Lumière tamisée, pétales de rose à même le sol et le lit, Marvin Gaye en fond sonore. Rayan avait tout préparé pour passer une nuit romantique avec sa fiancée. Mais à sa grand surprise, elle avait l'air ailleurs.
– Chérie?
Elle sursauta.
– Ça va?
– Euh oui, oui ça va.
– Pourquoi tu me mens Raphaëlle?
– Je te mens pas, c'est juste... Tu sais que je t'aime, n'est-ce pas?
– Et je me lasse jamais de te l'entendre dire.
– Je... Je ferais jamais rien pour te nuire, tu le sais ça au moins.
– Raphaëlle, qu'est-ce qu'il y a?
Elle ravala sa salive puis lui fit face. Vêtue de la lingerie qu'il avait spécialement achetée pour cette soirée, elle semblait tout sauf d'humeur coquine.
– Tu... est-ce que ça te dirait de...
– Quoi?... Est-ce ça me dirait de quoi Raphaëlle?... Raphaëlle...
– Non laisse tomber.
– Chérie, tu sais que tu peux me parler de tout. On n'a pas de secrets tous les deux. Tu le sais?
À ces mots, Raphaëlle se sentit encore plus minable. Elle déglutit en se demandant si elle devait lâcher le morceau.
– Oui je sais, finit-elle par répondre.
– Alors vas-y je t'écoute.
– Est-ce que... est-ce qu'on peut en parler plus tard s'il te plaît? Là j'ai pas... j'ai plus très envie.
– Tu en sûre? Ça ne me gêne pas d'attendre même si ça fait un moment qu'on a fait l'amour.
– Oui j'en suis sûre.
– Écoute Raphaëlle si...
– Je t'ai dit que j'en suis sûre chéri. C'est bon... S'il te plaît, passons à autre chose.
À contre cœur, Rayan respecta la volonté de sa fiancée. Elle s'approcha un peu plus de lui, l'allongea et s'assit à califourchon sur ses hanches. Très vite, elle n'eut aucun mal à faire oublier cette discussion dérangeante au jeune homme. Ce dernier ne se perdit pas seulement dans les lignes de son cou mais aussi dans tous les petits creux de son corps. Il s'agrippait volontiers à ses bourrelets et laissait les gémissements guider ses mouvements. De fil en aiguille, les deux amoureux se retrouvèrent allongés face à face. Et malgré la fatigue qui pesait sur ses yeux, Rayan trouva la force de remettre le sujet sur la table.
– Alors?
– Alors... quoi?
– Cette fameuse chose importante dont tu voulais me parler.
– Chéri je...
– N'essaie même pas de me dissuader d'en parler Raphaëlle. Pour que tu en arrives à en parler alors qu'on s'apprêtait à faire l'amour, ça devait vraiment être important.
Elle souffla.
– Allez maamour, n'aie pas peur. Tu sais très bien que je suis là pour toi. Peu importe ce que c'est, on peut en parler tous les deux.
– Je sais pas Rayan... J'ai peur de toucher une corde sensible.
– Alors touche-la. Tant que tu ne la rompts pas, tout va bien, non?
Elle hésita un moment puis se décida à tenter le coup.
– Ta... ta mère...
Surpris, Rayan fit tout de même l'effort de ne pas laisser paraître son émotion. S'il avait autant insisté pour qu'elle parle, ce n'était sûrement pas pour prendre le risque de tout foutre en l'air.
– Poursuis chérie, je suis tout ouïe.
– Est-ce que... est-ce que ça t'arrive jamais de vouloir la rencontrer?
– Ma mère biologique tu veux dire.
– Hm hm, acquiesça-t-elle.
– 'Bien, à une époque, quand j'étais encore plus jeune, ça m'est souvent arrivé. Mais... j'ai arrêté au fil du temps. Tout ce que je ressens pour elle maintenant, c'est du dégoût et du mépris.
– Et tu n'as pas envie de lui pardonner? De tourner la page une bonne fois pour toute?
– La page est déjà tournée Raphaëlle.
– Vraiment? Et pourtant regarde le parcours que tu as eu jusque là avec toutes ces mères de famille, ces épouses, ces veuves. Tu n'en es pas fier, tu me l'as souvent dit. Mais si tu ne règles pas le problème de fond, comment peux-tu être vraiment sûr que tu as tourné la page?
– Puisque je te le dis Raphaëlle que la page est tournée, c'est qu'elle l'est.
– Mais...
– Raphaëlle, l'interrompit-il durement. Je sais que c'est moi qui ai insisté pour que tu dises ce que tu as sur le cœur. Mais là c'est bon, d'accord? Je ne veux plus jamais avoir à faire quoi que ce soit avec cette femme. Ni de près ni de loin. Et je n'ai pas besoin d'elle pour avancer ou pour tourner quelque page que ce soit dans ma vie. Est-ce que tu comprends?
Elle souffla et opina de la tête.
– Bien, conclut-il. Maintenant laisse-moi dormir, il faut bien que je récupère toute l'énergie que tu m'as fait dépenser.
Elle répondit par un sourire innocent et repositionna sa tête sur le matelas. En le regardant tomber dans les bras de Morphée, elle se laissa traverser par une horde de pensées. Elle aurait tellement aimé qu'il soit mis au courant de toute cette histoire. Mais avec les réponses qu'il lui avait servies, elle accepta qu'elle n'avait aucune chance de le convaincre. Elle orna alors son bras de papouilles jusqu'à ce qu'il soit complètement endormi.
La doctoresse quitta ensuite le lit et prit une douche dans la salle de bains. Face à la glace de l'armoire à pharmacie, elle se donna du courage pour une dernière fois. Il allait sans doute s'en rendre compte mais elle s'en occuperait plus tard. Elle récupéra la brosse à dents de Rayan et la glissa dans le sachet scellé de laboratoire. Elle souffla une fois de plus et baissa la tête. Elle avait cette horrible sensation de tromper son homme. Et surtout, elle craignait que cela soit inutile si jamais le test s'avérait négatif. Allait-elle devoir garder indéfiniment ce secret?
Elle se rhabilla dans le silence et laissa un petit mot sur la table de chevet avant de s'en aller: Enfin tu es réveillé petite marmotte. Je t'aime comme personne. À demain. Je t'embrasse de partout.
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Dr DJENGUÈ
RomanceUn gigolo est pris à son propre piège lorsque son meilleur ami le pousse à fréquenter une femme qui sort du lot de ses clientes habituelles: le Docteur DJENGUE Raphaëlle. Une veuve qui n'aurait jamais pensé avoir ce genre de fréquentations. Une femm...