Chapitre 31

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Je pleurai le temps du trajet jusque chez moi. Dans un rire un peu fou, je me garai dans le parking souterrain de l'immeuble. Je restai là, à fixer le mur de béton, le numéro de mon appartement peint vulgairement en jaune. Je faisais, je crois, une crise d'angoisse, toute la pression retombant si brutalement qu'elle était montée. Mes mains moites refusaient de lâcher le volant alors que tous mes muscles tremblaient comme après un trop grand effort.

Je soufflai et sortis de l'habitacle avant de craquer et d'attraper le seul et unique paquet de clopes qui trônait au fond de ma boîte à gants. L'atmosphère silencieuse du garage, puis de l'ascenseur jusqu'à celle du couloir de l'entrée de l'appartement me réconfortèrent. J'avais ravalé mes cris, ma colère pour ne garder à l'esprit plus que son visage triste de mon désespoir. Je l'avais quitté rempli de larmes encore en lui promettant de revenir le lendemain le voir, comme un visiteur cette fois.

Je me délestai de mes vêtements tout le long du couloir qui menait à la salle de bains. Je me sentais ridicule, lourd ; comme si quelque chose refusait de quitter mon corps, de se défaire de ma peau. Alors j'entrai dans la cabine, laissant l'eau si chaude qu'elle dessinait de grandes plaques rouges sur ma peau. Je ne me lavais pas, j'attendais. J'attendais un miracle.

Je me laissai tomber contre la paroi en carrelage de la douche. Je m'étais fait exclure définitivement du lycée une fois. Une décision stupide qui avait été suivie d'un conseil de discipline catastrophique où ma mère m'avait regardé du coin de l'œil tout du long, bouillante de colère contre moi. Un excès de rage qui m'avait coûté bien trop cher. Mais je ne regrettais toujours qu'après, alors que je rejouais dans ma tête la scène, me demandant pourquoi j'avais dit ou fait cela.

Puis je repensai à Brahim. A Brahim et ses yeux couleur de nuit qui m'y dessinaient des étoiles, à sa peau à la couleur du sable au soleil, ses boucles aux reflets incomparables qui engloutissaient mes doigts. Je repensais à ses lèvres contre les miennes qui m'embrassaient avec une fougue humide dans la piscine, son corps pressé contre le mien. La fermeté et la rondeur de ses cuisses sous mes paumes, la dureté de son torse qui se plaquait contre le mien, ses doigts dans ma nuque, dans mon dos, sur mes reins. Je m'imaginai le toucher encore, le toucher plus, le toucher partout où mon esprit se plaisait de l'imaginer. Je pouvais lui faire pincer les lèvres en chatouillant ses flancs, ouvrir grand ses yeux en pinçant sa peau puis glisser ma main sous le tissu mouillé de ce maillot de bain ridicule et minuscule qui me cachait le trésor de son intimité.

Mon souffle se coupa, mon crâne heurta le mur derrière moi. Ma main remonta jusqu'à ma gorge que je serrai à peine tandis que la frénésie de l'orgasme naissant me fit me mouvoir plus vite. Et s'il ne m'avait pas arrêté ? J'aurais pu le prendre contre le mur de la piscine, ses cuisses serrées autour de ma taille, ou le penchant vers l'avant alors qu'il se tenait au rebord. J'aurais pu mordre sa nuque, le retenir de s'écrouler d'une main dans ses boucles tendres. Il aurait pu murmurer mon nom dans l'écho de la piscine pour me le faire paraître comme un cri amoindri. J'aurais pu lui faire ressentir des choses oubliées, lui faire reprendre conscience de son corps et des merveilles qui y sont liées. Il m'aurait supplié de ne pas m'arrêter et j'aurais juré, le souffle haché, de ne jamais cesser.

Mes yeux se fermèrent une seconde, papillonnant sur le jet d'eau au-dessus de ma tête qui devenait une cascade hypnotisante. Mon dos se cambra, je mordis ma lèvre alors que mes doigts se couvrirent de semence brûlante.

Finalement, ça ne pouvait pas être une mauvaise chose. L'erreur n'a pas ce gout d'euphorie.  

Blouse blanche [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant