Chapitre 12

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J'aimais l'ambiance calme du matin, très tôt. Les couloirs étaient déserts, les chambres silencieuses. Je croisais mon reflet dans une vitre, exaspéré. J'avais la mine défaite, l'oeil cerné et l'air minable. Je n'avais pas fermé les yeux de la nuit, me retournant sans cesse dans mes draps propres.

La porte de sa chambre était ouverte, les lumières allumées.

"J'attrape une serviette et je vous aide à sortir."

Je restais à l'entrée de la chambre, me balançant d'un pied à l'autre. Il y eut un bruit dans la salle de bains, puis une infirmière sortit de la pièce.

"Dieg ?

_ Tiens, Marguerite ! Grinçais-je.

_ Qu'est-ce que tu fais là ?

_ Je viens voir mon patient."

Elle haussa un sourcil, déroutée. Ses bras étaient mouillés jusqu'aux coudes.

"Tu sais qu'il est sept heures quarante-deux ? Du matin ? Hésita-t-elle après avoir regardé sa montre de poche.

_ Je sais."

Elle me regarda avec insistance, de mes baskets à ma blouse.

"Tu fais de la rééducation aussi tôt ?

_ C'est mieux pour les muscles, lâchais-je."

Je ne manquais pas le rire étouffé de l'autre côté de la porte.

"Ok... je termine de l'habiller et il est à toi.

_ Cool, murmurais-je."

Elle se saisit du pantalon posé sur le bord du lit, le déplia. Elle m'adressa un dernier regard suspect avant de retourner dans la salle de bains.

Je pestai contre moi-même, me frappant le front du plat de ma main.


Le parc était vide, il faisait à peine froid. Il avait passé une lourde écharpe de grosses mailles grises dans laquelle il avait enfouie e bas de son visage. Il portait un jean, révélant son long corps mince.

Je m'étais assis sur un banc, son fauteuil à côté. Je regardais son visage levé vers le ciel bleu, ses yeux fermés. Ses cils incroyablement longs, sombres qui s'accordaient à sa peau caramel. Ses sourcils bien dessinés qui lui donnaient son regard sévère.

Je triturai mes doigts.

"Merci, finit-il par chuchoter.

_ De rien."

Il rouvrit les yeux pour se tourner vers moi, intrigué. Le soleil rayonnait dans ses yeux, l'obligeant à les plisser pour le voir.

"Ça te gêne de m'avoir emmené dehors ? Tu n'as pas le droit ?

_ Si j'ai le droit. Et non ça ne me gêne pas, pourquoi ?

_ T'es bizarre."

Je haussai les épaules en mordant mes lèvres. Je tirai les manches de mon pull sous ma blouse, en proie au vent, je frissonnai. Il regardait mes mains.

"C'est rien, finis-je par dire."

Il souffla.

"Bah merde, je crois que je préfère quand tu me sors tes phrases de merde. On n'est pas bien là ? Il fait beau, on est dehors. Ca fait des semaines que j'y pensais."

Je baissai la tête, honteux et le ventre lourd. Je lui gâchais un moment qu'il attendait depuis longtemps.

"C'est juste une question qui me perturbe.

Blouse blanche [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant