa femme?

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Une fois dans son véhicule, Rayan contacta Auriane.

«Bonsoir Ray.»

– Auriane, il faut qu'on parle.

«Quoi, ce soir là? Mais on était censés se voir demain.»

– Je sais mais je ne peux pas attendre.

«Mais...»

– S'il te plaît, je ne t'aurais pas appelée si ce n'était pas important.

«Pff, et Raph?»

– Je serai seul.

«Je vois... Je t'attends.»

– Merci.

En ni une ni deux, Rayan atterrit chez elle. Il lui expliqua la situation, depuis l'arrestation de Raphaëlle jusqu'à son discours blessant.

– Oh Ray, je suis sûre qu'elle n'en pensait pas un mot.

– Si. Si, à ce moment là, elle l'a pensé. Parce qu'elle me hait. Elle me voit comme un traitre. Et j'ai l'impression qu'elle a raison.

– Mais ce n'est pas le cas. Tu as fait ça pour elle, pas pour t'amuser. Elle est juste en colère.

– Alors je suis censé faire quoi? Attendre et la laisser penser que je suis le monstre qu'elle a décrit?

– Attendre oui. Lui laisser le temps de digérer tout ça.

– Mais combien de temps? J'ai l'impression qu'on ne s'en remettra jamais.

– Une semaine Rayan. Ne l'appelle pas, ne lui écris pas, n'essaie pas de la voir. Laisse lui le temps d'oublier ton existence, de commencer à mettre une croix sur ce qu'elle a vu. Puis retourne la voir.

– Et si elle est toujours aussi hostile?

– Alors je serai prête à intervenir. Mais en attendant, ne pense plus à ça. Réfléchis plutôt à la façon dont tu vas te débarasser de cette fameuse magistrate. Parce que même si tu arrives à regagner le cœur de Raph, elle ne pourra pas rester si elle sait que tu couches avec une autre. Et ce, peu importe le pourquoi.

– C'est la première fois que j'arrive à voir combien une femme peut être belle Auriane. Je peux pas me permettre de la perdre.

– Alors bats-toi. Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire mais... il faut juste que tu te battes. Et surtout, attrape ton cœur comme on dit. Raphaëlle a été blessée avant de te connaître. Et ces blessures ne sont toujours pas guéries. Là, tu as remué le couteau dans la plaie. Alors ne t'attends à ce qu'elle te fasse de cadeau.

– Je comprends... Je comprends...

– Ça va passer, d'accord? Ce n'est qu'une mauvaise passe.

Peu convaincu, Rayan se laissa tout de même bercé d'illusions. Il avait besoin d'y croire pour ne pas abandonner.

***

De retour chez lui, Rayan réfléchissait dans tous les sens possibles. Se débarasser de la femme du ministre? Ce n'était sûrement pas la prière qui risquait de l'y aider. Il avait beau remuer l'affaire dans tous les sens, il ne trouvait rien.

DING DONG!

– Hey mec! Je sais que t'es là! Ta caisse est dehors!

Joseph.

– Qu'est-ce que tu veux?

– Eh bien bonsoir, je vais bien aussi, merci.

– T'étais pas censé être à une teuf?

– Ouais. Mais j'ai peut-être dû la quitter parce que mon pote pète un câble, non?

– Pff... Entre.

– Alléluia! C'est bien la première chose polie que...

– Entre ou je referme.

– Okay, relax bad boy.

Joseph entra, suivi de Rayan.

– Alors c'est quoi la merde dans laquelle t'es? Et pitié ne me dis pas que tout va bien parce que...

– J'ai trompé Raphaëlle.

– Tu as... Attends, tu peux répéter s'il te plaît? T'as trompé la meuf la plus jeune avec laquelle t'es jamais sorti? Non, c'est une blague.

– Dayana a débarqué. Elle avait inventé toute une magouille pour faire mettre Raphaëlle en prison.

– Alors tu as couché avec elle? Malin.

– C'était sa seule condition pour annuler les poursuites. Redevenir son gigolo, devenir son gentil toutou. Même quand je bossais volontairement pour elle, je n'étais pas à sa merci. Et maintenant, elle se permet de me rabaisser. Mais ça ne m'étonne pas. Elle a exactement le même âge que la salope qui m'a porté.

– Tu devrais arrêter d'insulter cette femme, tu sais? Tu sais pas par quoi elle est passée. Tu sais même pas si elle t'a eu après un viol.

– Elle n'a pas seulement voulu m'abandonner Joseph. Elle a voulu me tuer.

– Dis pas ça.

– Elle m'a balancé dans une décharge Joseph. Pour elle je n'étais qu'une belle petite ordure. Elle voulait que je me dégrade, que je pourrisse. Je n'étais même pas digne d'un orphelinat ou d'un simple panier devant une porte. Un tas d'ordures Joseph, un tas d'ordures. Elle aurait mieux fait d'avorter.

– Je suis désolé.

– Maintenant regarde un peu ce que je suis devenu. Une belle petite merde. Je suis même pas foutu de garder la femme que j'aime.

– Tu as juste voulu la protéger.

– Arrêtez tous de me chanter le même refrain!... Est-ce que vos mots vont réparer ce que j'ai fait? Tu n'as pas idée de ce qu'elle pense de moi désormais... Elle aurait préféré ne jamais me connaître. Mieux, que je ne naisse carrément pas. Tu sais, pour une fois, avec elle j'avais l'impression que Dieu s'était souvenu de moi. Mais j'ai fini par comprendre que c'était un autre de ses coups foireux pour me mettre à mal. Mais il ne perd rien pour attendre. Cette fois-ci, il aura tort.

– Je suis pas très croyant Rayan. Par contre, je suis pas certain que le vieux barbu apprécierait que tu lui parles comme ça.

– Eh bien qu'il aille se faire foutre pour une fois. Et qu'il nous laisse vivre, qu'il me laisse enfin respirer. Si c'était pour me faire souffrir, pourquoi me laisser naître? En fait, c'est un vrai sadique ce gars.

– Tu trouves pas que tu vas un peu loin quand-même?

– Tu voudrais que je te rappelle toutes les conneries que t'as dites sur Dieu un jour? Crois-moi, tu vas adorer te rappeler.

– Ça va, calme-toi. Pfff... T'as une idée pour la femme du ministre?

– Absolument rien. J'ai l'impression d'être une vierge devant sa première teub.

– Waouh... J'avoue que l'image est assez... explicite.

– Comment ferais-tu pour te débarasser de la femme d'un ministre sans t'attirer la foudre dessus?

– Eh bien, c'est assez complexe. Parce qu'elle n'est pas la seule concernée. Je parie que le ministre n'a pas envie de porter le scandale sur sa tête alors il ne risque pas de te remercier. On en déduit que la seule solution, c'est de tuer la femme du ministre et le ministre lui-même.

– Joseph...

– C'est pas pour jouer les sorciers Rayan. Mais t'es grave dans la merde. Et si tu veux t'en sortir, t'as intérêt à échafauder un plan sans failles. Sinon y a pas que toi qui seras en danger. Raphaëlle aussi.

Dr DJENGUÈ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant