Chapitre 45: seule au monde.

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Dehors, le vent coiffait les fleurs du jardin et le gardien avait fini par s'endormir.

Raphaëlle n'avait pas de chien, elle détestait les bêtes vives, surtout quand elles bruissaient. De toute manière, il en aurait fallu pour escalader les murs de cette demeure. Il y avait des pointes électriques partout, même au dessus des portails.

Romann n'était pas à la maison ce soir. Les enfants d'Auriane l'avaient kidnappé pour la nuit. Et l'air de rien, ils s'entendaient à merveille depuis qu'ils avaient compris qu'ils étaient tous surdoués.

Soudain, la sonnerie fit sursauter le portier. Et en identifiant la visiteuse dans l'interphone, il consulta aussitôt sa patronne.

Le cœur de Raphaëlle tressauta. Il était à peine 21 heures. La cuisine était vaste et pourtant elle avait soudainement l'impression d'étouffer.

– Ça va? Lui demanda Rayan.

– C'est elle.

– Elle?

– Ma jumelle.

Si Raphaëlle était venue au monde en couple, son alter égo ne lui ressemblait en rien. Elles étaient presque l'opposé l'une de l'autre. Clémence était claire, svelte avec un minois de bébé. Bien souvent, les gens la prenaient pour la petite-sœur. Une confusion dont elle ne s'était jamais gênée de tirer profit.

Rayan descendit de son tabouret et serra Raphaëlle par la taille.

– Tu n'es pas obligée de lui parler, tu le sais ça. Mais... Il serait peut-être temps que tu libères toute cette haine. Regarde comment tu trembles.

– J'ai rien à lui dire.

– Au contraire, retourne-toi... Regarde-moi... Même si c'est ta colère que tu vas exprimer, il faut que tu lui dises.

Raphaëlle éclata en sanglots.

– Je... Je comprends pas pourquoi elle me hait autant. J'ai pourtant tout fait pour me rapprocher d'elle. J'étais pas une sœur parfaite. Mais Clémence semblait me voir comme un ennemi.

– Voilà les choses que tu dois lui dire. À elle, pas à moi

– Tu veux que je pleure devant elle? Elle va juste s'en délecter.

– Non Raphaëlle, je veux que tu essaies au moins de l'écouter. Tu te rappelles hier, quand tu as ramené ce couple chez moi...

– C'était pas pareil.

– Peut-être pas mais c'était pas si différent non plus.

– T'as pas l'air de comprendre, elle a...

«Madame, elle demande à vous parler directement dans l'interphone.»

Elle posa un regard interrogateur sur Rayan qui hocha aussitôt la tête. Elle se connecta alors au portail.

– Allô...

Clémence souffla et répondit d'une voix étranglée.

«Pardonne-moi Raphaëlle... S'il te plaît.»

– Qu'est-ce que tu veux encore cette fois-ci? T'en n'as pas marre pour une fois?

«Je te promets que je suis sincère.»

– Tu as dit ça la dernière fois et celle d'avant aussi. Et même celle...

«Oui je sais... Je sais que j'ai été une vraie garce, un monstre. J'ai été la pire chose dans ta vie j'ai... J'ai pas été une sœur digne de ce nom mais... S'il te plaît, au nom du sang, au nom de nos parents, laisse-moi entrer.»

Dr DJENGUÈ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant