Blouse blanche [BxB]

Prologue

La soirée avait été mauvaise. Dylan m'avait pris la tête. Ma mère m'avait pris la tête. Le monde entier semblait vouloir aller contre moi. Je claquai la porte de mon casier qui se rouvrit brusquement pour aller cogner sur celui d'à côté. Je le refermai doucement avant de poser ma tête contre. Je soupirai. Il fallait que je me ressaisisse. J'enfilai ma blouse, soupirai à chacune des pressions que je fermais.

Sophie sourit en me voyant, une barquette de carottes râpées à la main, une fourchette en plastique dans l'autre, qu'elle agita dans ma direction. Son sourire se fana en constatant mon humeur massacrante.

"Ta soirée n'a de toute évidence pas été bonne."

Je grognai en allumant la machine à café posée en équilibre sur le bord de l'évier. Je fis couler un expresso dans un gobelet en carton.

"De la merde, je lui répondis. Il me prend pour un con et oses faire une scène quand je lui reproche d'arriver une heure en retard. "Sa meuf ne voulait pas le lâcher"."

Sophie m'offrit un regard ahuri. Elle posa brutalement sa barquette, éclaboussant la table de vinaigrette à la ciboulette. Je me tassai dans le fond de ma chaise.

"Attends. Attends... Attends ! Répéta-t-elle. Il ne l'a toujours pas quittée ?! Mon chou ça fait combien de temps qu'il te fait courir, six mois ? Sept mois ?"

Un an. Je plaquais mes mains sur mon visage en sentant les larmes me monter aux yeux. Stupide que j'étais, bien sûr que j'y avais cru à toutes ses belles promesses, cachés dans l'intimité de mon appartement. Parce qu'on ne pouvait pas se voir dehors, parce qu'on ne pouvait pas aller au resto ni au cinéma. Parce qu'on ne pouvait pas partir en vacances ni même en week-end. Mais bien sûr qu'il allait la quitter cette meuf, parce que c'est avec moi qu'il était le mieux. Mais c'était compliqué, je devais bien comprendre, moi qui n'osais pas non plus en parler à ma famille. Bien sûr que j'y avais cru quand il avait pris mes mains au fond du couloir, à la fin d'une soirée, qu'il m'avait embrassé.

J'inhalais longuement, le visage caché dans les paumes de mes mains. Sophie posa sa main sur les miennes. Elle avait la peau froide.

"Allez te mets pas dans des états comme ça. Il n'en vaut pas la peine. Tu vaux mieux que ça. Concentre-toi sur le boulot."

J'acquiesçai sans la regarder. Je soufflai, me secouai puis avalai mon café d'une traite. Satisfaite, elle sourit puis me tendit un dossier.

"Tiens, un p'tit nouveau, ça va te changer les idées. Prépare-toi, on m'a dit que c'était un sacré."