Arrêtée devant la cabine de son fils, Raphaëlle hésita quelques secondes avant de faire son entrée. Auriane y était assise, près de Romann.
– Regarde qui est là Romy. T'aurais pas quelque chose à dire?
– Je te demande pardon maman.
Raphaëlle avança et posa son sac.
– Tu le penses vraiment?
– J'avoue... J'avoue que papa me manque souvent. Mais... toi tu es là... Je t'aime maman, je voulais pas t'offenser. Enfin si, mais seulement pour que tu me laisses y aller. Pas pour que tu sois triste.
– Écoute mon chéri, on va faire ceci. Une fois que tu seras au collège, on va te faire sauter une classe pour rattraper le temps perdu.
– Pourquoi pas deux? Comme ça je pourrai les devancer à mon tour.
– Ha ha, t'es ambitieux mais on verra bien avec le temps. Pour le moment, on s'entend sur une. D'accord?
– D'accord.
– Ça mérite un bisou tout ça, intervint Auriane.
Raphaëlle réchauffa le front de son fils qui en fit autant avec elle. Et après cette merveilleuse réconciliation, les deux copines sortirent discuter un instant.
– Ça te dit qu'on aille au réfectoire? J'ai une faim de louve. Et puis je parie que toi t'as pas encore petit-déjeuné.
– Tu te fous de moi là? Tu sais très bien que j'ai toujours détesté leur bouffe.
– Ah toi et ta fine bouche alors. Tu n'as toujours pas changé après plus de vingt ans.
– Je t'accompagne si tu veux. Mais ne t'attends pas à ce que je mange.
– T'auras qu'à prendre un jus au moins.
– Ça par contre, ça ne me gêne pas.
– Alors, il va comment Rayan?
– Oh ça va. Il avait l'air en forme.
– L'air?
– On n'a toujours pas de scanner alors pas de conclusion hâtive. Et comme le volet thoracique est postérieur, on n'a pas à trop s'alarmer.
– Eh ben j'espère qu'ils trouveront rien à la TDM.
– Oui, on croise les doigts. Fallait voir un peu l'interne qui s'occupe de son lit.
– Comment ça? Les petites voleuses de mari là, je vais...
– Respire Auriane. Elle est super belle, c'est vrai. Mais c'est plus sa ressemblance avec Ray qui m'a fait tiquer.
– Comment ça sa ressemblance?
– Bah leurs traits du visage étaient assez proches. Surtout le nez.
– Hmmm... Très intéressant.
– À quoi tu penses petite magouilleuse?
– Bah... La mère de Rayan, je veux dire la biologique, elle a forcément eu des enfants après lui, non?
– Tu crois? Sans vouloir juger, on n'abandonne pas un gosse pour en faire un autre.
– Bah pourquoi pas? Tout est une question de circonstances. Si ça se trouve, elle ne se sentait pas en mesure de s'occuper d'un gosse à l'époque. Mais... fallait voir un peu comment la jeune fille était tirée à quatre épingles. Elle a pas l'air d'une fille qui a été élevée dans un quartier perdu de Lokossa.
– Bah qui te dit que la mère de Ray n'a pas trouvé un richissime homme d'affaires entre temps? Après tout, Rayan n'a plus jamais eu de nouvelles d'elle. Et d'après ce qu'il a dit, elle était connue pour sa légendaire beauté. Les hommes riches aiment les femmes avec lesquelles ils peuvent se la péter en public. Si ça se trouve d'ailleurs, cette femme avait dû faire un choix entre une vie au quartier Jak et son fils.
Elles s'arrêtèrent devant le comptoir.
– Bonjour, je prendrai du pain avec deux omelettes s'il vous plaît. Avec une tasse de thé.
– La totalité du pain?
– Non, la moitié ça ira.
Elles choisirent une table où s'installer.
– Tu ne prends plus ton jus?
– Flemme de me relever. Je le prendrai en partant.
– Raphaëlle, t'as rien mangé et il est bientôt neuf heures.
– On dirait que t'as oublié à qui tu parles.
– Laissez-moi rire. La go qui pouvait aller garder affamée. Mais moi je te le dis, ton corps va prendre sa revanche un de ces jours.
– Qu'il fasse donc.
– Finalement les parents d'Akyran ne portent plus plainte. Ma mère a réussi à les calmer.
– Cool alors. J'espère vraiment qu'ils vont s'en remettre. Je ne m'imagine pas une seconde à leur place.
– Ah moi si hein. Tu aurais soulevé tout l'hôpital sur ta tête. T'aurais dû voir ta tronche hier. Je me suis retenue pour ne pas rire.
– Mais t'es une vraie sorcière toi.
– Bah pas tant que ça non plus. Je savais que Romy allait bien alors...
– Parlant de lui, merci pour ton aide. T'as été géniale.
– Mais pas de quoi hein. Il faut bien quelqu'un pour fesser ce petit morpion.
– Hm... Sinon, ils vont comment les tiens?
– Oh comme d'habitude hein. À merveille.
– Et... ton mari?
– Ah me regarde pas comme ça Raph. Quand tu commences, on sait là où ça va finir.
– Mais j'ai...
– Tu vas me demander si on gère encore bien ce mariage "étrange". Et patati et patata. Mais tu sais quoi, voilà ce qu'on va faire pour que tu me colles la paix. Une fois que ton fiancé sera sorti d'ici, on organise un dîner à quatre. Et tu pourras en juger par toi-même. Isaac est toujours aussi snobe et aussi inexpressif qu'il y a vingt ans. Mais est-ce qu'on s'aime toujours autant? Non, on s'aime encore plus. Et tu sais grâce à quoi? Grâce à ce mariage hors-pair.
– Eh bien. Merci pour les détails. Ça donne envie de le revoir.
– Eh bien tu seras servie.
– C'était du sarcasme Auriane.
– Tu seras servie quand-même.
Elles discutèrent jusqu'à ce que Auriane finisse avec son plat. Et au moment de partir, Raphaëlle n'oublia pas son jus de pomme.
– C'est quoi le nom de l'interne déjà?
– Auriane, qu'est-ce que tu trames?
– Absolument rien. Et même si je tramais quelque chose, vaut mieux pas que tu sois au courant. Rayan te le pardonnerait jamais. Alors, ce nom, il vient ou pas?
– J'espère que tu sais ce que tu fais Auriane.
– T'en fais pas. Je ferai rien de vilain.
– Mélodie Ogoubiyi.
– C'est joli comme identité. Et en plus ça sonne raffiné. Ça me rappelle d'ailleurs quelqu'un qu'on connaît toutes les deux.
– Hm... Je vois pas de quoi tu parles.
– Voyons Raphaëlle, réfléchis un peu plus, "le tombeur de ces étudiantes".
– Non Auriane tu... Tu penses pas sérieusement que...
– Bah on verra bien ce que donnent les recherches, non? Allez vas t'occuper de tes deux maris. Moi je vais faire un tour au bureau. On se voit plus tard. Et pitié, mange à midi. D'ailleurs je viendrai te chercher.
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Dr DJENGUÈ
RomanceUn gigolo est pris à son propre piège lorsque son meilleur ami le pousse à fréquenter une femme qui sort du lot de ses clientes habituelles: le Docteur DJENGUE Raphaëlle. Une veuve qui n'aurait jamais pensé avoir ce genre de fréquentations. Une femm...